Miel : après la crise de 2023, comment évoluent les stratégies des apiculteurs ?
La production exceptionnelle de miel en 2023 s’est trouvée confrontée à la crise inflationniste et les ventes de miel en ont subi le contrecoup. La récolte 2024, bien plus mesurée, a permis d’écouler en partie les stocks. Mais l’apiculture française en est sortie transformée, avec une stratégie de plus en plus tournée vers la vente directe.
La production exceptionnelle de miel en 2023 s’est trouvée confrontée à la crise inflationniste et les ventes de miel en ont subi le contrecoup. La récolte 2024, bien plus mesurée, a permis d’écouler en partie les stocks. Mais l’apiculture française en est sortie transformée, avec une stratégie de plus en plus tournée vers la vente directe.

La crise inflationniste de 2022 a secoué l’apiculture française. Ruptures de contrats, ventes non écoulées, certaines exploitations ont été pris dans la tourmente, rappelle FranceAgriMer dans sa note de conjoncture annuelle.
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Une crise sur le marché du miel vrac
Plus les exploitations étaient grandes, plus rude a été la période, avec 18 % des apiculteurs ayant de 50 à 149 ruches et 49 % des producteurs détenant plus de 400 ruches déclarant avoir rencontré des difficultés de commercialisation, contre 5 % de ceux détenant moins de 50 ruches. La crise a en effet surtout touché le marché du vrac. Les apiculteurs spécialisés sur le vrac ont été davantage épargnés, grâce à des relations solides avec leurs grossistes, mais ceux qui travaillaient sur plusieurs circuits ont été pénalisés, voyant, par exemple, leurs contrats non reconduits. 70 % des répondants affirment n’avoir pu vendre la totalité de leur récolte et un tiers ont dû accepter des baisses de prix.
La vente directe de miel privilégiée
Les apiculteurs ont fait évoluer leurs stratégies, 23 % décidant d’augmenter le nombre de ruches, notamment pour obtenir des miellées plus productives (colza), ou mieux valorisées (acacia, lavande, châtaignier). 22 % des producteurs de plus de 50 ruches ont aussi travaillé sur la limitation des coûts de production, en limitant les investissements. Face à la morosité sur le marché du vrac, un tiers des répondants se sont tournés vers la vente directe, et 10 % évoquent la vente en ligne. Une des solutions les plus prisées, par 28 % des répondants, a été le développement de nouveaux produits (nougats, bonbons, pain d’épices, hydromel), et leur vente sur les marchés. Le prix du miel vrac s’est repris en 2024, après avoir atteint un niveau très bas en 2023. Néanmoins, les prix du miel en vente directe semblent avoir baissé, dans la mesure où à la suite de la crise du vrac, de nombreux apiculteurs ont essayé de développer ce segment. 41 % des volumes de miel vendus en 2024 l’étaient vente directe (+4 points) et 18 % l’ont été aux grossistes, coopératives et conditionneurs (18 %, -5 points). 19 % des ventes sont effectuées auprès des détaillants et distributeurs.
Une production de miel 2024 en forte baisse
La France comptait 68 571 apiculteurs en 2024, dont 5 584 apiculteurs professionnels (plus de 200 ruches selon FranceAgriMer. 20,4 % d’entre eux sont localisés en Auvergne-Rhône-Alpes, 12,3 % dans le Grand-Est, 11,1 % en Nouvelle Aquitaine et 10,2 % en Occitanie. Ils ont produit l’an dernier 21 585 tonnes de miel, soit 28 % de moins que la récolte exceptionnelle de 2023. La campagne 2024 a été marquée par une météo peu favorable, seule la région Occitanie a vu sa production augmenter en 2024.
Chute drastique de la production de miel bio
En ce qui concerne le miel bio, la production a chuté passant de 4 499 tonnes en 2023 à 2 611 tonnes en 2024. Comme en conventionnel, les rendements ont été très faibles. La production bio de miel représente 12,1 % des volumes de miel produit à l’échelle nationale.

2023 | 2024 | |
Auvergne Rhône Alpes | 4286 | 3138 |
Occitanie | 4242 | 4640 |
Nouvelle-Aquitaine | 4067 | 3184 |
Grand Est | 4173 | 1703 |
Bourgogne Franche Comté | 2957 | 1169 |
PACA | 2754 | 2265 |
Centre Val de Loire | 1621 | 1282 |
Pays de la Loire | 1202 | 1110 |
Les apiculteurs de plus de 50 ruches concentrent 76 % des volumes produits et 58 % sont produits par les apiculteurs de plus de 200 ruches, détaille FranceAgriMer. Le rendement moyen pour 2024 atteint 15,2 kg par ruche en production contre 22,5 kg en 2023.
Une miellée de tournesol exceptionnelle en 2024
C’est le tournesol qui a été la miellée monoflorale la plus produite en France en 2024 (10,9 % des volumes), devant la lavande (10,3 %) et le châtaigner (9,1 %). Compte tenu des mauvais résultats en colza, le tournesol se positionne exceptionnellement comme la première miellée en Normandie, Centre-Val de Loire et Pays de la Loire. Les miellées de printemps ont été très mauvaises (9,6 % de toutes fleurs de printemps, contre 25 % de toutes fleurs d’été) en raison d’un printemps très pluvieux et froid qui a empêché la sortie des abeilles pour butiner. Les stocks de miel, qui avaient nettement augmenté en 2023, à 15 868 tonnes, ont diminué à 13 222 tonnes en 2024.