L’accord UE–États-Unis : quel espoir pour relancer les échanges de vins et spiritueux ?
Un accord économique, qui fixe à 15 % le tarif douanier sur la majorité des exportations entre les États-Unis et l’Union européenne, a été signé le 27 juillet dernier. Alors que les négociations se poursuivent entre les deux parties, les professionnels de la filière viticole situés des deux côtés de l’Atlantique espèrent à terme voir les vins et spiritueux figurer parmi les produits exemptés de droits de douanes.
Un accord économique, qui fixe à 15 % le tarif douanier sur la majorité des exportations entre les États-Unis et l’Union européenne, a été signé le 27 juillet dernier. Alors que les négociations se poursuivent entre les deux parties, les professionnels de la filière viticole situés des deux côtés de l’Atlantique espèrent à terme voir les vins et spiritueux figurer parmi les produits exemptés de droits de douanes.

Le 27 juillet, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et Donald Trump, président américain, ont conclu un accord commercial fixant un droit de douane unique de 15 % sur une grande partie des échanges entre les deux zones, appliqué depuis le 7 août. Présenté comme un plafond absolu, ce taux ne prévoit ni surtaxe ni condition additionnelle. Un système « zéro pour zéro » a également été instauré sur une première liste de produits stratégiques, incluant plusieurs produits agricoles (ndlr : liste encore non divulguée alors que l’accord doit encore être validé par les Etats membres de l’UE).
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Le négoce de vin aux Etats-Unis mobilisé contre les droits de douane
L’U.S. Wine Trade Alliance (USWTA), qui regroupe l’ensemble des acteurs américains du commerce de vin et de spiritueux, mène une campagne active contre les droits de douane sur les vins importés. Le président de la l’USWTA, Benjamin Aneff, avait déclaré à suite de la signature de l’accord entre les États-Unis et l’UE, espérer « que le vin sera prioritaire dans l’accord final ». En effet, les professionnels de l’USWTA, militent depuis lors auprès des autorités américaines pour que les vins fassent partie de la liste des produits exemptés de droits de douanes.
Interrogée sur ce point lors de la conférence de presse suivant la signature de l’accord, Ursula von der Leyen a précisé que la liste des produits exemptés serait communiquée « dans les semaines à venir ».
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Une lettre ouverte à Donald Trump pour sauver les ventes de vins aux États-Unis
L’USWTA s’était déjà mobilisée bien avant l’accord au mois de juillet, et s’était associée à d’autres collectifs de professionnels du vin afin d’adresser une lettre commune à Donald Trump pour réclamer le retrait du vin de la liste des produits taxés. À l’époque, le président menaçait d’imposer un tarif de 30 %, ce qui est bien supérieur aux 10 % instaurés en avril 2025 et largement au-dessus du taux moyen de 1,2 % appliqué avant sa réélection en 2024.
Dans leur courrier, les signataires alertaient sur les conséquences économiques de tels tarifs. Selon l’USWTA, rien qu’en mai dernier, la chute des importations de vin européen aurait entraîné une perte de 479 millions de dollars pour les entreprises américaines de la distribution, de l’hôtellerie et de la restauration. Dans le même temps, les exportations américaines de vin ont reculé de 41 % en un an, ce qui constitue un signal alarmant de perturbation des échanges des deux côtés de l’Atlantique. Selon le président de la confédération, un accord global « zéro pour zéro » est une nécessité économique pour préserver la filière et les emplois américains.
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Un accord qui éclaircit la vision des exportateurs européens
Pour les exportateurs européens, cet accord conclu fin juillet apporte enfin un cadre clair à court terme et il met fin à la menace d’une escalade des droits de douane, mais la compétitivité européenne reste en suspens. « On ne sait pas si les exportateurs absorberont ce surcoût ou s’ils le répercuteront sur leurs clients », analyse un consultant du CELCAA (Comité européen de liaison du commerce agroalimentaire), qui évoque aussi la possibilité pour certaines entreprises de réorganiser leurs chaînes d’approvisionnement via des pays à faible fiscalité douanière, comme le Mexique.
On ne sait pas si les exportateurs absorberont ce surcoût ou s’ils le répercuteront sur leurs clients
Le marché des vins européens aux États-Unis
Les États-Unis sont le deuxième débouché agroalimentaire de l’UE, représentant 12 % des exportations (25,8 milliards d’euros), et la première destination pour les boissons alcoolisées. En 2024, l’UE y a expédié pour 8,9 milliards d’euros d’alcools, dont 60 % provenaient de France et d’Italie. Le marché américain du vin et des spiritueux, évalué à 15,5 milliards d’euros en 2023, dépend pour un tiers de l’importation.
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Les volumes de vins français exportés chutent depuis le début 2025
Les exportations de vins français vers les États-Unis reculent de 5 % en volume sur les quatre premiers mois de 2025 par rapport à la même période en 2024 selon les données de FranceAgriMer.
Cette contraction survient après un second semestre 2024 particulièrement actif, marqué par une baisse de l’inflation et par la constitution de stocks de précaution aux États-Unis.
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Le ralentissement des volumes exportés de ce début d’année 2025 s’explique par l’arrêt de la constitution de stocks, dès le mois de février. De plus, en mars, l’instabilité législative relative à l’application éventuelle de tarifs douaniers aux marchandises en transit, a fortement freiné les exportations. Puis au mois d’avril, l’application des droits de douane annoncés lors du "Liberation Day" a entraîné un décrochage de près de 11 % des exportations, principalement au niveau des vins en bouteille (- 16 %).
La valeur des exportations de vins progresse
Bien que les volumes reculent, la valeur des exportations s’oriente à la hausse : +8 % sur le totale des exportations vers les États-Unis entre janvier-avril 2025 comparé à la même période en 2024. Cette progression est portée par l’augmentation des prix moyens de 13 % des vins expédiés sur la même période.
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