LDC veut dupliquer son modèle « créateur de valeur » en Europe
Lors de la présentation des comptes semestriels du groupe LDC, le 22 novembre à Paris, Denis Lambert, président du directoire, s’est dit ouvert aux ambitions européennes du groupe familial sarthois, aujourd’hui champion français incontesté de la volaille élaborée. Il a bien précisé que les marchés convoités sont ceux des produits à valeur ajoutée « au plus près de l’évolution des besoins », par opposition aux standards de base. « Nous sommes des faiseurs de petites séries », a-t-il souri.
« Nous sommes des faiseurs de petites séries »
Sur le marché français tout d’abord, le pôle volaille parvient à reprendre des marchés des mains d’industriels étrangers. Porté par l’expansion du snacking, le volailler a vendu en RHD (restauration hors domicile) et PAI (produits alimentaires intermédiaires) pour 412,1 millions d’euros au cours des six mois allant du 1er mars au 31 août 2017, soit 10 % de plus par rapport à la même période en 2016. Ayant intégré les outils d’Avril, LDC consacre 35 % de ses volumes à ces circuits, contre 26 % au titre de l’exercice 2016-2017. « Nous progressons beaucoup plus vite que les importations françaises », s’est félicité Denis Lambert.
Le dossier de présentation du 22 novembre illustre la « reconquête des importations » en nombre de poulets par semaine vendus en RHD : 370 000 en juin 2017, 390 000 en octobre 2017 et 480 000 prévus en 2018. Daunat, Bonduelle, Cargill, Bahier, Blédina sont les noms cités des industriels qui ont choisi de s’approvisionner en volailles françaises auprès de LDC. Le pôle volaille a aussi progressé de 2 % en GMS sur le semestre considéré, et de 12,1 % à l’export (hors coproduits et prestations). Au total, son chiffre d’affaires semestriel de 1 288,3 millions d’euros est en progression de 5,6 %.
Égaler la performance hollandaise ou allemande
L’effort financier et technique se porte à l’amont, auprès des éleveurs, comme à l’aval. Le pôle volaille est le bénéficiaire, au côté du pôle traiteur, du bond de 40 millions d’euros des investissements en compétitivité industrielle et santé au travail. 200 millions d’euros sont programmés au titre de l’exercice 2017-2018 contre 160 millions d’euros au cours des deux exercices précédents. L’usine Volailles de Keranna a été spécialisée en produits pour la GMS et l’usine Robichon a été complètement rénovée pour produire des viandes prêtes à l’emploi chez les assembleurs de la RHD.
Questionné sur les investissements à consentir encore pour conforter la reconquête, Denis Lambert a estimé qu’un troisième site devrait y être consacré « pour être plus compétitif », avouant qu’aucun n’était pour l’heure désigné. Le président-directeur général a estimé qu’en combinant les filières d’élevage et les outils industriels, la filière LDC pouvait égaler la performance hollandaise ou allemande. Il ose espérer que les « mêmes règles du jeu en matières sociale et fiscale » s’établiront tôt ou tard.
En attendant, les exportations du pôle volaille progressent : +12,1 % pour le semestre allant du 1er mars au 31 août 2017. Elles représentent le quinzième d’un chiffre d’affaires frisant les 150 millions d’euros.
Franchir de nouvelles étapes à l’étranger
C’est en Pologne que le « modèle LDC » prend sa mesure en vue de développements dans d’autres pays européens. Dans ce pays, au fil des ans, les produits élaborés, découpes et spécialités de volaille pour la grande distribution se sont substitués aux pièces entières pour les circuits traditionnels. Le canard a pris une part du poulet. Priorité a été donnée à la qualité et au renforcement des marques, dont LDC, Drosed, Zagrodowy. Les sites se sont spécialisés et les finances redressées.
Ces efforts paient aujourd’hui. Le chiffre d’affaires semestriel du pôle international, constitué de la Pologne, a bondi de 16,7 % à 123,8 millions d’euros. Il comprend 20 % d’export vers les pays voisins, une part en croissance de 30 %. La marge opérationnelle de l’activité polonaise atteint 3,1 % de ce chiffre d’affaires, contre 1,4 % au 1er semestre 2016-2017.
À l’affût d’une occasion
Denis Lambert a fait part de son regret de n’avoir pas acquis Moy Park, mis en vente cette année par JBS cette année. Mais il note que cette « belle entreprise » de dimension européenne a été rachetée par Pilgrim’s, une filiale américaine du groupe brésilien. Et se dit qu’une nouvelle occasion pourrait se représenter. Denis Lambert juge souhaitable que 25 % d’activité à l’étranger se réalise « le plus tôt possible », contre 17 % à 18 % aujourd’hui. Le groupe affiche des ventes en croissance dans le Benelux, en Suisse, en Italie, en Allemagne, en Autriche, dans la péninsule ibérique et d’autres pays d’Europe.
129 millions d’euros de capacité d’autofinancement
Le groupe est à l’affût d’entreprises à acquérir en Europe, disposant d’une capacité financière « à la hauteur de (ses) ambitions ». La capacité d’autofinancement s’est établie à 129,2 millions d’euros à la fin août, et la trésorerie nette à 190,8 millions d’euros. Le modèle que l’entreprise familiale souhaite dupliquer en Europe se veut créateur de valeur, s’appuyer sur la performance, la transparence dans le management et le respect des personnes et la simplicité des rapports humains. Des valeurs qu’il souhaite partager avec ses 18 500 salariés. Il se veut aussi ancré dans l’économie locale, ce qui est le cas dans le soutien de la filière avicole et auprès de 5 800 éleveurs français.
Des résultats entachés par les matières premières et les promotions
Le 22 novembre, les dirigeants de LDC ont présenté des résultats financiers « satisfaisants » pour le premier semestre 2017-2018 (du 1er mars au 31 août 2017), en dépit des dépenses consenties pour soutenir la consommation de volailles en France et des surcoûts des matières premières dans le pôle traiteur, qui n’ont pas été répercutées à l’aval. Le résultat opérationnel courant passe de 5,3 % du chiffre d’affaires de 1 734,5 millions d’euros pour le premier semestre 2016-2017 à 5 % de 1 850 millions d’euros pour le 1er semestre 2017-2018. Le pôle traiteur bénéficie de la stratégie de développement du fond de rayon autour de la marque Marie. L’activité traiteur augmente de 7,4 %. Une progression en valeur supérieure à la progression en tonnage de 6 %, en dépit du manque de revalorisations tarifaires.