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Freiné par la grippe aviaire, Terrena montre sa bonne résistance

Le groupe coopératif a vu ses résultats progresser en 2021 pour la troisième année consécutive. Il compte sur l’accélération de la mise en œuvre de son projet Terrena 2030 pour résister à un contexte perturbé.

Olivier Chaillou, président de Terrena, et Alain Le Floch, directeur général, ont présenté le 3 mai à la presse les résultats 2021 du groupe coopératif dans les locaux du siège social d’Ancenis (44). Un exercice qualifié de «satisfaisant», qui a vu le groupe améliorer pour la troisième année consécutive ses résultats financiers.

 

 

Au-delà du chiffre d’affaires, qui a symboliquement dépassé la barre des 5 milliards d’euros, la nouvelle progression de l’Ebitda du groupe, à 137 millions d’euros (+ 24 M€ sur 2020), est plus significative. Ce résultat a dépassé le prévisionnel, avec une dynamique généralisée à l’ensemble du groupe. «95 % de nos activités ont progressé. Un certain nombre de plans d’action initiés ces dernières années commencent à porter leurs fruits», souligne Alain Le Floch.

Redressement d'Elivia

Les filières carnées ont particulièrement été performantes. En viande bovine, Elivia a poursuivi son redressement avec un Ebitda en croissance de 17 %. Pour le pôle volailles Galliance (qui pèse 1 milliard de CA), la progression atteint 127 % ! Une dynamique expliquée par l’amélioration de la maîtrise opérationnelle des outils et la bonne performance des produits à valeur ajoutée, les volailles bio de Bodin comme les produits élaborés à la marque Père Dodu. Cette bonne santé globale rejaillit sur le résultat net du groupe, qui atteint 12,5 M€, en progression de 10,4 M€ sur l’exercice précédent.

S’agissant de la coopérative, qui tiendra son assemblée générale à Angers le 31 mai, le CA 2021 s’établit à 1,825 milliard d’euros et le résultat net à 1,8 million. L’exercice a été marqué par les bonnes performances de l’activité approvisionnement et distribution, des semences également. La récolte céréalière de l’été 2020, assez faible, a été pénalisante, tout comme la transformation majeure de l’activité maraîchage. 26 producteurs Terrena ont en effet rejoint au 1er janvier 2022 les 47 producteurs de la coopérative Océane, une opération synonyme de coûts pour la coopérative ancenienne.

Premiers succès pour Terrena 2030

L’année 2021 a été celle de la mise en route du projet Terrena 2030, présenté lors de l’AG 2021 et issu de la grande consultation des 20 500 adhérents de la coopérative. Egalement celle «des premiers succès», a insisté Olivier Chaillou.

Terrena a initié plusieurs chantiers pour renforcer la proximité avec ses agriculteurs et sa réactivité. Une nouvelle enseigne, Terrena Pro, tournée vers les agriculteurs mais aussi ouverte aux particuliers, a vu le jour. Onze magasins existants ont été transformés en 2021 avec à terme la volonté d’en compter soixante-dix dans l’Ouest. Afin de se rapprocher de ses adhérents, la coopérative a renforcé l’autonomie et la capacité de décision de ses 400 conseillers terrain. La nouvelle organisation mise en place, avec un découpage en quinze bassins de développement contre cinq territoires auparavant, apporte de la proximité et de la cohérence. Terrena a enfin mis en ligne un site de e-commerce pour ses adhérents, avec un objectif de proposer 10 000 références (produits et matériel professionnel) à la fin de l’année.

Filières différenciées et contractualisation

La valorisation des productions des adhérents est un axe majeur de Terrena 2030. La contractualisation s’est poursuivie en 2021 sur les différentes filières, avec 59 % des productions des adhérents directement commercialisées par les filiales ou les participations de la coopérative. Sur les bovins, Terrena a récemment renouvelé son partenariat avec Système U et Elivia, et souhaite passer de 30 à 50 % de contractualisation. Les filières différenciées ont par ailleurs poursuivi leur dynamique en 2021. La marque La Nouvelle Agriculture a développé 61 M€ de CA (+ 19 %), dont 7 M€ sur la nouvelle gamme œufs, au succès prometteur.

Un CA en bio en hausse

Le CA en bio s’est établi à 138 M€, en hausse de 24 %. Le tassement de la consommation bio en 2022 ne génère pas trop d’inquiétudes à ce stade. «On considère que c’est un palier, on reste ambitieux sur le développement du bio», indique Olivier Chaillou.

Avec le groupe Avril, Terrena a entamé en 2020 la structuration d’une filière de protéines végétales bio 100 % françaises. En près de deux ans, l’outil de trituration d’Oleosyn Bio a valorisé en huile et tourteaux 60 000 tonnes de graines de tournesol et de colza bio produites en proximité par 160 adhérents de la coopérative.

110 millions investis en 2021

Le groupe Terrena a investi 110 millions d’euros l’an dernier, soit 28 millions de plus qu’en 2020. Il s’est notamment doté d’une nouvelle ligne de steak haché surgelé Elivia à Villers-Bocage (14) et a réorganisé les flux de son outil de découpe et conditionnement de poulets à Nueil-les-Aubiers (79). Le site de nutrition animale de Teillé (49) bénéficie désormais d’un traitement thermique pour sa production bio. Côté digital, les sociétaires auront accès en juin à un nouvel intranet plus ergonomique.

Volailles : pas de retour à la normale avant fin 2022

L’actualité et la concomitance des crises ont occupé une large part du point presse. Terrena souffre comme tous les acteurs économiques de la hausse des prix généralisée sur les emballages, le transport maritime, les énergies… Des effets que la coopérative a pu atténuer en prenant «très tôt des mesures de couverture de nos achats d’intrants et d’énergie», révèle Alain Le Floch. L’impact est plus impressionnant sur le front de la grippe aviaire, qui touche pour la première fois de façon massive Terrena sur son territoire. Si le rythme des contaminations ralentit, près de 900 éleveurs de la coopérative ont déjà été touchés. Terrena a vite débloqué 15 M€ de trésorerie pour leur venir en aide.

La crise atteint aujourd’hui les abattoirs : cinq ont vu leur capacité de production réduite à 30 – 40 % la semaine dernière et seront bientôt à 20 – 30 %. 1 600 salariés des abattoirs et des ateliers de découpe sont en activité partielle et Terrena propose à ceux qui veulent travailler à temps plein 200 emplois au sein du groupe. Compte tenu de l’évolution de l’épidémie, de la disponibilité de la génétique et du rythme de désinfection des bâtiments, Terrena n’envisage pas un retour à la pleine activité avant la fin 2022. Cette situation incertaine n’empêchera pas la mise en route à l’automne 2022 du nouvel abattoir Galliance d’Ancenis, un investissement de 43 M€ destiné aux productions sous label et bio.

Une trajectoire «décalée»  

En dépit de ces crises et des tensions commerciales qu’elles génèrent, les dirigeants de Terrena restent confiants dans leur modèle, sa résilience, et dans les choix opérés dans le cadre du projet Terrena 2030. Les investissements prévus en 2022 n’ont été que marginalement réduits, une stratégie permise par le faible endettement du groupe. «Notre performance 2022 sera dégradée mais nos fondamentaux restent inchangés, nous ne remettons pas en cause notre trajectoire, elle est juste décalée», conclut Alain Le Floch.

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