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Résultats annuels
Avril repasse dans le vert et prépare 2023

Après deux années très chahutées, le groupe Avril a retrouvé un bénéfice net positif en 2018 et préparé un plan à 5 ans basé sur l’innovation, le développement de produits à valeur ajoutée et la baisse de l’exposition aux risques.

Après deux années difficiles, le groupe Avril a renoué avec les bénéfices enregistrant en 2018 un résultat net de 16 millions d’euros, contre un déficit de 56 millions d’euros en 2017. « L’année 2018 marque clairement une reprise d’appui pour le groupe et la résilience de notre modèle est un vrai motif de confiance », commente Arnaud Rousseau, président d’Avril gestion dans le rapport annuel du groupe. Le début d’année a pourtant été difficile, « on fait du chômage technique sur les usines de biocarburant Saipol », a rappelé Jean-Philippe Puig gérant de la SCA Avril, devant la presse le 4 juin, « puis, ça s’est amélioré ». Le groupe évoque dans son rapport annuel « certains arbitrages ayant permis de dégager l’horizon sur des points réglementaires stratégiques comme l’avenir du biodiesel en Europe à horizon 2030 ou le soutien des pouvoirs publics français en faveur de [sa] nouvelle énergie Oleo100 ». « Le marché du biodiesel en Europe a progressé de 1,5 million de tonnes en 2018, ça a été la bonne nouvelle », a poursuivi Jean-Philippe Puig. Si Saipol a enregistré des résultats négatifs à deux chiffres l’an passé, un résultat négatif à un chiffre est espéré en 2019, puis un résultat positif en 2020.

Objectif : 300 M€ d’Ebitda à horizon 2023

D’ici à 2023, le groupe ambitionne de produire 200 000 tonnes d’Oleo100, dans l’usine de Rouen, puis dans une seconde usine au Mériot qu’Avril se prépare à construire. Un projet s’insérant dans le plan stratégique « Avril 2023 » rédigé fin 2018. « Il s’appuie sur des scénarios prudents, tenant compte de l’incertitude des marchés sans perdre de vue la mission du groupe : créer durablement de la valeur dans les filières des huiles et protéines et contribuer ainsi à une meilleure alimentation des hommes et à la préservation de la planète », souligne Michel Boucly, directeur général délégué d’Avril. Ce plan prévoit que le groupe atteigne 300 millions d’euros d’Ebitda en 2023 (contre 154 M€ en 2018). Pour y parvenir, Avril mise sur l’innovation, compte accélérer la croissance du groupe en France et à l'étranger par le développement de produits de spécialités, tout en réduisant son exposition aux aléas des marchés et en renforçant sa logique de filière.

On peut faire consommer du colza par des humains

L’innovation passe par le développement des protéines alimentaires. « On a la certitude que l’on peut faire consommer du colza par des humains », lâche Jean-Philippe Puig. Le groupe travaille à la finalisation d'un procédé pour extraire cette protéine de la plante avec le projet de l’industrialiser sur son site de Dieppe. Sa commercialisation se fera via un partenariat avec « une société leader mondiale des ingrédients alimentaires », qui se fabriquera les produits finaux. Autres exemples d’innovation sur lesquelles Avril mise : le développement de la technologie blockchain sur les œufs Matines ou la croissance du bio pour les œufs coquille (20 % de bio en 2025 contre 1,5 % aujourd’hui).

Avril veut investir dans des oliveraies

L’avenir, le groupe le voit aussi dans les spécialités, c’est-à-dire des produits à forte valeur ajoutée. « Nous comptons investir dans des oliveraies », a annoncé Jean-Philippe Puig, le 4 juin à la presse. Le groupe possède déjà 1 500 hectares au Maroc. « On va sûrement monter à 2500-3000 hectares (en Italie, au Maroc ou en Tunisie, ndlr). Nous pensons que c’est une filière d’avenir, c’est important d’intégrer l’amont », a-t-il poursuivi. Avril travaille aussi sur une montée en gamme de ses marques. La direction cite par exemple le lancement de la gamme le Cochon des halles par Porcgros, grossiste à Rungis filiale du groupe, la relance de la marque d’œuf Mas d’Auge ou encore le repositionnement de ses marques Puget et Isio 4, qui ont souffert des négociations avec la GMS en 2018 (« les résultats de Lesieur n’ont pas été à la hauteur de nos attentes », a reconnu Jean-Philippe Puig).

Pour atteindre 300 M€ d’Ebitda, Avril espère gagner 50 M€ en réduisant son exposition aux risques. Cet axe comprend une baisse des coûts industriels, avec par exemple un projet de rationalisation des entrepôts de Lesieur pour simplifier et améliorer ses livraisons.

Bonnes performances de la filière porc

Pour gagner en rentabilité, Avril annonce aussi vouloir travailler davantage en filière. « Les activités de nutrition animale et les produits issus de l’élevage, réunis au sein du Domaine Avril Filière d’Élevages, restent sous pression mais terminent 2018 en positif, tirées par la performance de la filière porc », peut-on lire dans le rapport annuel qui affiche un Ebitda de 2,5 M€ pour les activités œuf et porc en 2018. « L’activité porc s’est bien comportée. Notre outil est passé de 18 000 à 27 000 carcasses par semaine. On s’est intégrés en aval avec Porcgros à Rungis, on a aussi intégré l’amont. Le travail en filière reste davantage à faire sur la filière œuf », commente Jean-Philippe Puig.

« Matines, en transition vers l’œuf alternatif, devrait repartir en 2020 sur la voie de la croissance et de la rentabilité », peut-on lire dans le rapport d’activité.

Méthode de construction du plan

« Nous avons mis la finance sous le contrôle du développement durable et de l’impact sur les filières de notre business », explique Michel Boucly directeur général délégué d’Avril à propos du plan Avril 2023. Fait à périmètre constant - même si le groupe ne s’interdit pas de « saisir de belles opportunités », selon Jean-Philippe Puig, son gérant - et avec une certaine rigueur financière, il a été conçu selon un principe de flux tiré reposant sur l’évolution des attentes des clients et consommateurs de demain. « Nous sommes une entreprise à mission sans en avoir le statut juridique », commente Michel Boucly. « Un travail de fond a été mené sur la RSE. Il y a eu un engagement des collaborateurs total sur l’ensemble de ces sujets », assure Arnaud Rousseau, président d’Avril.

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