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dans le maine-et-loire
Un robot d’alimentation pour gagner du temps

Parce qu’ils souhaitaient gagner du temps et mieux valoriser les fourrages et céréales de l’exploitation, Laurent et Maryline Audusseau ont investi dans un robot d’alimentation Rovibec.

Depuis janvier 2015, Laurent et Maryline Audusseau, éleveurs en Maine-et-Loire, ont un nouvel employé : Roger, leur robot d’alimentation DEC HDR de la société québécoise Rovibec. Suspendu à un rail, il distribue une ration totale mélangée aux 700 chèvres de l’élevage, trois ou quatre fois par jour, en quatre allers-retours à chaque fois correspondant aux quatre lots de chèvres. Avant chaque distribution, il a préparé son mélange à partir de deux processeurs à fourrages (un pour le foin, un pour l’enrubannage), un convoyeur pour la luzerne Rumiluz, trois cuves à minéraux et quatre vis d’alimentation (maïs grain aplati, mélange céréalier de l’exploitation, chèvre laitière, soja). « Mon objectif principal depuis plusieurs années est de valoriser les fourrages et céréales de l’exploitation pour être plus autonome et moins dépendre des prix des matières premières, explique Laurent Audusseau. Cela implique une ration complexe, compliquée à distribuer. Par ailleurs, pour obtenir un fourrage de qualité quelle que soit la météo, j’ai beaucoup développé l’enrubannage. Jusqu’à présent, je distribuais les fourrages à la dérouleuse et les concentrés avec un porteur distributeur. C’était compliqué, fastidieux et difficile à déléguer. À l’installation de Maryline en 2014 et le passage de 500 à 700 chèvres, avec 45 vaches allaitantes, 97 ha et deux salariés, nous avons dû revoir l’organisation du travail, pour notamment nous libérer des week-ends et des vacances. » Le concessionnaire Proval (49) leur parle alors du robot d’alimentation DEC HDR de Rovibec. « Nous sommes allés le voir au Québec et avons décidé de nous en équiper. »

Ration totale coupée et mélangée automatiquement

Toute l’alimentation des chèvres est donc désormais distribuée par le robot. La préparation se fait dans un hangar accolé à la chèvrerie, la « cuisine ». Chaque jour, l’éleveur dispose le Rumiluz dans le convoyeur équipé d’une tête démêleuse et les balles de foin et enrubannage dans deux processeurs pourvus de rotors à 44 couteaux. Les balles disposées à la verticale descendent par leur poids et sont fraisées par le dessous. « Le fourrage est coupé en brins de 4 à 5 cm, ce qui favorise la rumination, libère les arômes et rend le fourrage plus appétant. Au départ, je craignais que des brins courts accélèrent trop le transit. J’ai testé un processeur à foin en poste fixe pendant trois semaines. Il n’y a eu aucun problème, sauf quand je suis revenu au foin entier ! » Les fourrages convoyés par un tapis sont chargés dans le robot dans une cuve cylindrique de 3,4 m3 puis complétés par les minéraux et aliments. L’ensemble est mélangé pendant 30 secondes par des pales métalliques qui tournent lentement. « La ration est programmée à partir d’un logiciel de rationnement, précise Laurent Audusseau. Une armoire de commande gère toutes les opérations par wifi et tout est pesé. Ainsi, il n’y a pas d’aléas de distribution, ce qui est important pour une ration qui doit absolument être sécurisée. » Le robot distribue la ration suspendu à un rail mécanique et alimenté en électricité par un rail électrique en 380 volts. « Il n’y a pas de batterie à recharger ou à changer » apprécie l’éleveur. Pour plus d’homogénéité, la distribution se fait sur un aller-retour. Des repères disposés le long des auges indiquent d’éventuels changements de quantités. Une barre, en option sur le robot, permet de repousser le fourrage. « Il y a trois ou quatre repas par jour, précise Laurent Audusseau. Le matin et le soir, les distributions sont synchronisées avec la traite. Les minéraux et le Rumiluz ne sont apportés qu’à un repas car il s’agit de petites quantités. Et le fourrage est repoussé trois fois par jour, entre les repas. »

Plus de lait et moins de travail

Après 18 mois d’utilisation, Laurent Audusseau est satisfait de l’installation. « Le robot permet de solliciter les chèvres plusieurs fois par jour avec un fourrage toujours frais et appétant. Et comme la ration est bien mélangée, il y a beaucoup moins de tri. L’ingestion de fourrages grossiers a augmenté de 10 à 15 % et les refus ont été divisés par trois. Nous avons un peu réduit le concentré et surtout la production de lait a augmenté. » De 1 200 kilos par chèvre en 2015, avec 43 % de chevrettes, celle-ci devrait atteindre 1 300 kilos en 2016, avec des taux intéressants et notamment un TB qui est passé de 38 à 45. « Mais toutes ces évolutions ne sont sans doute pas dues seulement au robot. Nous avons aussi mis en place un traitement de l’eau. Et nous travaillons la génétique depuis des années. » Les éleveurs y ont aussi beaucoup gagné en temps et pénibilité du travail. « Avant, l’alimentation de 500 chèvres m’occupait cinq à six heures par jour. Aujourd’hui, je ne passe que 20 minutes par jour pour 700 chèvres pour remplir la cuisine. Il y a aussi un peu d’entretien. Il faut graisser, changer les couteaux. Et il faut toujours surveiller les chèvres. Mais le travail est beaucoup moins pénible. » Au quotidien, les salariés savent prendre la main sur le robot. « Et en cas de soucis, je peux intervenir à distance avec un ordinateur, un smartphone ou une tablette. Proval, qui suit déjà une installation Rovibec en vache laitière, assure la maintenance et un service après vente 7 jours sur 7. »

Installation sur mesure

Huit exploitations en France sont équipées d’un robot d’alimentation Rovibec, principalement en vache laitière. Et au Québec, le système est très développé. Chaque installation est faite sur mesure. Chez Laurent et Maryline Audusseau, le robot a été conçu dans le cadre d’une augmentation de troupeau avec agrandissement de la chèvrerie. La charpente a été renforcée pour supporter les 270 mètres de rail IPN et les 3 tonnes de charge du robot. Il a fallu un an à Laurent Audusseau, aidé par Proval et Rovibec, pour maîtriser parfaitement le système, mettre au point les rations, programmer les trajets, la vitesse… Les processeurs ayant tendance à chauffer, il y a rajouté une brumisation qui redonne de la fraîcheur au fourrage. Il envisage aussi de remplacer une partie du Rumiluz par du maïs ensilage. Et il réfléchit au moyen de mécaniser le ramassage des refus pour les distribuer aux vaches.

L’installation, incluant le robot, les processeurs à fourrages, les cuves et vis d’alimentation, le rail et l’armoire de commande ont coûté 230 000 €. L’ensemble est amorti sur 12 ans.

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