VOLATILITE - Interview de Dominique Chargé, président de la FNCL
« Déplacer des fonds du premier pilier vers des fonds de gestion de crise, une piste parmi d'autres pour atténuer la volatilité»

président de la Fédération
nationale des coopératives
laitières
RLF - Quelles mesures attendez-vous des pouvoirs publics en matière de gestion de la volatilité ?
Dominique Chargé - Nous attendons des instances françaises et européennes la mise en place de nouveaux outils de prévention et de gestion de crise et des outils de pilotage de la volatilité. Au niveau européen, il faut expertiser pour la prochaine période budgétaire et, peut-être, dès la révision de la PAC, des outils d’assurance marge qui permettraient de compenser les baisses de prix des producteurs en faisant intervenir des fonds de gestion de crise, à l’instar de ce qui se fait aux États-Unis. Ce qui signifierait de déplacer des fonds du premier pilier pour les ramener sur des fonds de gestion de crise. Des outils de gestion d’assurance marge doivent s’accompagner d’outils de retraits pour permettre aux marchés de repartir et, peut-être, d’outils de limitation de la production pour des périodes de crise. Nous avons enfin besoin d’éléments d’observation des marchés et d’indicateurs de prévention des crises, qui structurent la façon dont on rentre dans le modèle.
RLF - Et au niveau français ?
D. C. - Au niveau français, nous avons deux axes prioritaires à travailler. Tout d’abord, un axe de compétitivité des exploitations. Les pouvoirs publics français doivent accompagner l’évolution économique des exploitations agricoles par des aides spécifiques permettant l’amélioration de la productivité, avec de l’investissement sur de la modernisation, de la robotique notamment. Le deuxième axe devrait porter sur l’adaptation de la fiscalité au nouveau contexte de volatilité des prix.
RLF - Comment abordez-vous la volatilité au niveau des coopératives ?
D. C. - Au niveau de la FNCL, nous avons accompagné l’ensemble des coopératives pour retrouver une gestion adaptée à l’économie libéralisée. Nous nous attachons à améliorer la valorisation des produits en les positionnant sur des segments moins sensibles à la volatilité extrême des cours mondiaux et en les différenciant par la qualité, l’éthique de la production en coopératives… Nous voulons trouver également de nouvelles formes d’organisation commerciale qui nous permettent de moins subir l’impact des marchés mondiaux. Le rôle d’une coopérative, c’est aussi d’accompagner ses adhérents dans l’évolution de son système de production pour le rendre plus résilient face à la volatilité des marchés. Au niveau de la FNCL, nous avons développé à cet effet de nouveaux indicateurs économiques de marge.