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Aides disponibles pour investir dans l'industrie des viandes

L'État s'engage à prendre en charge une part importante des investissements d'avenir dans les outils de transformation des viandes. Présentation des projets en cours et du dispositif RCAD amélioré.

Près de 30 millions d'euros de plus débloqués par l'État et une échéance rallongée d'un an. L'appel à projets « reconquête de la compétitivité des outils d'abattage et de découpe » (RCAD) de l'action « projets agricoles et alimentaires (P3A) » du programme d'investissements d'avenir (PIA) cherche vraiment sa cible : une industrie de première transformation des viandes sous-équipée, goulot d'étranglement potentiel des filières viande. Ainsi l'appel à projets RCAD, doté de 50 millions d'euros, se clôturera le 20 janvier 2017. Cela laisse encore sept mois aux entreprises, centres techniques et équipementiers pour se rapprocher de FranceAgriMer et déposer un dossier. Ces dossiers, informe l'office, seront évalués « au fil de l'eau dans la limite des fonds disponibles ». Après une instruction approfondie, c'est le Premier ministre qui sélectionnera les projets sur proposition du Commissariat général à l'investissement (CGI) et après avis du comité expert de pilotage « Copil » interministériel ; et qui en principe les acceptera. L'enjeu est le versement d'une avance qui n'aura pas à être remboursée en totalité : une « avance-subvention » peut-on dire, représentant jusqu'à 30 % des dépenses éligibles. La convention d'aide est rapide, se signant dans un délai maximal de trois mois à compter de la décision gouvernementale.

REPÈRES

50 millions d'euros pour le RCAD 17 millions d'euros engagés dans les sept projets, dont quatre projets sélectionnés en viande de boucherie

Quatre projets en viandes de boucherie

Des fonds, il en reste, puisque seul un tiers de l'enveloppe de 50 millions d'euros (M€) est consommé. « Pour faciliter l'engagement des opérateurs, annonce l'office, les modalités de retour de la subvention sont adaptées ». Jusqu'à maintenant, les projets sont supposés rapporter un chiffre d'affaires supplémentaire devant servir de base au remboursement à l'État. Les entreprises peuvent désormais opter pour un mon-tant prédéterminé ne pouvant excéder les deux tiers de la subvention, à rembourser en quatre ans. Sept projets sont sélectionnés à ce jour, dont quatre dans les viandes de boucherie (et trois en viandes de volaille). Deux concernent la viande bovine et deux la viande porcine. Deux porteurs de projet sont des coopératives : Elivia et Cooperl Arc Atlantique. Deux sont des établissements privés et de taille plus modeste : les Établissements Puigrenier et la charcuterie Camille Cros.

Tous ces projets comportaient au moins 1 million d'euros de dépenses éligibles au RCAD. Les projets d'Elivia et de la Cooperl sont essentiellement industriels. La filiale du groupe Terrena procède à la refonte de son site du Lion-d'An-gers (Maine-et-Loire), automa-tise les procédés depuis le désossage vertical jusqu'au conditionnement, et adapte l'informatique. Elle développe en particulier la cobotique (assistance des opérateurs par des robots) avec le CEA Tech pour rendre les tâches plus attractives. La Cooperl construit une usine de produits élaborés de porc près de Lamballe (22) et automatise sa préparation de commandes. Le projet de Camille Cros, PME familiale du Tarn, accompagne la mise en place d'une filière d'élevage dédiée, et comprend de la technologie alimentaire : le charcutier construit dans l'Aveyron une nouvelle unité de salaisons sèches intégrant des « procédés très avancés » de séchage du jambon.

