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Logistique
Gestion du transport : contraintes et perspectives

Les industriels de l’agroalimentaire peuvent en partie pallier les défaillances des transporteurs et les défauts de livraison, réduire leurs coûts et incidences négatives. État des pratiques et perspectives.

© Eric Gevaert - stock.adobe.com

L’Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF) et BP2R, bureau de conseil et d’audit en supply chain, voient quelques bons signes dans l’attitude des industriels et distributeurs à l’égard des transporteurs. Leur « enquête chargeurs sur la conjoncture du transport routier de marchandises », menée en début d’année, montre l’intérêt croissant des donneurs d’ordre pour les partenariats durables, l’optimisation des moyens dont on dispose ou les solutions organisationnelles. Par ailleurs, selon l’édito du compte rendu, « les réponses “réflexes” (multiplication des prestataires, recours à des transporteurs étrangers, ndlr) ne progressent pas ».

Pour résoudre les difficultés capacitaires des transporteurs routiers, dont la cause principale est le manque de conducteurs sur le marché du travail, les chargeurs souhaitent à 81 % nouer des relations durables avec leurs prestataires, une réponse en augmentation de 10 points par rapport à l’enquête du début 2018. Seuls 29 % des répondants pensent qu’augmenter le nombre de prestataires est une réponse adéquate à la crise capacitaire, même si 36 % envisagent de le faire pour 2019. Des solutions sont en nette hausse par rapport à l’an dernier : la régularité du plan de transport ; la révision du schéma logistique ; la flexibilité donnée aux prestataires ; la mutualisation avec d’autres chargeurs ainsi que l’amélioration des conditions d’accueil des conducteurs.

Arbitrages commerciaux

Maël Barraud, chargé de la commission logistique à la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (Feef) et patron de Fluide, plateforme collaborative d’optimisation des flux de marchandises, considère que les PME pourraient éviter des pénalités logistiques en gagnant en synchronisation. « Les entrepôts des distributeurs sont comme des usines, compare-t-il, le moindre grain de sable, en l’occurrence une livraison en retard, entraîne une baisse de productivité. » Il pense que les visites en entrepôts, qu’il organise pour la Feef, participent à la prise de conscience des responsables des livraisons. Ces entrepôts impressionnent, parce qu’ils sont de plus en plus robotisés.

Dans le futur, on prendra rendez-vous pour livrer

Il aimerait qu’au sein des PME, la communication soit meilleure entre les commerciaux et responsables des livraisons. En tant que spécialiste des systèmes d’information, Maël Barraud annonce de grands progrès dans l’anticipation des activités industrielles, reposant sur la connaissance ou l’estimation des volumes de produits en stock dans l’entrepôt du client. La livraison pourra, elle aussi, se programmer. « On travaille pour un futur dans lequel on prendra rendez-vous pour livrer », indique-t-il.

Pour cette année, les chargeurs (tous secteurs confondus) sont 64 % à prévoir que leurs transporteurs auront des difficultés capacitaires, selon l’enquête sur le transport routier de l’AUTF et de BP2R. L’enquête fait ressortir un taux de défaillance élevé au titre de 2018 : 5,2 %. Les utilisateurs de transport frigorifique donnent une meilleure note (moyenne) aux prestations « en lot via des transporteurs » (4 étoiles sur 5), qu’« en groupage et messagerie » (un peu plus de 3 étoiles sur 5). Enfin, pour 2019, les chargeurs qui prévoient « une croissance modérée à forte de volumes à transporter sur la route » sont 66 % (68 % sous température dirigée). Ils prévoient dans l’ensemble 2,03 % d’évolution générale des prix (idem sous température dirigée).

Transport frigorifique : le pire a été évité

La loi de Finances pour 2019 évite le pire au transport frigorifique. « Le projet de loi proposait d’aligner la fiscalité du GNR, c’est-à-dire du gasoil non routier qui alimente les groupes frigorifiques des camions, sur le carburant », signale Valérie Lasserre, déléguée générale de La Chaîne logistique du froid. La mesure figurait à l’article 19 du PLF 2019. Le GNR bénéficie d’un taux réduit de taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). « Cet alignement aurait entraîné une hausse de plus de 350 % de ladite taxe. Elle aurait eu une incidence catastrophique sur le transport frigorifique compte tenu du poids du GNR dans nos coûts de revient. Nous avons eu des échanges très positifs avec Matignon et Bercy. Finalement, la réponse gouvernementale aux gilets jaunes a occasionné la suppression de toute hausse de la TICPE », poursuit-elle. « Nous resterons vigilants, car ce projet pourrait revenir rapidement », conclut-elle.

Quant à la taxe sur les gaz frigorigènes HFC, applicable en 2021, le transport frigorifique y échappera, notamment au motif que les technologies alternatives ne sont pas disponibles dans le transport routier.

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