L’écolabel Pêche durable vise l’excellence
L’écolabel veut se démarquer des signes concurrents, notamment du MSC, en mettant en avant la qualité des produits de la pêche française ainsi que son savoir-faire. Explications avec le président de la commission de travail.
FranceAgriMer (FAM) vient de lancer l’écolabel Pêche durable en France. C’est l’aboutissement d’une concertation de dix ans, amorcée par les partenaires de la filière à l’occasion du premier Grenelle de l’environnement. Présenté au dernier Salon de l’agriculture de Paris, « ce projet de filière aura été enfanté dans la douleur. Mais aujourd’hui, nous sommes arrivés à la phase opérationnelle », se félicite José Jouneau, président de la commission de travail créée en 2012 qui a élaboré le référentiel avec deux niveaux de certification (amont et aval). « Il a fallu que tous les partenaires se l’approprient, et surtout s’assurer, qu’une fois approuvé par l’ensemble de la filière, tous aillent dans le même sens », ajoute-t-il.
La certification aura une durée de validité de 5 ans pour la production et de 3 ans pour la commercialisation. Des audits annuels de suivi sont également prévus. Le Comité français d'accréditation (Cofrac) pourra même accréditer des demandes étrangères. Les textes prévoient la certification des plats transformés et l’affichage du logo à partir d’un certain pourcentage d’utilisation de poissons issus de la pêche durable. Ce référentiel réunit des critères sociaux et environnementaux. « Cet écolabel va bien au-delà de la réglementation, c’est une démarche d’excellence », expliquent Claire Geroudet et Marie-Hélène Angot de FAM. « Les acteurs de la filière peuvent d’ores et déjà se l’approprier », complétait de son côté Éric Allain, alors directeur général de FAM.
Cet écolabel arrivera-t-il à se faire une place parmi tout un florilège de marques et de signes comme MSC, ASC, Blue Fish, Pavillon France, Mister Goodfish… ?
20 ans après MSC
N’arrive-t-il pas trop tard alors que MSC fête cette année ses 20 ans et ASC ses 7 ans d’existence, tant on sait le temps qu’il faut pour que le consommateur soit réceptif à de tels signes de différenciation ? José Jouneau, par ailleurs président du comité des pêches des Pays de Loire et président de l’OP Vendée, reconnaît les quelques longueurs de retard de la démarche sur « un MSC apparu au bon moment ». « Mais avec MSC, on a pris le problème à l’envers, juge-t-il, cette marque a été créée à la demande des GMS et les professionnels ont dû se plier aux contraintes dictées par l’aval. »
Avec l’écolabel, « nous voulons mettre en avant un produit noble pêché sur une zone et auquel sont associées des valeurs sociales et environnementales. Ce n’est pas un produit banalisé qui atterrit dans l’assiette du consommateur final. Non, bien au contraire, c’est un produit d’exception et de qualité », insiste José Jouneau.
Thon rouge à la palangre de l’Île-d’Yeu
Un tout premier dossier initie l’écolabel. C’est celui des « Pêcheries du thon rouge à la palangre de L’Île-d’Yeu » qui pourrait être certifié dès la fin de cette année. « On s’aperçoit des difficultés au fur et à mesure que l’on progresse dans la démarche, mais il faut amorcer la pompe », précise José Jouneau qui met un point d’honneur à démontrer que l'écolabel répond parfaitement aux particularismes de la pêche française. « Il peut devenir un gage de garantie tout comme le label Rouge s’est imposé chez le consommateur », estime-t-il. Les produits de la pêche à pied professionnelle et les produits de l’aquaculture encore privés de la démarche devraient pouvoir y être intégrés après études. « D’autant qu’il existe aussi une aquaculture d’exception », précise-t-il.