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10 milliards d’euros, c’est ce que doivent investir les coopératives agricoles

Face à l’explosion des coûts de production et à la fragilisation des coopératives, la Coopération agricole lancera un nouveau fond dédié aux coopératives dès le premier semestre 2026. L’objectif est de soutenir des besoins massifs d’investissements estimés à plus de 10 milliards d’euros sur trois ans.

Président de la coopération agricole
Dominique Chargé, président de la coopération agricole
© Catherine Takougang

Lors de sa conférence de presse de rentrée, ce 3 septembre, la Coopération agricole a estimé à plus de 10 milliards d’euros les prochains investissements prévus par l’ensemble des coopératives sur les trois prochaines années, selon une projection. 1 

En France, les coopératives sont les premiers investisseurs privés des territoires ruraux. Ces dernières restent dans une dynamique d’investissement malgré la conjoncture. L’investissement en cours ou réalisé sur 2024 et 2025 s’élève à près de 7 milliards d’euros. 

 1 à partir des résultats d’une enquête réalisée en juillet 2025 auprès d’un échantillon de coopératives représentant plus de 50% du CA de l’ensemble des coopératives françaises.

Dans quoi investissent les coopératives agricoles françaises ?

50 % des investissements seront destinés à l’amélioration de la compétitivité des coopératives : développement d’innovations, modernisation des capacités de production et digitalisation. 30% des investissements seront portés sur la décarbonation des filières, la transition énergétique, la sobriété hydrique et écologique des entreprises et la recyclabilité des intrants. Les 20 % restants seront consacrés à la maintenance de l’outil.  

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Les entreprises de l’amont comme de l’aval ont urgemment besoin de développer et moderniser leurs parcs industriels et leur production. « Nous devons organiser économiquement la production et structurer les filières pour soutenir le revenu agricole. Ce qui contribue massivement au besoin d’investissement dans la modernisation des outils de transformation » a rappelé Dominique Chargé, président de la Coopération agricole.  Les besoins globaux pour l’adaptation au changement climatique des coopératives sont estimés à un total de 3 milliards d’euros par an.  

Le manque de main d’œuvre, avec 30 000 postes non pourvus dans les coopératives, les conduit à investir pour robotiser et digitaliser, ainsi que fidéliser les employés. 

Coop Agri, une solution pour financer les coopératives

Lancé à l’initiative d’IDIA, filiale du Crédit Agricole, le fonds Coop Agri se veut un levier inédit pour répondre aux besoins d’investissements des coopératives et de leurs unions. Attendu pour le premier semestre 2026, il viendra en quasi-fonds propres et facilitera l’accès à des financements classiques. Ses maturités, plus longues (8 à 12 ans), s’accompagneront de taux de rentabilité plus bas. « Ce fonds Coop Agri, financé sur fonds propres, répondra aux besoins d’investissements et permet un accès facilité aux financements de long terme » explique Dominique Chargé qui est également le vice-président de la coopérative Terrena.

Lire aussi : Volaille française : les 3 erreurs stratégiques que pointe la Cour des comptes  

Ce dispositif vient en solution à un secteur affaibli par des marges de plus en plus faibles ( -1 point en 2024), un outil industriel vieillissant et des besoins massifs de modernisation.

Des marges trop faibles pour investir

Depuis 2024, les marges des industries agroalimentaires sont insuffisantes et la capacité d’investissement des entreprises est extrêmement faible : « Nous sommes face à un mur d’investissement ». D’autant plus que la consommation alimentaire est au ralenti, elle progresse faiblement 0,4 % en juillet 2025 comparé à 2024, malgré une stabilisation des prix, ce qui participe aux limitations des marges de manœuvre des entreprises. 

Lire aussi : Agriculture : « Le risque de passer d’un pays producteur à un pays importateur est réel » 

Depuis cinq ans, les coopératives subissent une hausse continue de leurs charges.  « Les prix de l’énergie ont doublé en cinq ans et la redevance en eau a grimpé de 115 % en un an.  C’est extrêmement handicapant, cette redevance de l’eau, atteignait jusqu’à 500 % chez certains. Ce n’est pas durable ! » s’alarmait Dominique Chargé.

À cela s’ajoutent des impôts de production élevés (3,8 % du PIB), bien supérieurs à ceux des voisins européens (0,7 % en Allemagne, 2 % en Espagne), ce qui pèse sur la compétitivité.

Lire aussi : Lait conditionné : « Nous avons besoin d’un prix minimum à 1 €/litre »

Pour le président de la Coopération agricole, l’équation est simple :« La fragilisation des coopératives, c’est la fragilisation de la souveraineté alimentaire française ». Il appelle les pouvoirs publics à soutenir les investissements, mais aussi les distributeurs et les consommateurs à adopter une logique plus patriotique dans leurs achats alimentaires. 

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