Règlement bio : « ma vraie crainte porte sur les questions de conformité »
Les Marchés Hebdo : La révision du règlement bio risque-t-elle d’affaiblir le label biologique ?
Angélique Delahaye : Nous avons eu 18 rounds en trilogue. C’est inédit. Ce texte a le mérite d’exister, mais cela ne se borne qu’à cela. Je pense qu’il ne satisfait ni ceux qui ont une vision philosophique du bio, ni les pays qui sont bien avancés sur le sujet. Ma vraie crainte porte sur les questions d’équivalence et de conformité. Le texte est un socle de base qui ne s’imposera pas aux produits importés dans l’Union européenne. Il va falloir être vigilant dans le cadre des accords commerciaux en discussion. Il y a quinze accords aujourd’hui sur la table. Pour moi, le bio est un marché à part et à part entière qui n’est pas négociable.
LMH : Justement, comment éviter les distorsions de concurrence entre les produits bios européens et les produits des pays tiers ?
A. D. : En Europe, la production biologique n’aura pas la capacité d’avoir les volumes suffisants pour faire face à la demande. Nous serons obligés de faire venir d’ailleurs les produits biologiques. Il y a un vrai risque à terme de déception du consommateur s’il découvre que ces produits importés ne sont pas à la hauteur de ses espérances, notamment sur les produits phytosanitaires, et qu’ils n’ont pas les mêmes exigences que le règlement biologique européen.