Aller au contenu principal

Le robot distribue fourrages et concentrés à 750 chèvres

Au Gaec Verdon en Vendée, le robot d’alimentation de Lucas G est un investissement que les deux frères associés ne regrettent pas.

Il y a quatre ans, la traite prenait 4 h 30 par jour pour 360 chèvres. Yannick et Lionel Verdon ont alors décidé de revoir leur système d’élevage en le mécanisant largement. En parallèle de l’agrandissement du cheptel, montant entre 750 et 800 chèvres, ils ont investi dans un manège de traite 48 postes et dans un des tout premiers robots d’alimentation, I-Ron Mix System de la gamme Lucas G System. « Le robot entre dans un projet global d’automatisation », explique Pierre Grevet, responsable marketing et communication de Lucas G. L’installation, qui comprend la cuisine et le parcours du robot, s’adapte à chaque exploitation et ne doit pas être prise à la légère.

Un système global d’automatisation

Si le robot distribue la ration, celle-ci est en effet préparée en amont dans la cuisine. Les fourrages sont placés dans des stockeurs pour balles rondes ou cubiques. Ici, trois modules stockent deux à trois balles de fourrages. Les démêleurs sont placés à la sortie des stockeurs. Le fourrage est amené à la mélangeuse, d’un volume de 8 m3, qui brasse la ration en continu. Le mélangeur est placé sur des pesons, ce qui permet de respecter la ration programmée à la centaine de gramme prés. Les données du logiciel de gestion du système sont stockées dans un serveur externe et l’information est transmise par wifi entre l’ordinateur et l’armoire de contrôle. Depuis le boîtier de l’armoire, l’éleveur peut ajuster le volume à préparer ou ajouter un repas mais il doit passer par le logiciel pour modifier la ration.

Après une vingtaine de minutes d’un puissant ronflement de mélange, les fourrages mélangés et hachés sont acheminés par un tapis roulant jusqu’au robot d’alimentation d’une capacité de 2,5 m3. Les concentrés sont ensuite chargés dans un autre compartiment du robot par l’intermédiaire de trémies automatisées. Le fourrage et le concentré sont distribués ensemble.

Au Gaec Verdon, la ration quotidienne par chèvre se compose de 1,3 kg d’enrubannage, 600 g de foin, 100 g de mélasse et 700 g de concentré (blé et orge floconnés, graines de lin). C’est d’abord le foin qui est amené dans la mélangeuse, puis l’enrubannage. Après un brassage de 10 minutes, la mélasse est ajoutée. Un second brassage de quatre minutes a lieu avant chargement du robot. C’est à ce moment les frères Verdon peuvent ajouter des compléments comme de l’argile.

Un robot filoguidé pour six passages par jour

Le robot de distribution, qui fonctionne à l’électricité et se déplace sans bruit, est guidé par filoguidage. Un fil émettant des fréquences est enterré dans le béton et recouvert de silicone. Il définit le parcours du robot. Des puces RFID sont également enterrées sous le béton tous les trois à quatre mètres ainsi qu’aux endroits stratégiques du bâtiment, tels que les débuts d’auge. Lors de son déplacement le robot se repère en scannant les puces RFID. En cas de problème, le guidage manuel est possible pour sortir le robot du couloir d’alimentation.

Au Gaec Verdon, pour 710 places en auge, le système de distribution – mélangeuse et robot – fonctionne quatre à cinq heures par jour. La distribution se fait en cinq repas, dont un de concentrés seuls, et le robot fait un passage uniquement pour repousser le fourrage avec une lame rétractable. Autant le mélange dans la cuisine laisse toujours échapper un peu de poussières, autant la distribution génère très peu de poussière. Yannick alimente les stockeurs tous les jours vers midi. « C’est la seule manipulation à réaliser pour alimenter le troupeau, sourit Yannick Verdon, 54 ans. On ne s’affranchit cependant pas de la surveillance. Même s’il y a des systèmes d’alertes par SMS en cas de problèmes de la machine, il faut passer regarder les animaux, vérifier qu’ils mangent bien ».

L’investissement est rentable pour le Gaec Verdon

Les frères Verdon expliquent bien les différents intérêts du système : « On diminue le temps de travail. il suffit de mettre les balles de foin et d’enrubannage sur le stockeur une fois par jour. Cela résout le problème de manque de main-d’œuvre. De plus, la ration est plus fraîche, toujours la même, distribuée de façon homogène et facilement adaptable, il y a donc très peu de refus ». Depuis la distribution automatisée, les chèvres sont passées de 830 à 980 litres de lait par an.

