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Noix : un bactériophage contre la bactériose

Pour lutter contre la bactériose, la station expérimentale de Creysse teste un produit à base de bactériophages avec des résultats encourageants mais qui nécessitent encore des années d’essais.

Les bactériophages sont sélectionnés en laboratoire sur une culture de bactéries Xanthomonas en boîte de pétri.
Les bactériophages sont sélectionnés en laboratoire sur une culture de bactéries Xanthomonas en boîte de pétri.
© Station expérimentale de Creysse

Utiliser un virus pour lutter contre Xanthomonas arboricola pv. juglandis, agent pathogène de la bactériose, tel est l’un des défis lancé par le Comité interprofessionnel des fruits à coque du Lot au sein du projet La noix de demain. « L’idée a émergé lors d’un voyage d’étude au Chili après une rencontre avec un laboratoire travaillant sur la piste de bactériophages pour lutter contre cette maladie au Chili », relate Marie-Neige Hébrard de la station expérimentale de Creysse (Lot). Depuis trois ans, la station teste donc une formulation de virus spécifiques à la bactériose, les bactériophages, dans le but de réduire la pression de cette maladie.

La première étape, confiée au laboratoire chilien, a été d’identifier les virus naturellement présents dans les parcelles du Lot et de sélectionner les souches spécifiques à Xanthomonas arboricola pv. juglandis, les plus efficaces pour détruire cette bactérie. « De nombreux bactériophages sont naturellement présents dans nos vergers, mais ne le sont en quantité importante qu’en fin de saison, explique l’expérimentatrice. L’idée est de les amener en masse dès le stade Cf, début de la période de sensibilité du noyer à la bactériose. »

Moins de bactéries après deux années d’application

Au bout de trois ans, les résultats ne montrent pas une différence significative entre les dégâts en parcelle avec ou sans bactériophage. « Mais chaque année, on constate des tendances et des observations qui sont encourageantes », souligne l’ingénieure. L’année 2019 a permis d’améliorer le protocole de suivi des dégâts et celui d’application des traitements, qui se fait maintenant à une cadence de 7 à 10 jours entre le stade débourrement et début de grossissement du fruit en l’adaptant selon le risque de lessivage. En 2020 et 2021, la pression était de moins de 20 % sur le témoin non traité, trop peu pour pouvoir observer une différence significative entre la modalité traitée au bactériophage et la modalité non traitée. En 2019 et 2020, une légère amélioration a été constatée sur la partie traitée. Les résultats 2021 ne sont pas encore disponibles.

« En 2021, nous avons fait une QPCR en début de saison. Cette méthode permet de quantifier les bactéries Xanthomonas présentes dans les deux modalités, explique Marie-Neige Hébrard. Nous avons constaté que dans les parcelles traitées avec le bactériophage depuis déjà deux ans, peu ou pas de bactérie Xanthomonas était observée alors que sur les parcelles témoins elle était présente. L’application du bactériophage pendant les deux premières années pourrait expliquer ce résultat. Pour continuer l’essai, un changement de parcelle serait alors nécessaire. » La suite du projet reste encore floue, faute de financements dédiés cette année. Si l’efficacité de cette méthode est prouvée, les producteurs espèrent qu’un acteur public ou une firme phytosanitaire puisse s’en emparer afin de mener la solution à l’homologation en tant que produit de biocontrôle.

La bactériose, une maladie ancienne

 
La bactériose peut causer jusqu’à 50% de pertes en verger. © Station expérimentale de Creysse
La bactériose du noyer est une des principales maladies du noyer causant jusqu’à 50 % de pertes à la récolte. « C’est une maladie bien connue des producteurs et qui fait partie de la vie du verger », détaille Marie-Neige Hébrard de la station expérimentale de Creysse (Lot). Si aujourd’hui les producteurs s’accommodent de cette maladie, « nous la soupçonnons d’être une porte d’entrée à d’autres maladies fongiques plus préoccupantes. » Réduire la pression de la bactérie Xanthomonas arboricola pv. juglandis, agent pathogène de la bactériose, est donc un axe de recherche travaillé depuis 30 ans par la filière nucicole. Aujourd’hui, les seuls produits existants sont à base de cuivre avec une efficacité relative autour de 30 % qui s’appliquent en foliaire en trois applications au stade de sensibilité soit entre les stades Cf (débourrement) et Gf (grossissement du fruit).

 

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