Les entreprises ont du mal à se positionner sur les marchés

” Cette unité comportera des séchoirs à jambons et saucissons autour d'une centrale de « froid durable » à l'ammoniac. Le projet de Puigrenier découle du succès commercial de sa viande charolaise affinée de qualité supérieure. L'industriel de l'Allier collabore avec l'Adiv pour mettre au point une gamme de viandes bovines affinées grâce à la gestion des cycles de repos et de ventilation des chambres d'affinage, comme en salaison sèche et en économisant l'énergie. Les montants des aides attribuées sont importants : 3 M€ sur 30 M€ de coûts éligibles pour Eli-via, 1,159 M€ sur un coût total de 6,6 M€ pour Cros, 0,7 M€ pour Puigrenier.

Un signal positif

Quant à Cooperl Arc Atlantique, le projet, bien que sélectionné, est à un stade trop précoce pour dévoiler ses contours financiers, selon le service de la communication. Cependant, par déduction des montants totaux attribués par FranceAgriMer, on peut évaluer l'aide de la Cooperl à 3 M€, qui est le maximum attribuable à une entreprise. Les organisations du bétail et de la viande saluent ce nouveau dispositif d'aides, avant tout pour le signal positif qu'il adresse au chaînon industriel et à la finance. Mais ce signal ne suffit pas à se projeter dans l'avenir.

Jacques Poulet, directeur de la branche à Coop de France, résume la situation : « Les entreprises, et même les distributeurs, ont du mal à se positionner sur les marchés français et européen. Leur prudence est compréhensible ».

Investissements d'avenir : « Il faut pouvoir payer et rembourser » L'AVIS DE LA FNICGV

Les Marchés Hebdo : L'enveloppe du P3A consacrée à la transformation de la viande a été portée de 20 à 50 millions d'euros. Est-ce vraiment une bonne nouvelle pour la profession ?

Hervé des Déserts : L'augmentation du budget montre la volonté des pouvoirs publics d'aider les entreprises d'abattage-découpe à investir pour améliorer les processus. Davantage de projets devraient pouvoir se réaliser. Une contrainte reste le montant minimal des dépenses éligibles, d'un million d'euros. Si on a vraiment un projet d'envergure, on peut y arriver, mais toutes les entreprises ne peuvent se le permettre. Nous avions demandé un plancher de 500000 €, plus accessible. L'aide de FranceAgriMer est de 30 % du matériel éligible au maximum, à retourner en grande partie à l'État. Sur une somme d'un million d'euros, il reste au moins 700000 € à trouver, et les aides publiques autorisées par l'Union européenne sont limitées à 40 %. Par les temps qui courent, cela n'est pas évident. Il faut pouvoir payer et rembourser. Mais ce dispositif est toujours mieux que le précédent plan abattoirs de FranceAgriMer qui finançait les investissements à hauteur de seulement 5 à 7 %.

LMH : La nouvelle option de remboursement sur quatre ans, alternative à l'intéressement de l'État, rend-elle l'aide plus attractive ?

H. D. : Les entreprises ont en effet la possibilité d'opter pour un remboursement forfaitaire et non plus un pourcentage sur le chiffre d'affaires engendré par les investissements aidés, ce qui n'était pas facile à calculer. Les entreprises savent dès le départ combien elles auront à rembourser. C'est beaucoup plus clair, et cela devrait rassurer les investisseurs. S'il n'y avait pas l'obligation de rembourser autant, ce serait mieux.

LMH : Le service offert par FranceAgri-Mer, comprenant l'information et le chargement des dossiers sur le site Internet, le contact avec l'instructeur, l'évaluation préalable, l'audition devant des experts et la mise en place des aides, vous semble-t-il engageant ?

H. D. : Le site Internet de FranceAgriMer est très didactique et les entreprises qui ont un projet sont reçues très rapidement pour en évaluer l'intérêt. Elles ne perdent pas de temps. FranceAgriMer a maintenant une méthode bien rodée d'instruction des projets et de la mise en place du financement. C'est bien aussi que la date limite de dépôt des dossiers soit repoussée à janvier 2017, parce qu'il faut avoir obtenu toutes les autorisations administratives auparavant pour déposer un dossier complet.

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