Comment le Brésil façonne le marché mondial de la viande bovine
Le poids des pays du Mercosur, notamment du Brésil, ne cesse de progresser dans les échanges mondiaux de viande bovine. La Chine reste leur premier débouché, mais les exportateurs diversifient leur portefeuille.
Le poids des pays du Mercosur, notamment du Brésil, ne cesse de progresser dans les échanges mondiaux de viande bovine. La Chine reste leur premier débouché, mais les exportateurs diversifient leur portefeuille.

Le Brésil, qui pèse pour 28 % de la viande bovine échangée sur le marché mondial, a produit 11 millions de tonnes équivalent carcasse (téc) de viande bovine en 2024. « C’est 14 % de plus qu’en 2023 mais surtout une croissance de 37 % en trois ans », insiste Ilona Blanquet, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage, lors de la journée de conférences consacrée aux Marchés Mondiaux organisée par l’Idele en juin dernier.
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Une dynamique qui tire la production du sous-continent. Les pays du Mercosur, dans leur ensemble, ont produit 15 millions de téc de viande bovine, 11 % de plus qu’en 2023. « Ces volumes supplémentaires correspondent à la production totale de viande bovine de la France en un an ! C’est très conséquent » explique Ilona Blanquet, qui constate « le poids du Mercosur dans la production mondiale continue de s’accroître ».
« Le poids du Mercosur dans la production mondiale continue de s’accroître ».
La production de viande bovine de l’Amérique du Sud présente des oscillations cycliques, liées à l’alternance des décapitalisations et recapitalisations, ainsi qu’à l’impact des sécheresses. La forte hausse des abattages en 2024 était justement liée à un épisode de sécheresse au Brésil. D’autant plus que le cheptel y a gagné 8 millions de têtes entre 2018 et 2023.
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Le Brésil, premier exportateur mondial de viande bovine
Le Brésil est devenu le premier exportateur mondial de viande bovine en 2017, détrônant les États-Unis et gardant cette position depuis. Les exportations brésiliennes de viande bovine ont atteint 3,4 millions de téc l’an dernier, soit une hausse de 26 % (+700 000 téc) par rapport à 2023. L’ensemble Chine et Hong Kong pèse lourd dans les débouchés du Brésil, puisqu’il a absorbé 53 % des envois brésiliens, avec 1,8 million de téc, « un record historique, en hausse de 10 % sur un an, malgré un contexte économique morose en Chine » note la spécialiste.
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Le Moyen-Orient augmente ses achats au Brésil
Sur le podium des acheteurs de viande bovine brésilienne, on retrouve ensuite l’Amérique du Nord (11 % du total des expéditions) et le Moyen-Orient (8 %). Les achats du Moyen-Orient ont ainsi atteint 270 000 téc, c’est 67 % de plus que l’année précédente. Les cibles privilégiées des exportateurs brésiliens qui cherchent à moins dépendre de l’incontournable marché chinois sont l’Indonésie, la Corée du Sud, le Japon, la Turquie et le Vietnam, rapporte l’USDA. La Turquie a ainsi acheté l’an dernier 75 600 t de viande bovine brésilienne et l’Indonésie 15 500 téc, ces deux pays ayant multiplié par plus de quatre leurs volumes de 2023.
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L’Argentine dynamique, l’Uruguay se recentre
En Argentine, les exportations ont aussi été dynamiques l’an dernier, à près de 1 million de tonnes, avec un bond de 10 % corrélé à la libéralisation des flux orchestrée par le président Milei. 71 % des exportations de viande bovine de l’Argentine étaient destinées à l’ensemble Chine + Hong-Kong, avec une hausse de 3 % des volumes sur un an. Mais les envois ont aussi connu un bel essor vers l’Union européenne (70 000 téc, +13 %), les autres pays d’Amérique du Sud (50 000 téc, +24 %), Israël (57 000 téc de viande casher, +17 %) et la Russie (6 000 téc, dix fois plus qu’un an plus tôt).
«L’Uruguay s’est recentré vers les marchés plus rémunérateurs, et demandeurs, que sont l’Amérique du Nord, l’Union européenne et Israël »
De son côté, l’Uruguay affiche des exports en retrait, à 450 000 téc, -2 %, avec notamment une baisse de 32 % des envois vers la Chine. L’Empire du Milieu ne capte plus que 40 % des exportations, contre 66 % trois ans plus tôt. « La concurrence du Brésil y étant forte, l’Uruguay s’est recentré vers les marchés plus rémunérateurs, et demandeurs, que sont l’Amérique du Nord (+48 % à 150 000 téc), l’Union européenne (48 000 téc, +15 %) et Israël (20 000 téc, doublement) », précise Ilona Blanquet.
Des perspectives stables pour 2025
Les perspectives 2025 sont à la stabilisation des abattages sur la zone du Mercosur. Les hausses attendues de nouveau au Brésil, en Uruguay et au Paraguay pourraient bien être effacées par les baisses en Argentine. À l’export, c’est toujours l’incertitude qui domine. « Les 10 % de droits de douane mis en place par Donald Trump pourraient pénaliser les viandes argentines et uruguayennes vers les États-Unis, si la demande recule », note Ilona Blanquet. De plus, la Chine a suspendu les agréments de plusieurs abattoirs du sous-continent.