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Filières lait de brebis
En Corse, les entreprises manquent de lait

Le marché des fromages de brebis corses est porteur et pourrait se développer sur le continent. Mais, la production de lait régresse, mettant la filière en danger.

La production fromagère corse se repartit entre 50 %
de fromages traditionnels à pâte molle, 15 % de pâtes
pressées, 15 à 20 % de brocciu (photo) et diverses
productions de diversification.
La production fromagère corse se repartit entre 50 %
de fromages traditionnels à pâte molle, 15 % de pâtes
pressées, 15 à 20 % de brocciu (photo) et diverses
productions de diversification.
© ILOOC

 

La Corse est dans une situation paradoxale.

 

Elle a le lait de brebis le mieux payé des trois bassins traditionnels (entre 1200 et 1250 euros les mille litres). Pourtant, la production ne cesse de baisser, alors que le succès des fromages corses ne se dément pas. « Entre 2008 et 2012, nous avons perdu 1,6 million de litres », indique Antoine Ottavi, président de l’interprofession laitière ovine et caprine de Corse (ILOCC). La collecte s’élevait l’an dernier à 6,5 millions de litres. Cependant, 30 % de la production (quelque 3 millions de litres) sont transformés directement à la ferme. Pour satisfaire la demande des industriels, il manque de 1,5 à 2 millions de litres qui sont importés de Sardaigne et du bassin de Roquefort. « Nous craignons que la baisse de la collecte continue sur la même pente », dit Antoine Ottavi. En Corse, l’accès au foncier reste souvent précaire. Cela n’incite pas à réaliser des investissements productifs ni à l’amélioration de la productivité. L’accès aux financements est difficile. Le sous-équipement, notamment en bâtiments et équipements de traite, est important. Ce qui accroît la pénibilité du travail. De plus, la population des éleveurs est vieillissante : la moitié a plus de 50 ans. Plusieurs actions ont été lancées pour stopper cette hémorragie. Mais, la tâche est difficile.

 

PROJETS D’AOP ET D’IGP

 

Parmi la quinzaine d’entreprises, dont un seul groupe national (Société des Caves), neuf ont créé un GIE pour s’approvisionner à l’extérieur. « Ce sont des solutions à moyen terme, mais à long terme la situation est vraiment problématique, assure le président de l’ILOCC. Il est plus facile d’avoir une collecte propre que de s’approvisionner auprès des grands groupes ». Cette situation fragilise les petites laite- ries qui ne parviennent pas à atteindre une taille critique. Co-produit de la transformation fromagère, le brocciu (420 tonnes par an) est la seule AOP fromagère de l’île de Beauté. Le plateau des fromages corses est pourtant d’une grande richesse. L’un des enjeux de la filière est de parvenir à identifier ses produits avec des signes officiels de qualité. « Nous travaillons sur trois ou quatre projets d’AOP (sartinese, bastelicacciu, venachese, niolo), avec le lait produit en Corse, et sur un projet d’IGP sur les pâtes pressées pour du lait transformé en Corse mais avec la possibilité de s’approvisionner à l’extérieur, explique Antoine Ottavi. Il y a un consensus de la filière autour de ces projets ». La dégradation de la collecte est d’autant plus dommageable que le potentiel de marché des fromages corses est loin d’être exploité. Environ 70 % des fromages sont écoulés sur le marché local et le reste sur le continent (Rungis notamment) et à l’export.

 

VISER LA GMS CONTINENTALE

 

Le marché corse est saturé et la concurrence entre entreprises s’exacerbe. « Pour remettre une dynamique commerciale sur cette filière, la seule voie est la GMS continentale, assure Antoine Ottavi. Mais, cela ne peut se faire qu’en synergie entre plusieurs entreprises ». Bref, faire le grand saut vers le continent pour se donner de l’oxygène, mais avec quel lait ?

 

CHIFFRES CLÉS

 

• 350 producteurs

• Collecte : 6,5 millions de litres

• Production: environ 10 millions de litres

• Fabrications (hors production fermière) : 2 000 tonnes dont 420 tonnes de brocciu

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