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Ovoproduits : une filière au sol émerge au Brésil et en Argentine, l’export en vue

Les poudres d’œuf entier que l’Argentine exporte vers l’UE sont intégralement issues de systèmes d’élevage en cage. Mais le développement de la filière certifiée hors cage est en Argentine une tendance de fond, certes débutante, mais aussi avérée qu’au Brésil.

Octavio Gaspar, le directeur d’Ovobrand, premier producteur d’œufs d’Amérique du Sud et premier exportateur de poudres d’œuf d’Argentine.
« On exporte en Europe trois conteneurs de poudre par mois, soit 69 tonnes » explique Octavio Gaspar, le directeur d’Ovobrand, premier producteur d’œufs d’Amérique du Sud et premier exportateur de poudres d’œuf d’Argentine.
© Marc-Henry André

En Argentine, trois industriels de l’œuf (Ovobrand, Tecnovo et Ovoprot) exportent vers l’Union européenne (UE), en moyenne, à eux trois, une centaine de tonnes de poudre d’œuf entier par mois. Des volumes chiches à l’impact quasi nul sur les cours, mais qui sont en franche hausse depuis la fin de l’an dernier. Et ce n’est qu’un début, accord de libre-échange entre l’UE-Mercosur ratifié ou pas.

Les exportations de poudres d’œufs progressent vers l’UE

C’est ce qu’affirme Octavio Gaspar, le directeur d’Ovobrand. Cette firme élève en cage 1,2 million de poules pondeuses dont elle broie et sèche les œufs sur son site de 320 hectares à Brandsen, en banlieue sud de Buenos Aires. « On exporte en Europe trois conteneurs de poudre par mois, soit 69 tonnes », nous a-t-il dit au salon pro biannuel de la filière argentine de l’œuf, Avicoles y porcins, tenu à Buenos Aires du 2 au 4 juillet.

« Notre chiffre d’affaires mensuel oscille entre 4 et 5 millions de dollars, dont 40% est réalisé aux douanes. Ça varie beaucoup en fonction des opportunités à l’export et des prix payés sur notre marché intérieur », poursuit M. Gaspar.

« Avant la guerre en Ukraine, la Russie était un débouché régulier ... Ces volumes se sont reportés en partie sur le marché européen »

« Avant la guerre en Ukraine, la Russie était un débouché régulier mais nos clients russes, depuis, font face à des avaries de paiement. Ces volumes se sont reportés en partie sur le marché européen », dit-il. « Depuis le début de l’année, nos ventes vers l’UE ont pris leur envol, malgré des droits de douane de 10 à 15% ». 

Vers une hausse progressive des volumes d’ovoproduits exportés par l'Argentine ?

« En cas de ratification de l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur, nos opérations seraient immédiatement plus rentables ». Mais la hausse attendue de nos volumes serait, elle, progressive, car les marges des distributeurs sont fines. « La croissance de notre participation au marché européen dépend exclusivement de la demande européenne », assure-t-il. 

« Jamais nous n’avons cessé d’exporter en Europe. Même les mauvaises années. »

« Depuis 13 ans que je dirige cette boîte, (le premier producteur d’œufs d’Amérique du Sud, NDLR), jamais nous n’avons cessé d’exporter en Europe. Même les mauvaises années. Car nos coûts sont structurellement bas. En Argentine, le soja et le maïs abondent et valent moins cher que nulle part ailleurs sur la planète. Nous avons des ressources en terres et en eau à foison. Le climat pampéen est doux. Notre situation sanitaire est enviable… », résume M. Gaspar.

Moins de 2 % de la production d'oeufs est hors cage

L’Argentine n’exporte pas encore d’ovoproduits certifiés « hors cage ». Car cette filière, là-bas, est naissante. Tout s’écoule sur le marché intérieur avec de 35% à 40% de plus-value en prix de vente au détail. La production d’œufs certifiés « hors cage » représenterait actuellement de 1,5% à 2% du total produit par les quelque 58 millions de pondeuses recensées en Argentine.

 « Le créneau des œufs hors cage est un marché de niche mais qui grossit constamment. »

Avec ses 105 000 pondeuses élevées en libre parcours à Santa Fe, le vétérinaire et homme d’affaires Yari Lucerna est, à ce titre, un pionnier en Argentine. « Le créneau des œufs hors cage est un marché de niche mais qui grossit constamment. Mes clients industriels m’en demandent pour pouvoir indiquer sur l’étiquette de leurs produits locaux : « contient de l’œuf hors cage », mais jusqu’ici, aucun exportateur ne m’en a fait la demande », informe-t-il. 

Lire aussi : L’UE et l’Ukraine trouvent un accord, quelles clauses pour les filières agricoles ?

Au Brésil, la cage règne encore en maître

Au Brésil aussi, l’industrie de l’œuf assume et défend bec et ongle ses systèmes d’élevage en cage. La réglementation y est souple et c’est peu dire puisque les dimensions minimales des cages, là-bas, sont facultatives, suggérées à 375 cm2 par volaille.

Par ailleurs, la production d’œufs certifiée hors cage représente au Brésil moins de 3% des effectifs de ses 200 millions de pondeuses. « Mais il est possible que cette filière hors cage représente 20% des effectifs d’ici à 2030. Cela signifierait, tout de même, 40 millions de pondeuses supplémentaires sur le marché ! », renseigne Leandro Yoshikawa, le directeur de l’équipementier brésilien Artabas.

 « Mais il est possible que cette filière hors cage représente 20% des effectifs d’ici à 2030. »

Encore peu présent sur le marché mondial des ovoproduits pour trois raisons (un marché intérieur important, une qualité de poudres un cran en-dessous de celle d’autres origines et puis une raison sanitaire avec la maladie de Newcastlle déclarée sur son territoire), le Brésil garde un énorme potentiel en la matière. Le pays a tout pour devenir un géant des ovoproduits comme il l’est en viande de poulet avec 39% de l’offre du commerce international.

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