Prévenir la fraude alimentaire, futur objectif de l'IFS et du BRC

> Fayçal Bellatif, directeur d'Eurofins Certification.
Le sujet est sur la table d'un think-tank sur la fraude alimentaire parrainé par la GFSI* (Global Food Safety Initiative ou Initiative mondiale de la sécurité alimentaire) depuis 2012. Après les récents cas de fraudes alimentaires (mélamine, viande de cheval) ou l'augmentation de produits non conformes, la GFSI s'est positionné en faveur de la prise en compte de la prévention de la fraude alimentaire dans les démarches de maîtrise de la sécurité des aliments exigées par les référentiels de certification. « La réflexion sur la manière d'intégrer la fraude alimentaire dans les normes est menée depuis 2012 au sein de la GFSI, qui en a confié le soin à un think-tank créé pour l'occasion. Contrairement à la contamination malveillante, la fraude est un acte volontaire avec l'intention de gagner de l'argent. Cela a été le cas sur la mélamine dans le lait en Chine, sur les huiles minérales utilisées dans l'huile de tournesol. Cela peut poser un véritable problème de sécurité alimentaire, pour les personnes allergiques par exemple. Depuis 2010, il y a une recrudescence des cas médiatisés de fraudes, c'était inéluctable », explique Fayçal Bellatif, directeur d'Eurofins Certification et membre du comité technique de la GFSI.
La version 7 du guide de la GFSI, prérequis pour les fournisseurs directs des GMS, devrait demander aux référentiels de certification IFS et BRC d'intégrer des exigences d'atténuation des risques de fraude. Elle devrait être rendue publique d'ici à la fin de l'année 2016. « Pour l'instant, c'est un dogme mondial. Il reste beaucoup à inventer ou à renforcer, notamment les outils techniques (approche d'audit, plan de contrôles analytiques spécifiques), pédagogiques et pratiques à destination des acteurs de la chaîne alimentaire, pour que dans cinq à dix ans, nous soyons dans un mouvement coopératif et vertueux », précise Fayçal Bellatif. L'objectif reste que les normes reconnues par la GFSI (IFS, BRC, SQF notamment) intègrent cette prévention dans leur référentiel et détaillent les moyens d'y parvenir.
Evaluer la vulnérabilité d'une matière première« L'IFS, comme le BRC vont devoir détailler les exigences auxquelles les industriels devront se conformer. Cela pourrait être des procédures d'atténuation ou de dissuasion, un responsable des fraudes, les approches dites non-ciblées en matière de contrôles analytiques, une check-list des audits spécifiques, des outils d'évaluation de la vulnérabilité d'un ingrédient, comme le cours fluctuant d'une matière première, le manque de ressources, etc. », indique le directeur d'Eurofins Certification, « il faut créer les outils pour aider l'industrie à atténuer la fraude alimentaire ». Le sujet est sensible pour les responsables qualité, qui vont devoir se familiariser avec les événements influençant les cours des matières premières.
* La GFSI rassemble un certain nombre de distributeurs mondiaux (Carrefour, Metro, Auchan, Casino, Walmart, Cofco, Tesco). Le think-tank est composé de Danone, Ahold, Walmart, Steritech, Eurofins, Michigan State University.
Le coût de la fraude alimentaire dans le monde est estimé à 10 milliards d'euros. Il s'agit le plus souvent de substitution (d'un ingrédient cher par un autre qui l'est moins), de dilution (d'un produit concentré par de l'eau ou d'autres produits courants), de contrefaçons ou de dissimulation (traitement des animaux par des hormones ou antibio-tiques non autorisés, etc.). Selon un rapport sur la fraude alimentaire de 2013 de la Commission de la sécurité alimentaire, les dix produits les plus exposés aux risques de fraude sont les suivants : huile d'olive, poisson, aliments biologiques, lait, céréales, miel et sirop d'érable, café et thé, épices, vins, et certains jus de fruit.