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Écouter le consommateur et s'en faire comprendre



Que veut vraiment le consommateur ? Comment agir tout au long de la filière pour y répondre ? Et comment mettre en avant les progrès accomplis ? À l'occasion du Space 2016, Les Marchés Hebdo ont enquêté sur le sujet d'une meilleure adéquation de l'offre des productions animales à la demande en termes qualitatifs. Avec quelques exemples à la clé.

Les organisations de la société civile et opérateurs économiques ont des opinions variées sur ce que les filières animales doivent offrir. Être à l'écoute du consommateur ne suffit pas. Il faut l'informer. Explications.

Anne Legentil, conseillère technique de la fédération nationale Familles Rurales, regrette que les organisations de défense des consommateurs soient obligées d'émettre des « revendications exigeantes », de « mettre la pression » pour obtenir des avancées réglementaires dans le domaine agricole ou alimentaire. Elle le constate aujourd'hui au sujet des antibiotiques en élevage. « On doit demander du “sans antibiotique” pour espérer obtenir une évolution globale de l'ensemble de la filière », observe-t-elle. Les syndicats de défense des agriculteurs ne s'opposent que davantage aux contraintes que veulent leur imposer les représentants de la société civile. Sauf quand l'intérêt est partagé. Éleveurs et consom-mateurs sont par exemple d'accord pour indiquer l'origine des viandes brutes ainsi que l'origine des viandes et du lait dans les produits élaborés. Familles Rurales revendique cette transparence depuis déjà dix ans.

L'organisation a mobilisé ses associations l'an dernier pour lancer une enquête auprès de consommateurs. Sept cents questionnaires, provenant majoritairement des familles adhérentes, sont remontés de soixante-treize départements et ont servi à montrer que les attentes en termes d'information sur les viandes et produits transformés restaient non satisfaites, trois ans après le scandale des lasagnes à la viande de cheval. Le premier critère de choix exprimé était bien l'origine (28 % des répondants) pour une viande achetée en l'état. C'était également l'origine de la viande dans un plat préparé (23 %), suivi de près par le prix (20 %).

Regard des organisations professionnelles

Les organisations citoyennes ne décrivent toutefois pas clairement ce que les consommateurs désirent acheter. Le prisme des organisations professionnelles est-il plus fiable ? L'Ifop avait réalisé une enquête sur les critères de choix des viandes en mai 2014 à la demande du Sniv-SNCP (aujourd'hui Culture Viandes) auprès de mille personnes. Sur 740 acheteurs de viande fraîche en grandes surfaces, 26 % avaient déclaré comme premier critère de choix l'origine française, et 10 % « une viande produite localement ». Ce premier critère de choix était en compétition avec « la couleur, l'aspect de la viande », qui a été naturellement choisi par 44 % des acheteurs. L'âge se révélait déterminant en matière d'origine française ou locale, les répondants privilégiant d'autant moins ces critères qu'ils étaient jeunes. Au vu de l'enquête de l'industrie des viandes, le consommateur de demain ne serait peut-être pas aussi patriote ou régionaliste que celui d'aujourd'hui.

Mettre en confiance

Les coopératives d'agriculteurs, qui ont des filiales industrielles et sont de plus en plus expertes en marketing, font la synthèse entre la demande des consommateurs, les « demandes sociétales », celles des clients distributeurs et

les offres des agriculteurs. « Être à l'écoute du consommateur, c'est aussi être capable de transformer sa demande », exprime François Attali, nouveau directeur de la stratégie et du marketing du groupe Terrena, venant de la même fonction dans le groupe laitier Sodiaal. « Comme en politique, on est soumis à l'opinion ou bien capables de définir une ligne stratégique d'intérêt général », affirme-t-il.

Être à l'écoute du consommateur, c'est aussi être capable de transformer sa demande

François Attali veut que le consommateur soit informé, « mis en confiance ». « Les gens n'ont plus de lien avec l'agriculture, et la publicité ne leur donne pas une vision réaliste, déplore Anne Legentil de Familles Rurales, ils ont besoin d'un certain nombre de clés de compréhension pour donner un avis éclairé. » L'enquête Eurobaromètre « résistance antimicrobienne » de la Commission européenne a mis en lumière en avril dernier les lacunes des Européens. Ainsi, seulement 37 % des répondants de tous pays, et 40 % des répondants français, savaient que l'usage des antibiotiques en tant que facteur de croissance des animaux était interdit dans l'Union européenne. Mais, résultat éclairant, 56 % des Européens et 50 % des Français étaient d'accord pour qu'on traite un animal malade.

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