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Moins de chèvres inséminées en 2024 malgré l’intérêt confirmé de la génétique

Capgènes déplore le recul des effectifs de chèvres dans le schéma de sélection ainsi que la baisse du nombre d’inséminations. Pourtant, investir dans la génétique reste intéressant économiquement.

Frédéric Baudy, président de Capgènes, n’a pas masqué sa préoccupation en présentant le rapport moral de l’organisme et entreprise de sélection lors de l’assemblée générale du 10 avril dernier à Mignaloux-Beauvoir dans la Vienne. « L’année 2024 a été marquée par une météo difficile, un recul du nombre d’inséminations de 1,8 % et une baisse du nombre de chèvres impliquées dans le schéma », regrette l’éleveur aveyronnais.

<em class="placeholder">Mise en place des 65 845 inséminations caprines en 2024</em>

Capgènes compte aujourd’hui 585 éleveurs adhérents (créateurs et engagés), mais le cheptel impliqué dans le schéma est passé de 176 000 chèvres en 2022 à 170 000 en 2024. Cette contraction s’accompagne d’une diminution du nombre d’IA, avec 65 845 inséminations réalisées en 2024, soit 10 % de moins qu’en 2019. À noter que presque la moitié des inséminations sont assurées par la coopérative Innoval.

L’intérêt économique de l’investissement génétique

Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes. « Une chèvre issue d’un élevage créateur produit en moyenne 200 litres de lait avec un point de taux butyreux et un point de taux protéique en plus qu’une chèvre en dehors du schéma », explique Vincent Lictevout de l’Institut de l’élevage en se basant sur 115 diagnostics Cap’T€C réalisés en 2023. Chez les laitiers, cela fait 263 euros de vente de lait en plus par chèvre. Chez les fromagers, c’est 45 % de fromage en plus avec le même nombre de chèvre. Rassemblés dans Gènes Avenir, les entreprises de mise en place de la semence, les entreprises de conseil élevages et Capgènes ne cessent de rappeler ce message : « En moyenne, chaque euro investi dans la génétique rapporte plus de cinq euros de marge supplémentaire ».

Nouveaux index maturité et longévité en vue

L’assemblée générale a permis de présenter les nombreux projets de recherche et développement en cours. Après l’ajout au catalogue Capgènes de boucs plus résistants aux strongles gastro-intestinaux, le futur index combiné caprin (ICC) pourrait intégrer des informations sur la maturité et la longévité fonctionnelle. La maturité correspond au rapport entre la production laitière en première lactation et celle de la troisième lactation. L’idée est de favoriser les chèvres « peu matures » qui expriment leur potentiel progressivement et dont les performances laitières durent plusieurs années. « En intégrant ces critères dans l’ICC, nous allons vers une génétique qui valorise des animaux durables et capables de produire sur le long terme, apprécie Frédéric Baudy. C’est un levier pour répondre aux attentes sociétales et économiques des éleveurs. »

Autre projet prometteur mais moins abouti, Lenticap cherche à mieux comprendre la résistance génétique des caprins au Caev. En suivant 3 000 femelles de l’Inrae de Bourges et de huit autres élevages, avec des génotypages croisés à des analyses virologiques, Capgènes espère ouvrir la voie à une indexation sur la résistance virale.

Pause dans l’export et promesse chinoise

L’année 2024 a vu l’activité export reculer en raison de la géopolitique et de barrières sanitaires liées à la FCO et à la MHE. En baisse de 33 % par rapport à 2023, les ventes à l’export sont passées sous la barre des 10 000 doses en 2024. Malgré tout, Capgènes maintient des prix élevés à l’international : « Il est hors de question de brader la génétique française », a rappelé Yves Rouault, directeur de Capgènes.

Le projet de partenariat en Chine avec le groupe thaïlandais CP Group avance lentement, mais il illustre la reconnaissance internationale du savoir-faire français. Objectif : « installer un centre équivalent à celui de Capgènes, mais en dix fois plus gros ». Frédéric Baudy prévient : « Il faudra attendre que les paiements soient effectifs avant de se réjouir. » Un contrat de licence est en discussion, mais les négociations sont complexes, notamment sur les clauses de propriété intellectuelle et le transfert de savoir-faire.

Malgré les contreperformances de l’année 2024, l’union de coopératives présente un résultat net de 93 000 euros pour l’exercice. « Nous continuons d’investir financièrement et humainement dans les projets de recherche et de développement », rassure le président en citant autant la réfection de la toiture du bâtiment de Mignaloux-Beauvoir que la mise en place à venir du génotypage en ferme. Capgènes appelle à ne pas baisser la garde pour l’avenir : la génétique reste une arme puissante mais encore trop sous-utilisée. 

Deux fois moins de spermatozoïdes dans les paillettes alpines

Capgènes, Inrae et Innoval ont testé avec succès la réduction de la concentration en spermatozoïdes des paillettes en race alpine. « En ne mettant que 50 millions de spermatozoïdes, au lieu de 100 millions actuellement, aucune perte de fertilité n’a été constatée en trois années d’essais et 1 200 inséminations réalisées dans une trentaine d’élevages », explique Jeanne Yviquel, en charge de la production de semences à Capgènes. Pour augmenter le nombre de dose par éjaculat, les paillettes à 50 millions seront donc le futur standard pour la race alpine. En revanche, en race saanen, une baisse de fertilité a été observée, ce qui incite à poursuivre les recherches, notamment sur le génotype du chromosome 19 responsable du volume de l’éjaculat.

Essais d’IA sur chevrette 

Jusqu’ici peu pratiquée, l’insémination des chevrettes a été étudiée dans le cadre du programme Gènes Avenir. Trois protocoles d’induction de chaleur ont été testés. Le premier, classique chez les chèvres, avec retrait d’éponges concomitant à l’introduction de boucs équipés de tabliers marqueurs n’a pas donné de résultats satisfaisants. Testé dans quatre élevages, le second protocole avec uniquement un effet bouc a permis d’inséminer 30 chevrettes sur 82 préparées avec une fertilité de 77 %. En combinant l’introduction d’un bouc équipé de tablier 10 jours avant la mise en place d’un programme hormonal de synchronisation, 114 chevrettes sur 121 ont pu être inséminées avec une fertilité satisfaisante de 57 %. Des essais se poursuivent sur ce troisième protocole prometteur qui permettrait d’accélérer encore la sélection génétique.

En chiffres

Près de 100 kg de lait en moins en 2024

1 364 éleveurs au contrôle laitier officiel
364 230 chèvres contrôlées
1 000 kg de lait en 343 jours en race alpine (1 099 kg en 2023)
1 105 kg de lait en 363 jours en race saanen (1 190 kg en 2023)
34,2 g/kg de TP et 38,4 de TB en alpine
33,1 g/kg de TP et 36,6 de TB en saanen
Source : Eliance

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