Coquilles d’œufs : « nous créons de la valeur sur ce qui n’était qu’un déchet » pour Yacine Kabeche de Circul’egg
Circul’egg, l’entreprise qui veut valoriser les coquilles d’œufs en proposant du carbonate de calcium biosourcé et recyclé pour les matériaux, et de l’acide hyaluronique et du collagène pour la cosmétique, continue son développement. Son outil industriel de Janzé, en Bretagne, se déploie et devrait atteindre la rentabilité. Les fabricants d’ovoproduits le soutiennent, espérant qu’une meilleure valorisation bénéficie à toute la filière.
Circul’egg, l’entreprise qui veut valoriser les coquilles d’œufs en proposant du carbonate de calcium biosourcé et recyclé pour les matériaux, et de l’acide hyaluronique et du collagène pour la cosmétique, continue son développement. Son outil industriel de Janzé, en Bretagne, se déploie et devrait atteindre la rentabilité. Les fabricants d’ovoproduits le soutiennent, espérant qu’une meilleure valorisation bénéficie à toute la filière.
Depuis la première fois que les Marchés ont parlé de Circul’egg, en novembre 2021, la jeune pousse s’est développée. Cinq acteurs majeurs de la filière ovoproduit (Igreca, Les Œufs Geslin, Ovoteam, Œuf du Breil, Société Normande d’Ovoproduits) viennent d’investir conjointement, sous forme d’obligation, 1,3 million d’euros. « Ils vont nous aider à émerger. Nous avons besoin de nous déployer car la demande est omniprésente », explique Yacine Kabeche, CEO et fondateur de Circul’Egg.
La coquille d’œuf, matériau biosourcé
Circul’egg récupère des coquilles d’œufs, et les transforme en deux gammes. D’une part, du carbonate de calcium en poudre, qui trouve sa place dans l’industrie des matériaux. Peinture, revêtements de sol, composés polymères, les fabricants sont à la recherche d’ingrédients biosourcés et recyclés qui améliorent le bilan carbone de leurs produits.
« Nos coquilles trouvent une seconde vie et protègent désormais, en peinture, notre nouveau bâtiment des rayons du soleil »
La R&D pour disposer d’une poudre à granulométrie fine et couleur stable (l’usine valorise les coquilles blanches comme rousses) a été un « gros enjeu », précise le fondateur. Cette poudre de coquille remplace du carbonate de calcium, identique techniquement, mais extrait de mines de calcaire. Benoît Geslin se réjouit, « nos coquilles trouvent une seconde vie et protègent désormais, en peinture, notre nouveau bâtiment des rayons du soleil ».
Nutraceutique et cosmétique
De l’autre, les membranes sont valorisées en tant qu’ingrédient dans la cosmétique et les compléments alimentaires, car elles contiennent collagène et acide hyaluronique, deux ingrédients actuellement très recherchés.
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Créer de la valeur sur les coquilles d’œufs
« Nous créons de la valeur sur ce qui n’était qu’un déchet », explique Yacine Kabeche, espérant que « cette valorisation bénéficie à toute la filière ». « Pour le moment, nous ne bénéficions pas de ce nouveau marché, mais nous espérons pouvoir mieux valoriser les coquilles à moyen terme », explique un des industriels qui a participé au développement récent de l’entreprise. Il envoie une partie de ses coquilles à l’usine Circul’egg de Janzé à titre gracieux, plutôt que de payer Veolia qui les ramasse puis en fait de l’amendement calcaire, une fois décontaminées.
«Nous espérons pouvoir mieux valoriser les coquilles à moyen terme »,
Circul’egg innove technologiquement
Circul’egg a déposé dans ses débuts un brevet pour un procédé nouveau de séparation de la coquille et de la membrane coquillière afin de les revaloriser individuellement, et a élaboré un processus de décontamination.
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Montée en puissance de l’usine Circul’egg
Aujourd’hui, l’usine Circul’egg de Janzé traite 1 500 à 2 000 tonnes de coquilles par an. « Notre objectif, c’est d’atteindre 5 000 tonnes dans deux ans puis 30 000 tonnes en 2033 » expose le jeune dirigeant, qui envisage l’ouverture d’un nouveau site industriel, toujours en Bretagne, d’ici 2030. Car « la demande est omniprésente, avec une accélération du côté des matériaux, le potentiel est énorme puisqu’un seul de nos clients pourrait absorber plusieurs fois notre production ! » continue-t-il.
« Nous avons besoin de sécuriser le gisement ! »
C’est pourquoi l’implication des casseries dans le développement de l’entreprise réjouit tant son CEO, « nous avons besoin de sécuriser le gisement ! ». À 5 000 tonnes par an, l’usine Circul’egg devrait atteindre la rentabilité. À 30 000 tonnes par an, Circul’egg valoriserait les trois quarts des coquilles d’œufs françaises. Et après ? « L’Europe dispose de 160 000 tonnes de coquilles à valoriser chaque année », se projette le jeune entrepreneur.