Rillettes

Un écrin flambant neuf pour le pot rouge Bordeau Chesnel

Avec une surface de 11 300 m² de bâtiments sur un terrain de 10 hectares à Yvré-l’Évêque (Sarthe), la nouvelle usine Bordeau Chesnel, inaugurée le 3 juillet à deux pas du Mans, remplace avantageusement l’ancien site de Champagné. À moins de 2 kilomètres de là, il va d’ailleurs être déconstruit et dépollué dans les douze prochains mois, selon l’engagement du groupe.

Sous la direction du responsable industriel, François-Xavier Dupety, la production a été progressivement transférée depuis février, une part des équipements, comme les grosses cocottes de cuisson, ayant été réutilisée. Pierre Hébert, directeur général de Luissier Bordeau Chesnel (LBC), filiale de Savencia Gourmet (entité du groupe Savencia) qui avait procédé à la pose de la première pierre le 26 juin 2017, s’enorgueillit de la construction et de la mise en service du nouveau site en 24 mois. « L’enveloppe du budget a été respectée à 2 % près, qui sont d’ailleurs liés essentiellement à des mesures additionnelles en sécurisation du site et des installations qui ont été ajoutées en cours de programme », indique-t-il, tout en restant discret sur le détail de l’enveloppe. Elle dépasse 30 millions d’euros, en comptant l’achat du terrain, la construction des bâtiments et les matériels.

Retour aux sources à Yvré-l’Évêque

Pour la marque, ce déménagement est une sorte de retour aux sources : c’est en effet sur cette commune d’Yvré-l’Évêque que l’entreprise est née avec l’ouverture en 1922 de la charcuterie familiale des fondateurs, Jules Bordeau et Anna Chesnel. Leur fils Bernard a, en 1964, l’idée d’utiliser des pots de miel en paraffine, plus légers. Après l’invention du doseur à rillettes, puis le recours à la chaîne du froid pour des produits sans conservateurs, la marque lance en 1973 son conditionnement emblématique, le pot rouge en plastique. C’est la même année qu’elle fusionne avec l’entreprise Lhuissier. Elle intègre Bongrain (aujourd’hui Savencia) en 1980. Son slogan « nous n’avons pas les mêmes valeurs » date quant à lui de 1986 avec l’émergence des rillettes dans la publicité télévisuelle comme l’adoption du chêne comme logo.

Le site de fabrication de Champagné, mis en service en 1969, était saturé. Le diagnostic de ses faiblesses était sans appel : étages, rupture de charge… « Il existait des opportunités majeures à la construction d’un site neuf d’où le choix du groupe d’être audacieux », résume Pierre Hébert.

Le projet s’organise autour de cinq points clés : la sécurité et le bien-être au travail ; la sécurité alimentaire ; la réduction de l’empreinte environnementale ; la capacité d’innover ; la performance économique. Sur ce dernier point, le dirigeant s’inquiète de la hausse de 30 % des matières premières cette année, motivée par l’appel d’air asiatique en raison de la peste porcine africaine (PPA) et de la raréfaction des coches françaises alors qu’il est, malgré les états généraux de l'alimentation, difficile d’obtenir des GMS une répercussion de cette hausse dans les prix des produits.

Adhésion du personnel

Les 190 salariés de la production ont suivi le déménagement, la proximité des deux sites étant un des avantages du projet. La disposition des nouveaux ateliers privilégie leur bien-être, les architectes (cabinet Adent) ayant mis l’accent sur la lumière naturelle aux postes de travail et l’ergonomie sans oublier les espaces collaboratifs (bureaux vastes en espace de travail ouvert, salle de réunion, cantine et salle de sport). « Les salariés ont également à leur disposition 5 hectares de forêt, et je ne doute pas que des idées vont émerger pour en profiter », sourit Pierre Hébert.

La sécurité alimentaire est capitale sur des produits fragiles comme les rillettes.

« Notre nouveau site assure le plus haut niveau de sécurité avec le respect total de la marche en avant et aucun croisement de flux. Équipements les plus modernes, murs et peintures neufs sans aucune anfractuosité par exemple : tout a été pensé pour faciliter le nettoyage », poursuit le responsable. Avec plus d’un millier de points de mesure dans tout le processus et le stockage, l’unité dispose aussi d’une masse de données qui alimente son outil de progrès continu.

À volume de production identique, la conception des processus et des bâtiments réduit les consommations en eau (-35 %), en électricité (-40 %) comme en gaz (-25 %), ce qui représente une économie de 700 tonnes de CO2 par an. Autre point clé, l’espace, avec une capacité de production de 20 % supérieure. « Nous étions bloqués pour innover tant sur les produits que sur les process », constate le dirigeant.

La modernité des rillettes

La gamme produite à Yvré compte une quinzaine de rillettes. Les trois références du « pot rouge », auxquelles se joint depuis 2018 le pot de rillettes pur porc bio, représentent la moitié de la production. Le succès des trois références au poulet rôti, lancées en 2005, les hisse à 30 % des volumes. Le reste est constitué de trois références sans graisse de porc ajoutée (mises au point en 2011), les rillettes poulet-piment, d’oie et de canard. S’y ajoutent depuis avril, les petits pots de l’Instant Apéro. Ils proposent des recettes cuisinées à poser directement sur la table de l’apéritif. « Il s’agit d’une nouvelle génération de rillettes, nous accompagnons la révolution de la bistronomie », détaille Pierre Hébert.

Les GMS constituent le cœur du savoir-faire commercial : « avec les petits supermarchés et les magasins de centre-ville, mais aussi les drives. Nous accompagnons nos clients dans leurs domaines de croissance. Nous voulons nous installer, en complément, dans tous les points de rencontre avec le shopper », explique le dirigeant. LBC, présent en restauration, a également pris le virage du commerce en ligne. Amazon propose ainsi dans sa section épicerie le pot de 400 grammes de rillettes du Mans La véritable, pur porc, et le pot de 110 grammes de rillettes de poulet rôti en cocotte.