« Gibier de France », une nouvelle marque pour contrer les importations de gibier
La France la moitié de son offre de viande de gibier. Le pays manque de débouché rentable pour sa venaison de plus en plus abondant Afin de mieux valoriser cette viande, la FNC lancé le label “Gibier de France”, pour renforcer cette filière, encore fortement contrainte et en perte vitesse.
La France la moitié de son offre de viande de gibier. Le pays manque de débouché rentable pour sa venaison de plus en plus abondant Afin de mieux valoriser cette viande, la FNC lancé le label “Gibier de France”, pour renforcer cette filière, encore fortement contrainte et en perte vitesse.
Ce 7 octobre 2025, la Fédération nationale des chasseurs (FNC) a lancé la marque-label « Gibiers de France », une première en Europe selon son directeur, Nicolas Rivet. L’objectif est de mieux valoriser la venaison française en développant des débouchés rentables en distribution. Cette marque-label mise sur la transparence et la traçabilité, du territoire de chasse jusqu’à l’assiette du consommateur, garanties par l’organisme certificateur Certipaq.
« Nous avons opté pour une marque privée, car la production de gibier n’est pas uniforme. Elle ne permet pas, pour l’heure, de prétendre à des labels nationaux comme le Label Rouge », précise Nicolas Rivet.
Lire aussi : Comment la filière gibier se structure en France
Une nouvelle marque label du gibier pour une origine 100 % française
« Cette marque label est une garantie d’une viande certifiée 100% française, issue exclusivement du gibier sauvage prélevé dans nos territoires » indique le président de la FNC.
L’ancienne marque, « viande de gibier » lancée il y a neuf ans, n’offrait plus ces garanties. « On y trouvait tout sauf du gibier français », s’indigne le président de la Fédération nationale des chasseurs lors d’une conférence de presse.
« On y trouvait tout sauf du gibier français »
Selon lui, une grande partie des venaisons commercialisées sous ce label provenaient en réalité d’Asie ou des pays scandinaves. Il pointe du doigt le manque d’authenticité de ces viandes importées : « Ce n’est pas toujours du véritable gibier sauvage. En Nouvelle-Zélande, les cerfs sont élevés dans des parcs, et en Europe de l’Est, les lièvres sont nourris aux granulés.». À l’inverse, rappelle-t-il, « le gibier chassé en France vit à l’état sauvage et choisit librement son alimentation tout au long de sa vie ».
Encore trop d’importation de gibier en France
Aujourd’hui, 51 % de la venaison vendue en France est importée. « Cette arrivée massive de gibier étranger fait chuter les prix sur le marché français », déplore le président de FNC.
« C’est plus facile de commercialiser du gibier importé, la viande arrive déjà découpée, éviscérée, et elle est conditionnée sous vide »
Il y a une vingtaine d’années, un service de traitement du gibier existait encore à Rungis, ce qui facilitait la commercialisation de la venaison française. Mais cette activité a cessé à cause de la réglementation sur le transport et la prise en charge du gibier. Depuis, les opérateurs de Rungis, préfèrent importer du gibier, ce qui est moins contraignant et moins couteux à commercialiser. « C’est plus facile de commercialiser du gibier importé, la viande arrive déjà découpée, éviscérée, et elle est conditionnée sous vide, ce qui est bien plus pratique pour les distributeurs » selon Olivier Touchard, chargé de mission pour la FNC.
L’offre française en recul, malgré la prolifération du gibier
Selon l’OFB, la population de grands gibiers en France (sangliers, chevreuils, cerfs) augmente, à l’inverse, le nombre de chasseur se réduit drastiquement. Ils sont désormais un peu moins d’un million, ce qui rend plus difficile la régulation des ces animaux sauvages sur l’ensemble du territoire.
Une offre commerciale française encore marginale
La viande de gibier ne représente que 1% du total de la viande vendue en France, soit 36 000 tonnes, selon les chiffres de 2021 du CGAER. Aujourd’hui, seulement 15 % du gibier prélevé en France entre dans un circuit de distribution officiel. Le reste est autoconsommé à 30% ou distribué de manière informelle à 55 %.
