Poulet standard : y-a-t-il une vraie bascule vers le poulet ECC ?
Alors que le poulet standard est le moteur de la croissance de la production en France, LDC et Galliance ont annoncé s’engager sur l’« European Chicken Commitment » ou ECC, une démarche promue par les ONG soucieuses du bien-être animal. Changement de paradigme du standard ou simple segmentation supplémentaire ?
Alors que le poulet standard est le moteur de la croissance de la production en France, LDC et Galliance ont annoncé s’engager sur l’« European Chicken Commitment » ou ECC, une démarche promue par les ONG soucieuses du bien-être animal. Changement de paradigme du standard ou simple segmentation supplémentaire ?
70 % de la production de poulet française en 2024 était issue d’élevages standards, contre 50 % en 2012, selon les données de l’Itavi présentées à un récent webinaire. Un poids qui s’est accru grâce à un net développement de la production standard (517 000 tonnes équivalent carcasse, téc en 2012 contre 836 000 téc en 2024) tandis que le poulet grand export et le bio reculaient en volume, mais que le Label Rouge se maintenait.
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L’ECC, du standard mieux disant sur le bien-être des poulets
Une trentaine d’ONG animalistes promeuvent, avec parfois des campagnes chocs ou des manifestations voyantes, le référentiel ECC, European Chicken Commitment depuis 2017.
Principaux points du cahier des charges European Chicken Commitment
- Une densité maximale de 30 kg/m² (contre 42 kg/m² dans la réglementation)
- Pas de souche à croissance rapide (pas de Ross 308)
- Présence de lumière naturelle et éclairage d’au moins 50 lux
- Milieu enrichi (perchoirs, substrats à picorer, pas de système multi-étage)
- Étourdissement par atmosphère contrôlée ou électronarcose efficace sans accrochage vivant des poulets en abattoir
Des engagements poulet ECC en France
LDC l’a annoncé mi-juillet, le groupe lancera de nouvelles gammes ECC pour ses marques Le Gaulois et Maître Coq avec pour objectif 100 % de ces produits sous ECC d’ici 2028. Il a aussi affiché sa volonté de permettre à tous ses clients engagés ou qui vont s’engager à pouvoir honorer ces engagements d’ici 2028.
Même son de cloche chez Galliance (groupe Terrena) qui lance une offre ECC sur Père Dodu et La Nouvelle Agriculture en 2026 en vue de le généraliser en 2028. Même engagement aussi pour ses clients d’ici 2028.
Une centaine d’entreprises européennes sont déjà engagées à commercialiser du poulet ECC, selon le recensement de L214.
« Dans les deux déclarations ces acteurs précisent ‘en fonction de la réponse du marché’ »
« Attention, LDC et Galliance se sont engagés, sur un calendrier relativement court, mais dans les deux déclarations ces acteurs précisent ‘en fonction de la réponse du marché’ », nuance Simon Fourdin, directeur du pôle Économie de l’Itavi. Même demi-teinte pour les engagements de la distribution, « ce ne sont pas 100 % des volumes de poulet commercialisés qui seront sous ECC, les MDD premiers prix ne sont pas concernées. De plus ils ne respecteront ces engagements que si l’offre est suffisante » pointe Simon Fourdin.
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Quel surcoût pour le poulet ECC ?
« Il est donc possible que le poulet standard hors démarche ECC sorte renforcé de ces engagements, si les consommateurs privilégient le porte-monnaie » s’interroge ainsi le directeur.
« les investissements pour les bâtiments devraient être limités »
Chez LDC comme chez Galliance, « les investissements pour les bâtiments devraient être limités, en effet tous les nouveaux bâtiments bénéficient de lumière naturelle, notamment ceux sous la démarche Nature d’élevage de LDC, et si le bâtiment est conforme, les reste est facile à adapter » pointe Simon Fourdin. Facile, mais coûteux. Le passage à une densité moindre, l’équipement des abattoirs pour l’étourdissement, toutes ces pratiques supplémentaires ont un coût qu’une étude de l’Université de Wageningen a chiffré pour les pays de l’UE.
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Pour un poulet lourd (2,8 kg avec détassage), le passage à l’ECC engendre un supplément de coût de 18 à 20 % en exploitation, de 16 à 17 % au niveau de l’abattage et de 19 à 20 % pour la transformation. Au total, en France, le surcoût est estimé à 18,5 %. Le passage au référentiel ECC ne changerait pas le palmarès de la compétitivité, Pologne, Espagne et Pays-Bas restant, dans cet ordre, les plus compétitifs.
Reste aussi la question de la disponibilité en poussins autre que Ross 308, « ce n’est pas si simple de réussir à suivre » pointe le directeur.
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Le consommateur suivra-t-il dans la démarche ECC ?
Galliance et LDC l’ont prévenu, leur engagement dépendra de la réponse du marché. « Les études déclaratives sont à prendre avec des pincettes. Mais l’Itavi va justement faire un test grandeur nature sur le consentement à payer en restauration selon certains critères (ECC, Siqo, Origine France) » explique Simon Fourdin, qui pointe néanmoins quelques échecs dans la démarche, avec par exemple, Super U qui a effectué un retour en arrière sur les densités, repassant à un niveau intermédiaire entre conventionnel et ECC.