Aller au contenu principal

En Espagne, le bio s’exporte plus qu’il ne se consomme

Francisco Javier Maté Caballero, du ministère de l'Agriculture espagnol lors du 12e séminaire international d’information et de réflexion sur l'agriculture biologique, le 28 février, animé par Marine de la Moissonnière, journaliste pour RFI.
© DR

Si l’agriculture bio espagnole doit son développement à l’exportation, le récent réveil de son marché intérieur laisse entrevoir de nouvelles perspectives de croissance. Explications.

La filière bio en Espagne, c’est près de 1,97 million d’hectares (8 % de la SAU) et 37 870 opérateurs (producteurs, transformateurs et distributeurs), à 77 % localisés dans la moitié sud du pays, a indiqué Francisco Javier Maté Caballero, sous-directeur général de la qualité différenciée et de l’agriculture biologique au ministère de l’Agriculture espagnol, lors du séminaire international organisé fin février par l’Agence bio sur l’agriculture biologique.

Les productions végétales tiennent le haut du pavé, représentant 83,9 % de la production bio totale en 2015. En tête, l’huile d’olive ainsi que les légumes frais et pommes de terre, avec des chiffres d’affaires de 442,9 M€ et 226,7 M€. Suivent la viande (206,8 M€) et le vin (198,6 M€). L’huile d’olive, le vin, les fruits à coques et les œufs ont affiché les plus forts taux de croissance ces cinq dernières années. L’offre en viande bio peine à s’imposer, du fait « des difficultés rencontrées pour réunir les conditions nécessaires à l’obtention du signe de qualité », estime Francisco Javier Maté Caballero. Situation géographique et climat incitent à une spécialisation de l’agriculture bio espagnole, qui pourrait s’affirmer ces prochaines années. Depuis trois ans, selon le ministère, ont été mises en place « trois orientations stratégiques : consolider la production, encourager la consommation nationale et soutenir l’organisation et la professionnalisation du secteur ».

Récent réveil de la demande

À la tête des producteurs européens et au 5e rang mondial, l’Espagne n’est que le 6e consommateur en Europe et le 10e mondial. L’intérêt pour le bio ne progresse que depuis 2014, sous l’impulsion des jeunes et d’une évolution des modes de vie. En 2015, les dépenses par habitant pour le bio restaient modérées, à 32,27 €, loin des 145 € des Suédois, des 97 € des Allemands et des 73 € des Français. Un retard qui se constate aussi du côté de la distribution. Seuls 20 % des commerces affichent une offre bio, certains n’en proposant toujours pas, à l’image de Mercadona, pourtant n° 1 des enseignes espagnoles.

4e mondial et 3e européen derrière l’Italie et les Pays-Bas, l’Espagne se positionne à l’inverse depuis plusieurs années comme un exportateur quasi incontournable, lui permettant d’afficher un chiffre d’affaires de 778 M€ (contre 514,5 M€ en 2011). 90 % de ses ventes sont destinées à l’Union européenne (UE) et 95 % concernent des productions végétales.

Des opportunités pour l’UE

Entre 2011 et 2015, les importations espagnoles de produits bios sont passées de 295,5 à 347 M€. Un dynamisme qui devrait se poursuivre à court terme avec l’évolution des habitudes alimentaires et le souhait du gouvernement d’encourager le commerce. Des besoins accrus sont attendus du côté des produits transformés (aliments pour bébé, plats préparés) avec le regain d’intérêt des consommateurs, mais aussi du côté des matières premières et dérivés, en particulier pour l’alimentation animale avec le probable développement de l’élevage bio. De nouvelles opportunités en perspective pour les autres grands producteurs européens.

Les plus lus

Œufs : le bond des importations européennes vient d’Ukraine, mais aussi de Turquie

L’évolution des prix des œufs français, au 19 décembre 2025, expliquée par le journal Les Marchés, qui publie trois fois par…

drapeau turc
Bovins : la Turquie continue sa décapitalisation, l’Europe en profite peu

Alors que les abattages de bovins continuent de progresser en Turquie faute de rentabilité de l’élevage allaitant et laitier,…

Gilles Huttepain, Vice-président de l'interprofession Anvol
Le poulet chinois s’impose en Europe, la volaille française alerte

La filière poulet française s’inquiète d’un afflux inédit en provenance de Chine, qui dégage ses surplus de filets de poulet…

douanier chinois devant un ordinateur
Viande bovine : la Chine enquête toujours sur ses importations et pourrait les limiter

Les résultats de l’enquête chinoise sur les perturbations de son marché intérieur de la viande bovine par les importations ne…

poules rousses en cage dans un élevage
Interdiction des poules en cage : « c’est le bon moment pour agir »

Des députés français demandent la Commission européenne d’inscrire l’interdiction de l’élevage de poules pondeuses en cage…

Dinde en élevage
« La production de dinde est stable en 2025, c’est une bonne nouvelle »

Après plusieurs années de recul, la filière dinde semble retrouver de la stabilité dans les abattages en France. Malgré une…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio