Les Moulins de Saint Aubert montent en gamme
Spécialisée en premiers prix, l’usine des Moulins de Saint Aubert, appartenant à Agromousquetaires, investit et opère une montée en qualité. Opérationnelle dès mi-2017, la quatrième ligne fabriquera la marque Fournée campanière. Reportage et explications du directeur du site Olivier Dumont.
Implantés à Beuvry (62) près de Béthune, Les Moulins de Saint Aubert enclenchent la vitesse supérieure et s’agrandissent. Entamés dès juin 2016, les travaux d’extension de l’un des cinq sites industriels français de la filière boulangerie-pâtisserie d’Agromousquetaires devraient s’achever en juin 2017. Ils permettront d’en doubler la surface qui passera ainsi de 6 500 m2 à 13 000 m2. Cette quatrième ligne, construite dans une nouvelle travée de l’usine, prévoit notamment la production de baguettes de la gamme Fournils de Constance à la marque La Fournée campanière qui consommera à terme 25 000 à 30 000 tonnes par an de farine. Lancées depuis deux ans, elles sont proposées aux consommateurs des enseignes « en 3+1 » toute l’année.
La nouvelle ligne intégrera des matériels permettant un façonnage très doux, une cuisson traditionnelle dans un four à sole de pierre et permettra la production de 5 500 baguettes par heure. « Elle sera flexible, mettra en œuvre plusieurs sortes de levain fait maison et, grâce à des matériels adaptés, elle sera capable de fabriquer des pains bio pour répondre aux besoins de l’enseigne », précise Olivier Dumont, à la fois directeur de la filière française boulangerie-pâtisserie d’Agromousquetaires et du site de Beuvry. « Dès 2018, nous serons cependant la seule des quatre unités à pouvoir produire ce type de pains bio, essentiellement à partir de farines françaises », détaille-t-il.
La nouvelle ligne permettra surtout de fabriquer les produits cœur de gamme et haut de gamme qui n’étaient pas fabriqués sur place, mais sous-traités jusqu’à présent à un partenaire de l’enseigne. « Ces produits gourmands aux recettes exclusives et à l’image moderne doivent pouvoir valoriser notre savoir-faire », rappelle-t-il, en précisant que « cette nouvelle gamme est actuellement produite sur les deux autres sites du Sud spécialisés en pains. »
L’investissement de 20 millions d’euros consenti par Agromousquetaires, qui vise une hausse des ventes de sa filière française de 30 % d’ici à 2020, doit préserver la compétitivité du site pour les 20 à 30 prochaines années. Mais pas seulement. Car pour répondre au 3e plan de performance du groupe (2015-2020), Les Moulins de Saint Aubert, ainsi que les trois autres sites de la filière, partiront davantage à la conquête de marchés extérieurs (RHD et export) en complément des livraisons des enseignes Intermarché et Netto. « On aura la capacité d’aller jusqu’à consacrer 25 à 30 % de notre chiffre d’affaires avec des partenaires extérieurs », explique Olivier Dumont.
Dans cet objectif, l’usine a remodelé l’ensemble de son schéma industriel. Les cheminements « personnels » ainsi que les flux « poids lourds » ont été totalement reconsidérés, l’unique quai d’expédition triplé, et la chambre froide agrandie. Une nouvelle salle des machines est en cours de montage. Les compresseurs de nouvelle génération devraient permettre d’économiser 10 à15 % d’énergie par la récupération des chaleurs des compresseurs froid ou air. Et pour répondre aux certifications BRC et IFS, l’usine sera également totalement sécurisée.
Les Moulins de Saint Aubert se sont spécialisés dans la production de baguettes entrée de gamme depuis leur création en 1988. Les trois lignes actuelles produisent du pain blanc fabriqué sous forme de produits crus ou de produits précuits surgelés, traditionnellement consommé dans le nord de la France.
Les évolutions de consommation ajoutées à la concurrence de nouveaux acteurs (Boulangerie Louise, Marie Blachère, Lidl…) ont fortement bouleversé les cartes sur ce segment très disputé par les artisans, les GMS ou ces nouvelles chaînes spécialisées. On estime d’ailleurs que près de 4 000 nouveaux points de vente distribuant des produits de boulangeries ont vu le jour ces dernières années en France… De telles évolutions ont donc incité Intermarché à se repositionner sur un marché très convoité en reprenant l’offensive. L’enseigne a revu de fond en comble sa gamme de boulangerie et s’est réorganisée pour éviter des transferts logistiques inutiles entre sites.
Par ailleurs, l’incendie accidentel des Moulins de la Chaume à La Voulte-sur-Rhône (07) a accéléré le plan directeur industriel tourné vers les filières d’excellence. Une stratégie qui s’est conjuguée avec une volonté très forte de réaménager le rayon pains et pâtisseries des enseignes. « C’est un rayon qui ne pèse pas forcément très lourd dans le chiffre d’affaires d’un magasin, mais qui est extrêmement important en termes d’image et d’attractivité », constate Olivier Dumont.
Avec son nouveau site ardéchois à la reconstruction duquel il a consacré 45 millions d’euros, mais surtout avec l’agrandissement du site de Beuvry, Intermarché est désormais apte à défier à armes égales les nombreux acteurs implantés en Hauts-de-France.
Avec les filières charcuterie, bœuf et la marée, la filière boulangerie-pâtisserie fait en effet partie de l’une des quatre filières d’excellence figurant dans le plan directeur industriel défini par Agromousquetaires voici 3 ans et demi.
Une nouvelle base logistique
Intermarché vient de lancer les travaux de sa nouvelle base logistique située à Avion près de Lens (62), qui seront réalisés en deux phases. Le nouveau bâtiment regroupera les produits frais/gel de l’ancienne base de Bruay-la-Buissière (62) dès 2018 et les produits secs et d’épicerie de celle de Vimy (62) en 2021, qui emploient à elles deux 333 salariés. Les 60 000 m2 (plancher total) seront implantés sur 25 hectares et desserviront les 123 Intermarché du Nord-Pas de Calais et d’une partie de la Somme. La nouvelle base devrait employer 292 salariés dont une majorité des deux anciennes bases destinées à « être revitalisées ».