« L’UE a toujours produit plus de viande porcine qu’elle n’en consomme, et cela ne risque pas de changer », pour Vincent Chatellier
La consommation de viande porcine devrait continuer à progresser dans l’Union européenne, qui devrait rester une plaque tournante des échanges mondiaux de viande de porc d’ici 2033. Malgré le ralentissement des volumes exportés ces dernières années par les états membres, certains parviennent à maintenir une croissance en valeur.
La consommation de viande porcine devrait continuer à progresser dans l’Union européenne, qui devrait rester une plaque tournante des échanges mondiaux de viande de porc d’ici 2033. Malgré le ralentissement des volumes exportés ces dernières années par les états membres, certains parviennent à maintenir une croissance en valeur.

« La consommation de viande va continuer de croitre dans le monde » assure Vincent Chatellier, Ingénieur de recherche à l’INRAE et président de la société française d’économie rurale lors d’une table ronde réalisée au cours de l’assemblée générale d’Inaporc ce 17 juin à Paris. Entre 2000 et 2023, la consommation mondiale de viande a augmenté de 128 millions de tonnes.
La consommation de viande va continuer de croitre dans le monde
D’après son analyse, la consommation mondiale de viande en général a doublé en l’espace de vingt ans, passant d’environ 150 millions de tonnes en 1990 à plus de 300 millions en 2020. Ses perspectives restent orientées à la hausse, avec potentiellement une progression de plus de 375 millions de tonnes de la consommation mondiale de viande qui serait atteint en 2033. Cette dynamique haussière de la consommation de viande est portée par les pays asiatiques. L’Europe représente tout de même 10% de la consommation de viande mondiale pour seulement 5,6 % des humains.
La consommation mondiale de viande porcine en hausse jusqu’à 2033
Si la viande de volaille reste le principal moteur de cette croissance, la consommation de viande porcine continue également de progresser dans la plupart des régions du monde. Entre 2000 et 2023, la consommation mondiale de porc a ainsi gagné 35,1 millions de tonnes. Cette tendance devrait se poursuivre avec une hausse de 7,7 millions de tonnes supplémentaires entre 2023 et 2033, d’après les projections de Vincent Chatellier .
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L’UE restera un acteur incontournable du secteur porcin mondial
L’Union Européenne reste le deuxième producteur de porc mondial, avec 21 millions de tonnes produites en 2024, derrière la Chine qui a réalisé 57 millions de tonnes. Sur la période 2010–2035, la production européenne devrait rester supérieure à la consommation.
« L’UE a toujours produit plus de viande porcine qu’elle n’en consomme, et cela ne risque pas de changer dans les années à venir », souligne Vincent Chatellier. Il ajoute que « l’UE restera excédentaire en production porcine, au moins sur les dix prochaines années ».
La région est le premier exportateur mondial. L’UE a atteint un pic d’exportations entre 2019 et 2021, soutenue par la forte demande chinoise, à la suite de l’épidémie de peste porcine africaine (PPA). Depuis, les volumes sont revenus à un niveau plus « normal » en 2024, équivalent à celui d’avant la crise sanitaire.
l’UE restera excédentaire en production porcine, au moins sur les dix prochaines années
La production porcine ralentit dans plusieurs États membres
Depuis 2015, la croissance de la production porcine fléchit dans l’Union européenne. Les abattages ont fortement reculé, notamment en Allemagne et au Danemark.
L’Espagne fait figure d’exception, avec une hausse notable de sa production entre 2015 et 2024. Aujourd’hui, seules l’Espagne et l’Allemagne affichent encore un excédent de production.
Dans les autres États membres, y compris la France, la production ne suffit plus à couvrir la demande intérieure. La Pologne, par exemple, présente un déséquilibre structurel avec une consommation supérieure à la production. De même, la France a vu son taux d’auto-approvisionnement chuter, passant de 100,8 % en 2022 à 98,9 % en 2024.
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Des exportations contrastées selon les pays
Les exportations en volumes diminuent depuis 2022, aussi bien en Espagne qu’aux Pays-Bas, comme dans la majorité des pays européens.
En Espagne, les exportations sont passées de plus de 3 millions de tonnes équivalent carcasse (tec) en 2021 à 2,6 millions de tec en 2023. Cependant, le chiffre d’affaires généré est en progression, passant de 7 à 8 milliards d’euros sur la même période.
Ce résultat traduit un recentrage stratégique sur la création de valeur
« Ce résultat traduit un recentrage stratégique sur la création de valeur. Le solde commercial espagnol s’améliore en valeur, malgré des volumes en baisse » indique Vincent Chatellier. Une stratégie similaire est également employée par les Pays-Bas, tandis que le reste de l’Europe enregistre un recul tant en volumes qu’en valeur sur ses exportations porcines.
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