Le système de distribution automatisé demande peu d’entretien : un coup de soufflette chaque semaine, un graissage tous les mois et les couteaux de la mélangeuse à changer tous les ans.

Vers le paillage automatisé

Le Gaec compte prochainement investir dans le kit pailleuse, un module qui s’ajoute sur le côté du robot. En plus du temps de travail gagné, le robot permet d’ajuster au mieux la quantité de paille. Ce kit devrait coûter 5 000 à 6 000 €. L’élevage va également finir de s’agrandir, en montant le troupeau à mille chèvres, en agrandissant les bâtiments et en aménageant une aire de sortie. Des panneaux solaires devraient être installés pour notamment alimenter le robot. Enfin, le Gaec devrait bientôt accueillir deux nouveaux associés. Ça roule pour le Gaec, comme le pour robot !

Repères

2 actifs + l’aide des parents
750 à 800 chèvres
50 000 l/an en transformation fromagère à la ferme et vente sur les marchés
650 000 l/an livrés à Eurial
140 vaches allaitantes limousines
200 ha de cultures (rentes, fourrages et prairies)

Côté éco

250 000 euros pour le robot

Pour son agrandissement, le Gaec a investi 650 000 à 700 000 euros sur 7 ans, dont 250 000 € pour le système d’alimentation automatisé. En fonction du nombre de stockeurs (20 000 à 35 000€/stockeur), le prix peut varier entre 220 000 à 280 000 €.

L’avis de Christophe BEALU, Chambre d’agriculture des Deux-Sèvres

« La mécanisation ne compense pas forcément la mauvaise qualité des fourrages »

« L’alimentation est le deuxième poste le plus exigeant en temps de travail. On assiste donc récemment à un développement des robots de distribution de fourrage, qui s’inscrivent dans l’évolution globale de la société vers les nouvelles technologies. Ces robots diminuent le temps de travail et la pénibilité, optimisent la ration, valorisent plusieurs fourrages et évitent l’emploi d’un salarié. Il s’agit d’un gros investissement, de 200 000 à 350 000 €, sans compter l’installation des stockeurs de fourrages, de l’espace de cuisine et le guidage au sol. Cependant, la mécanisation ne compense pas la mauvaise qualité de fourrage. Le niveau de stress peut être élevé pour l’éleveur, qui doit être connecté 24h/24 sur son smartphone en cas de panne. Le service après-vente doit également être efficace à la fois pour les pannes informatiques, qui sont les plus courantes, et pour les pannes mécaniques. Le système d’alimentation automatisé n’est à étudier qu’à partir de 500 chèvres. »

Les plus lus

Bouc de race saanen
Quels boucs choisir en 2024 ?
Le catalogue Capgènes des semences de boucs alpins et saanen vient de paraître. Le meilleur de la génétique caprine française est…
Elise, Jérôme et leurs deux filles, de 8 et 11 ans, vivent au milieu des animaux. Lapins, cochons, chèvres, chevaux, vaches, oies, ânes et chiens cohabitent à la ferme ...
« Mon mari boucher vend de la viande de porc et de chevreau de la ferme »
Élise et Jérôme Happel élèvent des chèvres et des porcs en Alsace. Boucher de métier, Jérôme valorise la viande caprine issue de…
Répartition régionale du cheptel français de chèvres au 1er novembre 2023 et évolution par rapport à 2022
Recul du cheptel caprin quasi généralisé en 2023
Le cheptel caprin français est en recul dans quasiment toutes les régions. Analyse et graphique de l’Institut de l’élevage.
Émilien Retailleau et ses chèvres poitevines
« Je vends des chevreaux élevés sous la mère »
Émilien Retailleau, éleveur d’une cinquantaine de chèvres poitevines à la ferme de la Bonnellerie dans la Vienne, commercialise…
Améliorer le bien-être des chèvres via l’aménagement des bâtiments
Un mini-guide pour enrichir l'espace de vie des chèvres
L'Anicap édite une plaquette qui montre quatre types d'aménagements à installer facilement dans une chèvrerie.
Viande de chevreau
Peut-on abattre ses animaux pour les manger ?
L’abattage des chèvres, moutons, porcs, poules ou lapins à la ferme est autorisé uniquement s’ils ont été élevés chez soi et s’…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 89€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Chèvre
Consultez les revues Réussir Chèvre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Chèvre