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Sécurité sanitaire
L’affaire Lactalis met en cause les autocontrôles

Les industriels n’ont l’obligation de notifier aux services de l’État que la découverte d’une contamination sur les produits finis et non les résultats positifs dans l’environnement de production. L’affaire Lactalis fera-t-elle bouger les lignes ?

Les marques Milumel, Picot et Taranis ont été concernées par le rappel.
© DR

Il aura fallu un article du Canard enchaîné pour que Lactalis communique sur deux analyses positives à la salmonelle réalisées en août et en novembre dernier au sein de son usine de Craon, en Mayenne. L’article paru le 3 janvier dernier dans l’hebdomadaire met notamment en cause les services de l’État. Il affirme que des inspecteurs vétérinaires n’ont rien détecté lors d’une visite de contrôle en septembre. Dans sa réponse, le ministère de l’Agriculture a reconnu qu’aucune anomalie n’avait été décelée en septembre dans l’usine lors d’un contrôle sanitaire, parce que l’inspection portait sur un nouvel atelier de mélanges de céréales et non sur les activités de poudre de lait. En outre, les avis divergent concernant les autocontrôles réalisés par le groupe Lactalis sur ces mois d’août et de novembre.

De son côté, le groupe de Laval explique que « les deux seules analyses positives, l’une en août et l’autre en novembre, de traces de salmonelle ont été révélées uniquement dans l’environnement et non dans les produits ». Il ajoute que « cela a donné lieu comme il se doit à l’application d’un programme de nettoyage adapté et à des contrôles renforcés sur les lots fabriqués à ces dates. Contrôles qui se sont tous révélés négatifs ».

La justice déterminera les responsabilités

Le groupe affirme que « toutes ces analyses ont été transmises aux autorités compétentes dès le début ». De son côté, le ministère de l’Agriculture conteste et indique n’avoir « pas eu connaissance » des résultats de ces autocontrôles. L’enquête préliminaire ouverte fin décembre par le parquet de Paris pour « blessures involontaires », « mise en danger de la vie d’autrui », « tromperie aggravée par le danger pour la santé humaine » et « inexécution d’une procédure de retrait ou de rappel d’un produit », devrait faire la lumière sur les responsabilités des uns et des autres.

Dans un communiqué du 3 janvier, Foodwatch dénonce le système « opaque » des autocontrôles. Pour l’association, « il faut d’urgence mettre fin à un système qui semble faire une confiance aveugle aux autocontrôles opaques ». « La Cour des comptes pointait déjà du doigt en 2013 des anomalies graves liées aux autocontrôles. Elle dénonçait le fait que des non-conformités révélées par des autocontrôles n’étaient pas toujours portées à la connaissance de l’État. Elle évoquait des mesures plus contraignantes qui n’ont pas été mises en œuvre », souligne Ingrid Kragl, directrice de l’information de Foodwatch.

La contamination pourrait être une résurgence du cas de 2005

L’usine de Craon, en Mayenne, a déjà été à l’origine d’une contamination à la salmonelle en 2005, un an avant d’être acquise par le groupe Lactalis. L’usine appartenait alors à la société Celia. Entre le 4 janvier et le 3 juin 2005, 146 cas de salmonelle Agona avaient été identifiés sur l’ensemble du territoire. Les poudres de lait infantile Picot et Blédilait (Blédina), fabriquées sur les lignes de production de Craon, avaient alors été mises en cause. La bactérie à l’origine de la contamination pourrait être la même que celle qui frappe le site à l’heure actuelle, selon la Revue de l’industrie agroalimentaire (RIA). « Si les analyses en cours doivent le confirmer formellement, tout semble concorder pour dire que la souche S. Agona de 2017 dériverait de celle de 2005 », a indiqué Simon Le Hello, bactériologiste de l’Institut Pasteur, à nos confrères.

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