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Enquête
Pourquoi le coût du transport routier va encore augmenter

L’enquête annuelle de l’AUTF et du cabinet d'experts BP2R montre des chargeurs préoccupés par le déficit capacitaire des transporteurs. L’observatoire constate la hausse des coûts. Des motifs pour l’industrie agroalimentaire à revoir ses politiques logistiques. Explications.

© industrieblick - stock.adobe.com

L’enquête réalisée annuellement auprès des chargeurs par l’Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF) et du cabinet spécialisé en logistique BP2R, parue en mars dernier, fait apparaître une préoccupation croissante liée à l’insuffisance de l’offre en matière de transport routier. Cette enquête a été conduite l’hiver dernier auprès de 239 entreprises de divers secteurs. Deux tiers de celles-ci considèrent le marché en sous-capacité et s’attendent à rencontrer des difficultés en 2018. Parmi les 39 utilisateurs de transport nationaux en température dirigée interrogés, 26 ont témoigné de cette sous-capacité. Un sur deux a rencontré des difficultés à trouver des capacités de transports routiers sur le territoire national l’an dernier, et deux sur trois s’attendaient, au moment de l’enquête, à en rencontrer de nouveau en 2018.

27 % des chargeurs sont prêts à revoir leur schéma logistique

L’enquête fait apparaître un taux de défaillance important du transport en température dirigée : 4,46 % de reports ou d’annulations constatés l’an dernier. En revanche, la qualité du service, s’agissant du transport frigorifique par lot, est favorablement appréciée (notée 4/5 via des transporteurs et 3,5/5 via des commissionnaires). La qualité du service de groupage ou de messagerie est moins appréciée (notée 3,2/5). Toutes activités confondues, le taux de défaillance constaté en 2017 est proche de 6 %. Sans surprise, la qualité de service constitue le critère de sélection numéro un des chargeurs interrogés, devant les tarifs et l’engagement capacitaire.

Une pénurie de conducteurs en Europe

Les chargeurs interrogés sont 71 % à souhaiter des relations durables avec leurs prestataires, 42 % à envisager d’augmenter leurs ressources, 33 % à vouloir augmenter le nombre de leurs prestataires et 28 % songent à donner de la flexibilité à leurs prestataires. Ces quatre souhaits sont mis en parallèle avec le déficit capacitaire. Une forte proportion de chargeurs, 40 %, a coché l’option « apporter de la régularité à notre plan de transport ». Une autre, 27 %, est prête à revoir son schéma logistique.

La conjoncture nationale, analysée en novembre dernier par le Comité national routier (CNR), a de quoi inquiéter les chargeurs. La croissance en France et en Europe accentue le manque de conducteurs. L’analyste du CNR explique ce manque sous deux angles. L’un est démographique, c’est le départ à la retraite d’une importante classe d’âge ; l’autre est le manque d’attrait du transport routier, en particulier de longue distance, auprès des jeunes. Ces tensions sur l’emploi « affectent également les investissements du secteur, qui ralentissent fortement », constate le CNR.

« La pénurie actuelle de conducteurs pourrait inciter certaines entreprises à pratiquer des augmentations volontaires (de salaires, ndlr) à leur échelle », lit-on dans les perspectives pour 2018 du CNR. Une entreprise « qui pratiquerait une augmentation importante des salaires de 1,8 % en 2018 » est mentionnée. Depuis ces prévisions de CNR, les négociations salariales de branche ont eu lieu et ont débouché sur l’augmentation des minima. Selon l’hypothèse haute d’augmentation des coûts sociaux, les salaires devraient augmenter en moyenne sur 2018 : de 2,8 % pour les longues distances et de 2,9 % pour les déplacements régionaux ; les indemnités de déplacement augmenteraient de 1,9 %. Mais les coûts sociaux ne sont pas les seuls à croître.

Hausse fiscale des transports par moyen porteur

Le gazole, dont l’évolution est indexée aux factures, est le facteur majeur d’augmentation du coût du transport routier. Trop volatil pour faire l’objet d’hypothèses, il augmente mécaniquement en 2018 sous le seul effet de la fiscalité. La contribution climat énergie entraîne un relèvement de 3,73 euros à l’hectolitre de la taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques (TICPE) appliquée au gazole routier. À noter que les véhicules de plus de 7,5 tonnes de poids total autorisé en charge ont droit à un remboursement partiel de cette taxe. L’indice gazole professionnel du CNR intègre ce remboursement partiel. Sa moyenne de 2017 est supérieure de 7,5 % à celle de 2016.

Hors gazole, les coûts du transport sont prévus en augmentation pour 2018 : de 2 % en longue distance (après +1,4 % en 2017) ; de 2,1 % en transport régional par ensembles articulés de 40 t (+1,5 % en 2017) ; de 2,2 % pour les porteurs régionaux (+1,5 % en 2017). L’évolution du coût complet (avec gazole) des moyens porteurs (entre 3,5 et 7,5 tonnes) est calculée pour la première fois. Ceux-ci ne bénéficient pas de l’avantage fiscal du gazole professionnel. Ce coût complet des moyens porteurs régionaux a été prévu en augmentation de 2,9 % en 2018 (après une hausse de 2,4 % en 2017) du fait de la hausse fiscale.

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