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Produits biologiques
Léa Nature investit 100 M€ pour faire face à une concurrence accrue

Alors que bon nombre d’acteurs conventionnels cherchent des relais de croissance dans l’agriculture biologique, le spécialiste Léa Nature renforce ses capacités industrielles pour faire face à cette nouvelle concurrence.

La concurrence s’accentue dans l’univers des produits biologiques avec l’arrivée de nouveaux acteurs non spécialisés attirés par les croissances à deux chiffres du secteur. « En 2017, l’offre de produits biologiques a augmenté de 20 % en grande distribution, et la taille des linéaires dans la même proportion. Nous avons comptabilisé 70 nouvelles marques qui sont arrivées dans l’univers du bio avec une stratégie d’atteindre entre 10 et 20 % de leur chiffre d’affaires en bio dans les trois ans », observe Guillaume Hannebicque, directeur des marques alimentaires du groupe Léa Nature. Tous les indicateurs sont au vert pour le marché des produits biologiques. D’un chiffre d’affaires de 8,2 milliards d’euros en 2017 (+18 % par rapport à 2016), « le marché pourrait atteindre 12 milliards en 2020 et 20 milliards en 2025 », prévoit Charles Kloboukoff, président-fondateur de l’entité Léa Compagnie Biodiversité (Léa Nature, Ekibio, Bioléa et ses filiales internationales).

70 nouvelles marques sont arrivées dans l’univers du bio

« Il y a trois ans, le marché français était six fois moins important qu’en Allemagne. La France a désormais rattrapé son retard. Nous venons d’avoir deux années fortes de croissance. Mais pour réellement faire la bascule et suivre le développement de la consommation – 5 % des achats alimentaires devraient se faire en bio en 2019 –, il faudrait au moins que l’agriculture biologique représente 18 % de la surface agricole française », estime-t-il.

Un CA prévisionnel de 600 à 650 M€ en 2020

Les chiffres du groupe sont tout aussi au vert que le marché. Léa Nature a réalisé un chiffre d’affaires de 279 millions d’euros l’année dernière, en croissance de 23,4 %. L’ensemble de la holding regroupant également des activités cosmétiques affiche quant à elle une croissance tout aussi enviable de 22,8 % pour 366 millions d’euros de chiffre d’affaires. Si les prévisions de Charles Kloboukoff se révèlent justes, le groupe se voit aisément atteindre un chiffre d’affaires entre 600 et 650 millions d’euros d’ici à 2020.

Pour assurer ce développement et faire face à cette nouvelle concurrence accrue, le groupe choisit de renforcer ses outils de production. Au programme annoncé en 2017 de 40 millions d’euros jusqu’à fin 2018, Léa Nature ajoute un montant de 60 millions d’euros jusqu’en 2020, lui permettant également de créer 500 emplois, soit 100 millions d’euros investis sur 4 ans.

Bâtiments et machines haute cadence

Parmi les investissements déjà réalisés, le groupe s’est par exemple doté de deux nouvelles machines à infusions haute cadence au sein de son usine à La Rochelle, également siège social du groupe, ainsi que d’une machine pour le conditionnement de « superfoods ». L’investissement s’élève à 4 millions d’euros et a permis de réaliser une production de 13 millions de boîtes infusions en 2017. Pour son pôle traiteur (salades fraîches et pizzas bios), le groupe a récemment inauguré un site de 3 000 m² à Saint-Chamond (42) destiné à la fabrication de salades fraîches composées de sa filiale BPC Kambio. Cette entreprise a ainsi triplé la surface de son atelier de production. À Seissan (32), le groupe a installé au début de l’année 2018 une ligne de pizzas et de tartes salées, avec une production en froid pour conserver la qualité organoleptique des ingrédients. L’investissement s’est élevé à 4 millions d’euros sur les deux sites de production de traiteur frais.

Après avoir acquis Alpha Nutrition en 2014, spécialisé dans la fabrication de tartines extrudées bios et sans gluten, Léa Nature a racheté fin 2017 un bâtiment voisin pour y développer une ligne dédiée aux produits extrudés bios avec fruits à coque. L’investissement a été de 5 millions d’euros pour une capacité de production de 22 millions d’unités.

Une nouvelle ligne de transformation de céréales

Parmi les futurs projets du groupe, une ligne de transformation des céréales et graines devrait être installée sur le site d’Ekibio, en Ardèche, à l’horizon 2019-2020, pour un montant de 8 millions d’euros. Dans le domaine des jus de fruits et légumes, l’entreprise a acquis un terrain adjacent à l’usine de Vitamont (47) pour la création d’une ligne Tetra Pak à la même échéance pour un investissement de 10 millions d’euros. En 2017, l’usine de Vitamont a produit 7 millions de bouteilles. À Damazan (47), au sein de la conserverie Bioviver, une ligne haute cadence de conserves pasteurisées est prévue pour 2019, après le démarrage en avril 2017 de l’activité de sachets souples (Doypack) sur 2 500 m². L’investissement est de 21 millions d’euros et la capacité de production devrait atteindre 12 millions de sachets repas Doypack et 30 millions de bocaux en verre.

Concernant le projet de la biscuiterie Jean et Lisette porté par plusieurs acteurs régionaux de la filière bio (Cora, Bellot Minoteries), l’ouverture est prévue au printemps 2018 à Saint-Jean-d’Angély (17) sur 2 400 m². L’investissement total était de 6 millions d’euros pour une capacité de production de 8 millions de paquets de biscuits. À l’horizon 2020, ce sont 27 emplois qui devraient être créés. L’unité fabriquera les marques de biscuits Jardin bio et Bisson, dont la production va donc être transférée de Peaugres (07), usine d’Ekibio, à Saint-Jean-d’Angély.

« Nous allons vers une bio à plusieurs vitesses »

« Nous allons vers une bio à plusieurs vitesses. Nous avons des réflexions en cours avec d’autres acteurs pour garder un écosystème cohérent avec nos valeurs. Tout reste encore à construire », confie Charles Kloboukoff. Cette réflexion, menée en parallèle également par Biocoop, fait suite à des rachats successifs de sociétés spécialisées en bio par des groupes conventionnels. Léa Nature avait notamment souhaité acquérir Celnat et Végétalia avant que le groupe espagnol Ebro ne renchérisse. Ces deux opérations ont laissé des traces dans la filière biologique qui souhaite organiser un fonds afin de pouvoir, autant que faire se peut, contrer ces opérations. Pour l’heure, Charles Kloboukoff se dit néanmoins attentif aux éventuelles opportunités et peut-être davantage à l’étranger. Sa dernière acquisition fut Biosurya en Espagne.

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