Comment baisser les coûts de certification en agriculture et agroalimentaire ?
Les coûts de la certification pour l’agriculture et l’agroalimentaire en France pourraient être optimisés, selon un rapport du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER). Car s’ils sont assez maîtrisés pour les agriculteurs, ils impliquent tout de même beaucoup de temps passé. Quant aux entreprises agroalimentaires, elles sont aux prises avec une multiplication des certifications.
Les coûts de la certification pour l’agriculture et l’agroalimentaire en France pourraient être optimisés, selon un rapport du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER). Car s’ils sont assez maîtrisés pour les agriculteurs, ils impliquent tout de même beaucoup de temps passé. Quant aux entreprises agroalimentaires, elles sont aux prises avec une multiplication des certifications.

Signes de qualité et d’origine, bio, Label Rouge, marques régionales et respect d’une norme, les certifications sont très développées dans l’agriculture et l’agroalimentaire français. Si le coût d’une certification n’est pas forcément élevé, leur accumulation, ainsi que le temps de travail qui en découle, peuvent être des freins à la compétitivité de certaines filières. C’est ce que constate le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) dans un récent rapport.
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Une multiplication des labels alimentaires
La mission a identifié plus de 1 300 labels ou démarches certificatives pour les produits agricoles ou alimentaires. Si Label Rouge, AOP, Agriculture Biologique sont bien installés, beaucoup de nouveaux labels ont fleuris ces dernières années (Origine France garantie, sans résidus de pesticides par exemple, CRC blé, Label bas Carbone). Certains s’appliquent à l’origine du produit, d’autres aux techniques agricoles, d’autres au processus industriel. Il existe aussi des certifications propres à l’industrie agroalimentaire. Les marques collectives ne sont pas toutes des certifications (Saveurs de Normandie n’est pas certifiante, Produit en Bretagne l’est).
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Des coûts de certification qui progressent
Les organismes certificateurs reçoivent du Cofrac (comité français d’accréditation ) une attestation pour une durée déterminée : quatre ans pour la première demande, puis cinq ans à renouveler à chaque fois pour les évaluations suivantes. Ils acquittent une redevance annuelle au Cofrac en fonction du nombre de domaines qu’ils couvrent. Le Cofrac est public et non lucratif. L’accréditation par le Cofrac des organismes certificateurs, obligatoire dans les certifications européennes (origine et bio) mériterait lorsqu’elle est facultative, d’être réfléchie au regard des coûts supplémentaires qu’elle engendre comparés aux risques qu’elle garantit.
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Contrôler les Siqo est peu rentable
Dans le cas des Siqo, la certification est à la charge des opérateurs contrôlés. Le coût dépend de la fréquence des contrôles prévue dans le plan de contrôle des ODG pour les AOP/IGP et Label Rouge et par l’Inao pour le bio. Les coûts de la certification restent un poids important pour les ODG néanmoins les autrices du rapport mentionnent que la certification des SIQO est quatre à cinq fois moins onéreuse que dans d’autres secteurs comme la cybersécurité. Pour les productions à faible volume, le coût unitaire est plus élevé puisque les coûts fixes sont répartis entre mois d'acteurs. D'ailleurs le Cnaol alertait récémment sur des AOP à petits volumes comme le Banon et le Chevrotin.
La concurrence est assez faible du côté des organismes certificateurs, d’autant plus que la complexité des procédures à analyser, les difficultés de recrutement et les frais de déplacement limitent l’arrivée de nouveaux entrants. Les coûts tendent à augmenter du fait des frais de personnel, en hausse, or c'est un poste peu flexible.
Des économies d’échelles pourraient toutefois être réalisées, pour les productions animales, principalement en Label Rouge en arrêtant de maintenir des appellations différentes pour des points de détail qui échappent au consommateur. Fusionner des cahiers des charges permet de renforcer des labels.
Pour les agriculteurs, attention aux coûts cachés des certifications
Pour les agriculteurs, de l’avis des interlocuteurs de la mission, la certification permet de maintenir des marchés, plus que d’en ouvrir de nouveaux. Ces certifications exigent un lourd investissement en temps (formation, enregistrements, être disponible pour les contrôles). Les coûts directs sont « assez maîtrisés ». Ainsi en moyenne la certification bio en Centre Val de Loire coûte 472 €. La certification HVE est souvent plus onéreuse, d’où le développement de certifications collectives.
la certification permet de maintenir des marchés, plus que d’en ouvrir de nouveaux
Le rapport recommande que l’appui des organismes accompagnateurs des démarches de certification porte aussi sur l’étude économique du modèle choisi et sa viabilité économique pour les producteurs.
L’agroalimentaire enfoui sous les certifications
Les IAA gèrent à la fois les certifications réglementaires imposées aux entreprises de plus de 500 salariés, celles qu’elles imposent à leurs fournisseurs, et celles que requièrent les acheteurs, notamment la grande distribution. Or la GMS est très gourmande dans ses exigences, avec une certification standard IFS auxquelles s’ajoutent des certifications maison. L’IFS entraîne un audit d’une semaine, et s’ajoutent les audits additionnels d’une journée, refacturés de l’ordre du millier d’euros.
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Des audits chronophages
Les coûts financiers de la certification pour les entreprises interrogées (redevances, logiciels, audits, et frais de déplacement des auditeurs) se situent dans une fourchette de 100 000 à 200 000 euros, ce qui reste très faible au regard du chiffre d’affaires, mais commence à jouer dans la construction de la marge explique le rapport. Ce sans compter les coûts salariaux liés au temps consacré par les employés.
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Une rationalisation des certifications permettrait d’augmenter la compétitivité de l’industrie agroalimentaire française. La filière nutrition animale l’a démontré, en regroupant toutes les certifications en une seule, Oqualim, adaptée aux besoins, expliquent les autrices.