Prix du lait : des tendances négatives venues d'Europe du Nord
Les prix du lait au producteur sont sous pression dans le nord de l’Europe, car les cotations des produits laitiers industriels ont amorcé un net virage baissier. À tel point que les coûts de production ne sont pas toujours couverts. Un net virage alors que la conjoncture laitière était positive depuis plus d’un an.
Les prix du lait au producteur sont sous pression dans le nord de l’Europe, car les cotations des produits laitiers industriels ont amorcé un net virage baissier. À tel point que les coûts de production ne sont pas toujours couverts. Un net virage alors que la conjoncture laitière était positive depuis plus d’un an.

Le prix du lait spot en Italie est passé, en semaine 39, sous les 52 €/100 kg, rapporte la Commission européenne. En Allemagne, ces cotations spot ont baissé chaque semaine de 1 à 4 centimes du kg, pour tomber à seulement 37 centimes/kg dans le nord du pays (39,5 ct/kg au sud), soit sous les coûts de production. Même tension aux Pays-Bas, en Pologne et en Irlande.
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Une collecte de lait plus tonique dans l’UE
La collecte européenne de lait de vache progresse de 0,1 % en cumul sur les sept premiers mois de l’année comparé à la même période de 2024 (avec correction de l’effet année bissextile), selon Bruxelles. Sur juillet, les volumes progressaient de 0,8 % tirés par l’Irlande (+3,6 %), la Pologne (+3,7 %), la France (+0,4 %) et le Danemark (+0,6 %), ce qui a compensé les baisses en Allemagne (-1,2 %) et Espagne (-3,1 %). Mais début septembre, l’Allemagne affichait une collecte en hausse de 4 % sur un an. En France, en semaine 37, FranceAgriMer indique une hausse annuelle du volume collecté de 2,9 %. La collecte du Royaume-Uni pour août serait en hausse de 5,5 % avec une collecte cumulée sur les 8 premiers de l’année en progression de 5 %.
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La production progresse aussi aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande
En parallèle, la production de matières sèches laitières a progressé en Nouvelle-Zélande de 2,5 % en août comparé à août 2024, c’est le quatrième mois de croissance, selon Ever.Ag. En volume, le mois d’août a été le plus dynamique depuis 2020 et à date la campagne laitière s’affiche 3,2 % au-dessus de son niveau de l’an dernier. Même tendance aux États-Unis avec une collecte en hausse de 3,2 % sur ce mois, après un bond de 4,2 % en juillet. L’USDA a d’ailleurs revu son recensement du cheptel et avec la hausse des effectifs du mois d’août annonce que le nombre de vaches laitières aux États-Unis atteint un plus haut depuis 30 ans.
Le nombre de vaches laitières aux États-Unis atteint un plus haut depuis 30 ans
Les prix industriels du beurre en baisse…
A 5 750 €/tonne, la cotation Atla du beurre spot en France en semaine 38 s’affiche près de 30 % sous son niveau de l’an dernier, même date. En France, les fabrications de beurre progressaient de 4 % sur un an au mois de juillet. Sur le marché à terme européen, EEX, les prix sont passés sous la barre des 5 500 € dès l’échéance décembre (-20 % sur ce contrat depuis mi-août). À noter qu’en Allemagne, les prix au détail du beurre ont été révisés en baisse mi-septembre ce qui engendré un net rebond de la consommation rapporte AMI. Aux États-Unis, les prix du beurre spot ont atteint un plus bas, la semaine dernière, depuis août 2021.
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…et les prix de la poudre suivent
La cotation Atla de la poudre de lait écrémé s’affiche à seulement 2 180 €/tonne en semaine 38. C’est 14 % de baisse sur un an et 7 % de baisse en deux semaines. Là encore, les fabrications françaises progressaient de 4 % en juillet.

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Le marché des fromages industriels ne se porte pas mieux. Sur le cheddar, la cotation européenne, bien que baissière (-1,5 % en 15 jours), s’affiche à 5 197 €/tonne, bien plus élevé qu’en Océanie (4 738 €/tonne) et surtout qu’aux États-Unis (3 645 €/t, -7,3 %).
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Un prix du lait à l’éleveur sous pression
Or ces cotations industrielles sont utilisées dans le calcul des prix du lait, et c’est ce qui entraîne le prix payé au producteur à la baisse dans le Nord de l’Europe, et qui pourrait se ressentir aussi en France. C’est ce que craint l’amont français. Jean-Michel Javelle, président de Sodiaal explique à nos consœurs de Réussir Lait. « Il n’est pas question que le prix du lait aux éleveurs français chute même s’il y aura sans doute un ajustement à la baisse lié aux cotations ».