« Il y’a un problème de destination du Gibier en France, On ne sait pas quoi faire de la venaison chassée. Les contraintes réglementaires nous restreignent énormément. C’est comme ça qu’on en arrive à importer autant, alors qu’on a du gibier en France », déplore le président de la FNC. « Il faut trouver des débouchés à la venaison. » alerte le directeur son directeur.
Des contraintes réglementaires lourdes pour la filière
Depuis l’entrée en vigueur du “paquet hygiène” européen de 2009, la commercialisation du gibier s’est considérablement complexifiée. Un chasseur ne peut vendre qu’un animal entier, avec peau et éviscéré. « C’est très contraignant, le boucher doit disposer d’une chambre froide spécifique, séparée pour entreposer du gibier “sale” à cause de sa peau, afin d’éviter toute contamination avec les denrées propres. C’est coûteux et cela limite le nombre de bouchers distributeurs. La même problématique se retrouve chez les restaurateurs », explique Olivier Touchard.
De plus, le poids d’une carcasse entière de sanglier pèse en moyenne 50 kg et se conserve moins de huit jours. « Un boucher comme un restaurateur n’ont pas la garantie de pouvoir écouler leur carcasse de sanglier dans les temps » précise notre interlocuteur.
« les chasseurs peuvent débourser jusqu’à 200 € par animal, pour les analyses »
À cela s’ajoute le coût du bilan sanitaire, obligatoire pour chaque animal : « les chasseurs peuvent débourser jusqu’à 200 € par animal, pour les analyses », ce qui fait grimper le prix de vente et réduit la compétitivité de la viande. Or selon la réglementation, les sociétés de chasse doivent appliquer des tarifs de vente fixe pour le gibier : 1 €/kg pour le sanglier, 4 €/kg pour le chevreuil.
La découpe de gibier reste contrainte
Par conséquence, la transformation en découpe de la viande de gibier reste limitée à quelques acteurs comme la société Nemrod. Mais ses 26 enseignes ne parviennent pas à couvrir l’ensemble du territoire national. Certains chasseurs doivent parcourir de longues distances pour pouvoir faire découper leur gibier.
Des ateliers expérimentaux de découpe de viande de gibier pour relocaliser la transformation
La FNC et les fédérations départementales de chasseurs expérimentent depuis juin 2024, la mise en place d’ateliers de transformation du gibier non agréés (ATGN), installés au sein de cabanes de chasse dans sept départements pilotes : Yvelines, Landes, Eure, Nièvre... Ces ateliers, bénéficient d’une autorisation sanitaire dérogatoire. Ainsi les chasseurs peuvent eux-mêmes, éviscérer et découper la viande. L’expérimentation, suivie par la DGAL et l’IFIP, doit se poursuivre jusqu’en mai 2026, avant une possible généralisation. Le coût moyen d’installation d’un ATGN est estimé entre 30 000 et 40 000 euros. « Ces ateliers sont essentiels pour relocaliser la transformation et raccourcir les circuits de commercialisation » explique Olivier Touchard.
Pour plus d’accessibilité de la venaison en magasin
Pour la Fédération, le gibier n’est pas seulement un produit de tradition, c’est une viande moderne, locale et durable, capable de séduire les consommateurs soucieux d’origine et de traçabilité. « L’enjeu est de créer le besoin d’achat de gibier en magasin. Pour cela, il faut que cette viande soit visible et promue », précise le président de la FNC.
« Nous ne voulons pas faire une filière élitiste, mais accessible »
La FNC veut rompre avec la saisonnalité du gibier, aujourd’hui cantonné à la période de chasse. Mais un des enjeux reste toutefois la maîtrise des prix. « Nous ne voulons pas faire une filière élitiste, mais accessible », martèle Willy Schraen en prenant l’exemple du Royaume-Uni, où la viande de cerf est disponible toute l’année à 11,5 €/kg en grande distribution.
Des initiatives locales initiées par les fédérations départementales de chasseurs, comme l’introduction de viande de gibier une fois par mois dans les cantines d’es collèges de Haute-Marne, visent à banaliser la consommation de venaison.
Afin de faire mieux connaitre la venaison française et son label, au grand public, la FNC a lancé son site internet ce mois d’octobre, et compte déployer une campagne publicitaire en télévision et renforcer sa présence à des salons.