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La gestion des langoustines à Lorient, un cas d’école

Premier port français pour la langoustine, Lorient cherche les moyens d’améliorer la vitalité du crustacé pour le vendre plus loin et augmenter sa valeur. Explications du gestionnaire du port et d’un représentant de Pêcheurs de Bretagne.

Sur les 3 600 tonnes de langoustines pêchées dans l’année en France dans le golfe de Gascogne, la criée du port de Lorient en voit passer 880 tonnes. C’est le premier port de débarquement français de celle qu’on appelle la demoiselle, « un produit rare et qualitatif », se réjouit Jean-Paul Solaro, président de la SEM Lorient Keroman, gestionnaire du port. La demoiselle de Lorient ? Un savoureux crustacé pêché une grande partie de l’année du sud de Belle-Île en Mer au sud de l'archipel des Glénan entre 80 et 100 mètres de profondeur par trente-cinq chalutiers langoustiniers lorientais de 12 à 16 mètres.

Mais il s’agit d’un crustacé qui ne se commercialise bien que s’il est parfaitement vivant, autrement dit, s’il frétille sur l’étal du poissonnier. « C’est un produit qui se transporte difficilement au-delà de quelques centaines de kilomètres », précise Jean-Paul Solaro. Les deux tiers des 900 tonnes de langoustines débarquées chaque année à Lorient s’écoulent dans l’Ouest, le dernier tiers surtout sur le marché de Rungis. Pourtant, qu’ils soient lorientais ou situés dans les ports compris entre Le Croisic et Le Guilvinec – cent trente-cinq chalutiers adhérents de l’organisation de producteurs Les Pêcheurs de Bretagne font 90 % du quota national –, les langoustiniers prennent déjà grand soin de cette ressource.

Non seulement ils ont des pratiques de pêche durable pour préserver le stock – panneaux à mailles carrées, maillage de 80 millimètres pour laisser s’échapper les plus jeunes langoustines, taille minimale de capture de 9 centimètres contre 7,5 centimètres au niveau européen –, mais ils disposent d’équipements pour préserver toute la vitalité des langoustines. Leurs navires sont tous équipés de viviers par immersion ou aspersion pour conserver les langoustines dans le meilleur état de fraîcheur. Sous la criée de Lorient aussi, il existe des équipements spécifiques en faveur de la qualité. Par exemple, une salle de brumisation de 230 m2 à température dirigée de 6-7 °C, ou encore un double convoyeur pour réduire le temps de passage de la demoiselle en criée.

11 euros du kilogramme en taille 4 sous criée

Avec un tel luxe de précaution, la langoustine se négocie autour de 11 euros du kilogramme en taille 4 sous criée depuis plusieurs années, selon Thomas Rimaud, chargé d’étude aux Pêcheurs de Bretagne. La pêcherie constitue une activité parfaitement rentable pour les pêcheurs, surtout depuis que le prix du gasoil a baissé il y a trois ans. Mais comment étendre la distance parcourue par la langoustine vivante pour développer le marché et augmenter sa valeur ? La filière y travaille.

Nous allons doubler les capacités des viviers

« Nous démarrons cette année une étude pour définir quels critères techniques adopter pour que les pêcheurs, les halles à marée, les mareyeurs et les transporteurs prolongent la durée de vie des langoustines », explique Thomas Rimaud. Les résultats sont attendus en fin d’année. En parallèle, sous la criée de Lorient, des investissements se poursuivent pour accroître les zones de bonne conservation des crustacés, dont les langoustines. « Ce sont en particulier les viviers dont nous allons doubler les capacités prochainement », explique Jean-Paul Solaro.

Plan d’investissement du port

Premier port de pêche français en valeur comme en volume (82,8 millions d’euros pour 26 219 tonnes débarquées en 2017), Lorient « constitue une plateforme logistique de 275 entreprises et 3 000 emplois directs », précise son président, Jean-Paul Solaro. Une plateforme qu’il convient d’améliorer en permanence. 30 millions d’euros y ont été investis depuis dix ans, 40 millions le seront d’ici à 2021. Il s’agira, entre autres, de construire une nouvelle station d’eau de mer propre pour les besoins des mareyeurs, d’aménager un système ERP pour la traçabilité ou encore de reconvertir 5 hectares de friches sur site pour installer de nouveaux opérateurs dans la transformation du poisson.

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