Vers une nouvelle saison réussie pour la primeur
Avec quelques autres légumes à la saisonnalité nettement affirmée, la pomme de terre primeur signe le retour de la belle saison dans nos assiettes. Le professionnel considère plus prosaïquement ce symbole du renouveau.
De mars à août, alors que les pommes de terre de conservation désertent peu à peu les rayons et les étals, la primeur y assure la présence de l’espèce. C’est du moins ce rôle de transition que souhaite lui voir remplir la filière professionnelle et autour duquel elle tente de structurer une production nationale et un marché qui ont failli disparaître. La campagne de primeur, produit récolté avant maturité et clairement identifiable par sa peau pouvant être enlevée aisément, se termine officiellement le 15 août. Après avoir dépassé les 100 000 t, la production de primeurs semble aujourd’hui se stabiliser entre 60 000 et 70 000 t dans des bassins répartis sur tout le territoire, les plus importants se situant dans le val de Loire (avec les îles de Noirmoutier et de Ré), la Bretagne (avec quelque 13 000 t chacun), le Sud-Est (en particulier la Camargue où les surfaces sont en expansion maîtrisée), la région de Perpignan/Roussillon, le Sud-Ouest… Noirmoutier représente l’essentiel du tonnage de la bonnotte, qui couvre 5 hectares sur plus de 400 consacrés à la primeur dans l’île. Elle en est la variété emblématique *.
Cette diversité géographique permet, sauf accident, un échelonnement des récoltes et des mises en marché réduisant les risques de télescopage (voir graphique). L’an dernier cet échelonnement s’est bien déroulé, les stocks de vielles pommes de terre étaient rares et la concurrence de l’importation modérée ; d’où une campagne fluide et économiquement satisfaisante pour le secteur.
Une campagne sereine à rééditer
Les producteurs abordent la nouvelle campagne, plutôt précoce, avec « sérénité », selon André Minguy, président de la section primeurs de l’UNPT qui affirme : « nous sommes des gens sages et le bon bilan 2016 n’a pas entraîné d’augmentation débridée des surfaces qui seront proches de celles de l’an dernier ». « Cette bonne campagne 2016 devait beaucoup à l’organisation de la filière et en particulier à la présence du représentant de la distribution à la table des discussions du CNIPT (interprofession, ndlr). La pomme de terre primeur a été généralement bien mise en valeur par les distributeurs, les responsables des rayons s’accoutument à ce produit qui exige des rotations rapides, car il s’agit d’un légume frais, et des manipulations prudentes. Cet esprit de filière persiste », ajoute le président.
André Minguy voit dans l’amorce de la nouvelle saison de primeurs, de sérieuses similitudes avec la précédente, en particulier des stocks de vieilles pommes de terre réduits, une importation discrète et une récolte de qualité. Quant aux prix, le marché s’amorce sur les mêmes bases qu’en 2016.
Une nouvelle saison positive permettrait de consolider la dynamique de cette production et de son marché dans leur fonction souhaitée de transition entre les campagnes de pommes de terre de conservation.
* Monoprix bénéficiera de l’exclusivité de sa distribution durant le 1er week-end de mai qui marquera aussi le 20e anniversaire de la fête de la bonnotte.