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Quelle confusion entre le lait et les boissons végétales ? une étude pointe le danger

Une étude réalisée pour le Cniel sur la « Perception du consommateur des boissons et desserts végétaux » démontre en quoi l'offre « végétale » installe une dangereuse confusion dans l'esprit des Français.

Les jus et desserts végétaux se positionnent en concurrents du lait et des produits laitiers en utilisant des dimensions propres au lait ou en jouant sur la controverse existante entre les produits d'origine végétale et animale. Il n'est pas rare que certains utilisent abusivement le terme lait ou tentent de détourner les dénominations laitières.

Or, la législation européenne spécifie clairement que la dénomination « lait » et les dénominations laitières visant des produits dérivés du lait ne peuvent être utilisées que pour des produits laitiers (avec deux exceptions pour la France : le lait de coco et le lait d'amande). La Cour de justice de l'Union européenne l'a encore rappelé dans un arrêt du 14 juin 2017.

 

CONFUSION SUR LES APPORTS NUTRITIONNELS

 

Dans ce contexte, l'étude confiée par le Cniel au cabinet Audirep visait à évaluer la confusion possible, chez les consommateurs, entre lait et boissons végétales. Concernant la désignation de ces dernières par les personnes interrogées, les résultats obtenus ne surprennent guère : l'utilisation des dénominations laitières pour les produits végétaux est très largement répandue. Ainsi, environ la moitié d'entre elles parlent spontanément de « lait de soja » pour les jus végétaux, et plus de trois sur quatre utilisent le terme « yaourt » ou « yaourt au soja » pour désigner les desserts végétaux.

Interrogés sur les caractéristiques de ces produits, les répondants évoquent l'ingrédient de base du produit (soja/amande), puis la présence d'eau, avant d'ajouter le lait. Ils sont en effet un tiers à penser que les boissons ou desserts végétaux contiennent du lait, même si plus de la moitié d'entre eux sont incapables de décrire la manière dont ils sont fabriqués. En assisté, plus de 50 % d'entre eux sont d'accord avec l'affirmation selon laquelle les jus et desserts végétaux apportent les mêmes nutriments que le lait et plus de 70 % qu'ils contiennent naturellement du calcium.

« La confusion ne concerne donc pas seulement la composition des produits mais aussi, de manière plus dangereuse, leurs caractéristiques et apports nutritionnels », met en garde Noëlle Paolo, directrice des études et de la stratégie au Cniel. De fait, une part importante des interviewés sont d'accord pour dire que les boissons végétales peuvent remplacer le lait (64 %), qu'ils sont adaptés à la bonne santé osseuse (62 %) et s'intègrent dans la recommandation de trois produits laitiers par jour (59 %). Encore plus inquiétant : ils sont près de 20 % à déclarer que les boissons végétales sont adaptées aux besoins des bébés.

 

UN TERRITOIRE D'IMAGE PROCHE

 

En termes d'image, il existe une proximité entre les produits laitiers et les boissons et desserts végétaux. Ils sont jugés sains, bons pour la santé grâce à leur teneur naturelle en protéines et vitamines (de façon plus marquée pour les produits laitiers néanmoins) et naturels. L'étude identifie toutefois des forces et des faiblesses pour chaque catégorie.

Les produits laitiers sont reconnus pour leur teneur naturelle en calcium. Ils sont très bien adaptés aux besoins des adultes et surtout des enfants, favorisant ainsi leur croissance. Leur goût est apprécié. Cependant, leur dimension plaisir n'est pas assez véhiculée et leur côté indigeste est pointé. Les boissons et desserts végétaux ont une image de naturalité (perçus comme bio, principalement composés de graines végétales), mais aussi leur côté diététique (car pauvres en matières grasses). La perception de produits digestes, adaptés aux intolérants au lactose, est un de leurs points forts.

En revanche, ils souffrent d'un déficit d'image sur la notion de plaisir et leur goût, segmentant, qui constitue pour certains un frein à l'achat. Parmi les interviewés, les intentions d'achat de jus végétaux, de l'ordre de 33 %, sont d'ailleurs plutôt faibles.

 

CONSOMMATION DIFFÉRENTS

 

Un score en lien avec les taux d'achat effectifs. Ainsi 29 % des interviewés ont acheté des boissons et des desserts végétaux, autant à base d'amande que de soja, au cours des six mois précédant l'étude. Par rapport au lait, consommé sans surprise par la quasi-totalité des enfants présents au foyer, les acheteurs de boissons végétales sont plutôt des adultes. Comparé à la population française, leur profil est plus jeune, plus féminin, actif et urbain de CSP+. Alors que le lait est essentiellement consommé au petit déjeuner, mais aussi utilisé en tant qu'ingrédient d'une recette, la consommation de boissons végétales se fait davantage à différents moments de la journée. Elles concurrencent le lait au petit-déjeuner mais aussi les soft drinks, jugés trop sucrés, en en-cas. Et elles sont davantage consommées telles quelles, nature moins souvent qu'aromatisées. Les desserts végétaux, quant à eux, sont surtout consommés par des adultes et des adolescents, de manière ponctuelle. Il s'agit essentiellement d'un produit de fin de repas et les parfums chocolat et vanille sont les plus prisés, suivis d'assez loin du caramel et des desserts de soja aux fruits.

 

Source : Perception des consommateurs des produits végétaux - Audirep pour Cniel - Rapport d'étude phase quantitative - octobre 2017

 

MÉTHODOLOGIE

 

L'étude a été réalisée en deux temps, à travers une phase qualitative et une phase quantitative. À l'occasion de cette dernière, 5 175 personnes ont été interrogées, réparties en cinq groupes de 1 035 personnes. L'un des groupes a d'abord été exposé à une boisson soja, puis à un lait de vache, un autre à un lait d'amande, puis à un lait de vache, un troisième à un dessert au soja puis à un yaourt. Deux groupes témoins ont été exposés uniquement à un lait de vache pour le premier, uniquement à un yaourt pour le second. L'objectif était de mesurer, s'agissant des produits végétaux, leur connaissance spontanée, d'évaluer l'achat, d'identifier leur connaissance approfondie et leur perception de ces produits en comparaison avec les produits laitiers.

 

 

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