Mutual Audit est un cabinet de conseils et d’audits, installé à Vannes, qui réalise entre autres des audits fournisseurs, proposant notamment de les mutualiser. Fabrice Rivaille en est président-fondateur. Pour l’étranger, le cabinet missionne des auditeurs indépendants français et travaille avec le British Standards Institution.
Les achats à l’étranger exposent-ils davantage au risque de fraude ?
Fabrice Rivaille - Plus la chaîne d’approvisionnement est complexe, plus il est difficile de tracer la filière. Tous les courtiers travaillant avec l’étranger ne vérifient pas systématiquement leurs chaînes de fournisseurs. Oui, nombreux sont ceux qui ont la certification IFS Brokers, mais la profession a encore des progrès à faire.
Parfois, on a affaire à une usine fantôme. Nous sommes tombés en Thaïlande sur un cas d’usine de crevettes séchées qui n’existait pas, alors qu’un conteneur était prêt à prendre la mer…
Il faut prendre en considération qu’une certification IFS n’est pas aussi fiable d’un pays à l’autre, que de toute façon elle ne garantit pas la qualité du produit ni la régularité. La législation bio ou à l’égard de certains résidus comme l’oxyde d’éthylène varie d’un pays à l’autre. L’Inde, les continents asiatique et africain sont des régions à risque, mais il existe aussi des fraudeurs sur le sol européen. Prenons le cas de l’huile d’olive qui est un produit à risque. Toutefois, on peut être agréablement surpris ; nous avons découvert en Roumanie, pays a priori à risque, un fournisseur, certifié IFS et irréprochable.
Comment travaillez-vous à l’étranger et combien cela coûte-t-il ?
Fabrice Rivaille - On nous sollicite par exemple pour valider la filière du soja bio en provenance d’Afrique. Pour vérifier l’origine véritablement biologique d’un soja, nous retraçons tout le processus jusqu’au fermier. Nos auditeurs vérifient l’importateur, les distributeurs de soja, les revendeurs que sont les coopératives ou les négociants et, enfin, les fermes où le soja est cultivé, quels sont les cahiers de charges et si ces derniers sont suivis par l’agriculteur ; nous demandons aussi des analyses. Prendre au hasard quatre ou cinq producteurs sur une centaine, c’est déjà très bien.
Des missions à l’étranger peuvent coûter plusieurs milliers d’euros, par exemple, pour aller auditer une filière au Bénin. Un coût qui devient supportable si les syndicats y participent ou si plusieurs entreprises concurrentes acceptent de cofinancer un audit.
Quelles sont les pistes explorées pour se prémunir de mauvais achats à l’étranger ?
Fabrice Rivaille - L’entreprise acheteuse doit avoir un « plan de prévention ». Mais des réflexes simples sont déjà utiles, comme se méfier d’un prix anormalement bas, d’une raison sociale étrangère au pays d’importation, et se renseigner sur Internet au sujet d’un fournisseur potentiel. On vérifie s’il n’a pas déjà été mis en cause. S’il a perdu son agrément ou sa certification, quelles sont les causes ?
La digitalisation améliore fortement la capacité des entreprises à évaluer leurs fournisseurs et à partager en interne les informations sur les achats. Mutual Audit va bientôt proposer aux entreprises un logiciel de la société belge Quasydoc, qui couvre tout le système d’assurance qualité et qui est très efficace sur l’évaluation des fournisseurs. Les entreprises vont gagner en temps et en sûreté, pour un très bon prix, entre 3 000 et 8 000 euros par an, surtout parce que l’usage n’est pas limité à une personne, mais qu’il est ouvert à toutes les parties prenantes, y compris le fournisseur.
L’évaluation d’un fournisseur est globale. Elle porte aussi bien sur son pays, le contexte politique ou économique, sur la confiance dans ce fournisseur particulier dans sa capacité à fournir le produit demandé régulièrement, en qualité et en quantité.
Mutual Audit a annoncé cet été qu'il se tenait prêt à organiser des démonstrations du logiciel Quasydoc (Quality system documentation) pour l'industrie alimentaire, à en chiffrer le coût en fonction des besoins exprimés "et non en fonction du nombre d'utilisateurs".