L’Allemagne a perdu un quart de ses porcs en 10 ans, quel avenir pour la filière ?
En dix ans, le nombre d’élevages et le cheptel porcin ont fortement diminué en Allemagne. À cela s’ajoutent une baisse de la consommation, un vieillissement des exploitants et des difficultés à recruter de la main-d’œuvre agricole. Autant de signaux qui interrogent sur l’avenir de la filière porc.
En dix ans, le nombre d’élevages et le cheptel porcin ont fortement diminué en Allemagne. À cela s’ajoutent une baisse de la consommation, un vieillissement des exploitants et des difficultés à recruter de la main-d’œuvre agricole. Autant de signaux qui interrogent sur l’avenir de la filière porc.

L’Allemagne a enregistré une baisse de 43,9 % du nombre d’exploitations porcines entre 2013 et 2024. Sur la même période, le nombre de porcs abattus a reculé de 23,5 %. Cette baisse, moins marquée que celle du nombre d’exploitations, s’explique par l’agrandissement des cheptels dans les élevages encore en activité.
« L’augmentation de la taille des exploitations a été nécessaire pour compenser la baisse des marges, mais elle ne permet que de les maintenir », explique Christian Solle, un représentant de la Chambre d’agriculture de Rhénanie-du-Nord-Westphalie en Allemagne, à l’occasion de l’assemblée générale de l’interprofession porcine, Inaporc, ce 17 juin à Paris.
L’augmentation de la taille des exploitations a été nécessaire pour compenser la baisse des marges, mais elle ne permet que de les maintenir
La région Rhénanie-du-Nord-Westphalie au cœur de cette transition
Cette tendance se vérifie notamment en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, région historiquement positionnée sur l’élevage intensif de porcs. Depuis 2008, le nombre de sites d’engraissement y a chuté de 44,6 %, tandis que le cheptel de truies a diminué de 37,2 %, pour atteindre 318 000 têtes en 2023. Dans le même temps, le nombre d’élevages de truies a reculé de 67,3 %, avec seulement 1 300 exploitations encore en activité désormais.
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La consommation allemande de porc décroit également
La demande intérieure allemande en viande porcine chute également. Entre 2003 et 2023, la consommation de porc par habitant a reculé de 30,4 %, alors que la consommation de volaille a progressé de 24,8 %. « Ce changement de comportement alimentaire est notamment attribué aux controverses autour des conditions d’élevage et aux préoccupations croissantes liées au bien-être animal » indique Christian Solle.
« Ce changement de comportement alimentaire est notamment attribué aux controverses autour des conditions d’élevage et aux préoccupations croissantes liées au bien-être animal »
Le renouvellement des générations en production porcine reste incertain
35% des agriculteurs allemands ont plus de 55 ans. Bien que cette proportion soit inférieure à celle observée en France, elle suscite néanmoins de vives inquiétudes. Le manque de main-d’œuvre agricole, qui s’aggrave au fil des années, accentue l’abandon des exploitations porcines. Ainsi, ce sont un quart des éleveurs qui ne trouvent pas de successeurs pour reprendre leur exploitation.
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