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Metex, fabricant de lysine, en redressement : l’UE veut-elle dépendre de la Chine ?

Metex, le seul producteur européen d’acides aminés par fermentation, cherche de nouveaux investisseurs face à un marché international de la lysine dominé par la Chine, dans un contexte compliqué par les règles européennes d’accès au sucre.

Metex va continuer à produire de la lysine, assurent ses dirigeants

Il est toujours possible de produire de la lysine dans l’UE affirment les dirigeants de Metex dont l’usine d’Amiens est la seule à produire des acides aminés par fermentation de l’Union Européenne. En redressement judiciaire, l’entreprise se bat sur plusieurs fronts pour reprendre des volumes dans une usine qui a déjà atteint des records à 100 000 t de production dont 80% de lysine. 

« Nos clients peuvent être rassurés, nous livrons et nous livrerons encore demain »

« Nous produisons et nous allons continuer à produire lysine, mais aussi tryptophane, valine, arginine, isoleucine et leucine » assure Nicolas Martin, directeur développement durable, communication et affaires publiques. « Nos clients peuvent être rassurés sur ce point, nous livrons et nous livrerons encore demain » insiste Aurélien Trac, directeur des ventes et du développement.

Lire aussi : Souveraineté alimentaire : quelles sont les fragilités françaises ?

Et cela malgré la concurrence exacerbée, les prix mondiaux étant fixés par la Chine qui est passée de 16% des volumes à 70% entre 2004 et 2024. 90% de la surcapacité de production de lysine est également en Chine, et oriente le marché à la baisse.

Le marché du sucre doit "retrouver de la cohérence"

Pour se battre à armes égales, les dirigeants du groupe demandent que l’UE redonne de la cohérence à son marché du sucre en lui donnant accès à des prix en phase avec ceux du marché mondial pour sa matière première principale. 

« Nous consommons l’équivalent de la production d’une des 20 sucreries françaises »

« Quand l’usine tourne à plein régime, nous consommons de 150 à 170 000 t de sucre, soit l’équivalent de la production d’une des 20 sucreries françaises » chiffre le responsable. Or, en 2018, la suppression des quotas sucriers et, donc, du marché du sucre industriel ne s’est pas accompagné de l’augmentation des exportations européennes : moralité les cours se sont envolés. Si l’impact a été peu sensible en food car l’UE a dans le même temps, maintenu des droits de douane élevé à l’importation des produits finis sucrés, la fermentation subit depuis une double peine : un prix élevé pour ses approvisionnements et une concurrence ouverte pour ses produits finis. Agir sur les deux plans redonnerait des conditions plus équitables sur le secteur.

La souveraineté en lysine en question

Autre facteur clé : la souveraineté européenne en acides aminés contribue, plus largement, à sécuriser sa production agricole et son autonomie protéique (100 000 t d’acides aminés équivalent à 3 millions de tonnes de soja importés) et, donc, à la décarbonation de la nutrition des animaux d’élevage. 

« Nous avons des clients comme le groupe LDC en volailles dans le cadre de leurs démarches RSE »

L’avantage d’une production européenne dotée d’un moindre impact carbone que ses concurrents asiatiques commence par ailleurs à être valorisée. « Nous avons des clients comme le groupe LDC en volailles dans le cadre de leurs démarches RSE » illustre Aurélien Trac. En sus de l’obligation d’intégrer le scope 3 (son amont) dans la RSE, la contrainte d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) pourrait s’étendre rapidement et renforcerait l’intérêt d’une telle production.

Accroître la compétitivité sur la lysine liquide

Enfin, après la crise de l’énergie, qui a été amortie grâce aux innovations technologiques d’optimisation de l’outil, Nicolas Martin estime que l’entreprise est désormais plus compétitive sur la lysine liquide et pourrait l’être également prochainement sur la lysine cristal, un fait qui se répercute sur les ventes, qui repartent à la hausse cette année après une année 2023 très compliquée.

 

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