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Décapitalisation bovine : quelles conséquences pour l’export ?

Dans un contexte de décapitalisation du cheptel, la filière viande bovine rappelle qu’un meilleur équilibre doit être trouvé entre exporter ou engraisser en France. Celui-ci se fera en fonction des prix proposés.

Le Sommet de l’élevage 2022 a été l’occasion pour la filière bovin allaitant de se rassembler le 6 octobre 2022 et de dresser un bilan de la décapitalisation en cours qui entraîne des risques de manque de disponibilité de la viande, et d'évoquer ses conséquences sur les exportations.

La France exporte chaque année 1,5 million de bovins vifs et 230 300 tonnes de viande bovine à travers le monde, contribuant à l’équilibre financier de la filière viande bovine.

Mais en parallèle, la décapitalisation du cheptel a amputé le secteur de près de 650 000 têtes en cinq ans et pourrait atteindre une baisse d’un million supplémentaire d’ici 2030 si la tendance perdure.

Plusieurs pistes ont été évoquées durant la table ronde d’Interbev, pour une filière qui cherche son équilibre, alors qu’elle est secouée par des aléas climatiques et géopolitiques.

Un besoin urgent de revalorisation

Si la raréfaction de l’offre amène à une revalorisation mécanique des prix, la filière rappelle une énième fois que l’amont a besoin d’une meilleure rémunération, afin de produire des carcasses plus petites et répondre aux demandes des consommateurs français mais aussi espagnols.

« Les bêtes en France sont trop grosses », commente Javier Lopez, directeur de Provacuono, l’interprofession de la viande bovine espagnole. L’ensemble des intervenants a regretté que malgré de nombreux appels à l’aide, les prix du marché ne sont pas aux prix des coûts de production.

" Soutenir l’abattage en France ", Dominique Guineheux, président du Club Viande bovine Europe

Les éleveurs s’adapteront pour diminuer leurs charges, avec la recherche de l’autonomie alimentaire, qui s’accompagne souvent d’une diminution du cheptel de leur exploitation, accentuant la décapitalisation nationale. « La rémunération est la seule solution et permettra par ailleurs l’installation des jeunes », insiste Guillaume Gauthier, secrétaire général adjoint de la FNB.

Développement de la contractualisation

« Il faut soutenir l’abattage en France avec sécurisation des approvisionnements. En tant qu’abatteurs, on n’a pas d’autre choix que de contractualiser. Les contrats doivent être tripartites entre éleveur, fournisseur et abatteur. Si en plus il y a aussi un distributeur, c’est le mieux », indique Dominique Guineheux, président du Club Viande bovine Europe.

« Il doit y avoir une volonté politique d’engraisser plus en France », ajoute Michel Fénéon, président de la commission import-export de la FFCB (Fédération Française des commerçants en bestiaux).

Un équilibre à construire

Si les intervenants de la table ronde prônent l’abattage en France, ils rappellent également que l’export ne doit pas être oublié pour autant. « Le choix de l’export ou de l’engraissement en France se fera en fonction du prix. Priorité à la rémunération », résume Michel Fénéon.

« Il ne faut pas arrêter l’export pour 100 % d’engraissement en France, ça serait un échec ! », avertit Philippe Dumas, représentant de la Coopération Agricole. « Il y a un équilibre à trouver, que nous allons construire, note-t-il. Le 100 % contrat n’est pas une bonne idée non plus. Regardons ce qui se passe dans d’autres filières, et notamment chez les céréaliers, où une partie de la production est contractualisée et une autre partie est sur le marché libre ».

Les prix s’établiront en fonction de l’offre et de la demande, en France et à l’étranger, en plus des contrats. Les intervenants se disent prêts à aller voir tous ensemble la grande distribution, et en cas de mésentente sur les prix, prendre des décisions radicales telles qu’arrêter de faire naître. « On verra ce qu’en dit le consommateur si on ne lui propose que de la viande importée », ironise Dominique Guineheux.

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