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Volailles de chair : rapprochement entre Triskalia et UKL-Arrée


> De gauche à droite : Dominique Ciccone, directeur général de Triskalia ; Georges Galardon, président de Triskalia ; Thierry Julé, président d'UKL-Arrée ; et Mickaël Legay, directeur général d'UKL-Arrée, le 15 janvier à Saint-Avé (56).
UKL-Arrée adhérera au groupe coopératif breton Triskalia le 1er février prochain. Un évènement structurant pour la filière volailles de chair en Bretagne, première région de production de France. Explications de ses dirigeants.

Le géant coopératif breton Triskalia (2,1 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2015 et 4 800 salariés) a annoncé, vendredi 15 janvier, son mariage avec la petite coopérative UKL-Arrée (101 millions d'euros de chiffre d'affaires et soixante collaborateurs). Le 1er février prochain, cette dernière adhérera à Triskalia tout en conservant son identité. Les deux structures étaient en négociations exclusives depuis le début du mois de septembre.

L'information n'aurait pas fait l'objet de conférence de presse en présence des équipes dirigeantes des deux coopératives si elle ne revêtait pas un caractère stratégique pour Triskalia et pour la Bretagne. UKL-Arrée est en effet spécialisé dans la production de volailles de chair avec 255 000 m2 de surface de production (142 éleveurs). Son activité va conforter le pôle avicole du groupe coopé-ratif de Landerneau (29), fort d'une surface de production de plus de 1 million de mètres carrés avec 570 éleveurs, de couvoirs, d'une activité importante de nutrition animale et de transformation de volailles.

Un accord de complémentarité

« Il s'agit d'un accord de complémentarité qui va permettre de diversifier les débouchés d'approvisionnement du groupe en volailles », explique Dominique Ciccone, directeur général du groupe Triskalia. UKL-Arrée produit chaque année 16 000 tonnes de dindes, 25 000 tonnes de poulets export, commercialisées en totalité auprès de Doux, 9 000 tonnes de poulets « métro » (destinés au marché français) principalement pour LDC, 2 800 tonnes de canards pour Terrena. Avec ces éleveurs, Tris-kalia va également renforcer son débouché en aliments volaille dont il fabrique actuellement 610 000 tonnes par an sur un total de 2 millions de tonnes (dix-sept usines).

Enfin, Triskalia disposera d'une production supplémentaire de poussins et de canetons d'un jour à travers les activités d'accouvage apportées par UKL-Arrée. Elles rejoindront celles de Triskalia dans deux structures dédiées, Couvéo Caneton et Couvéo Poussin. « Nous allons réduire nos achats de poussins d'un jour à l'extérieur du groupe en renforçant notre sourcing interne, ce qui est toujours utile pour la traçabilité, les cahiers des charges et la fabrication d'aliments thermisés », poursuit Dominique Ciccone.

TRISKALIA, UN POIDS LOURD DE L'ÉLEVAGE BRETON

Plus que jamais, Triskalia figure comme le poids lourd de l'agriculture bretonne. L'activité du groupe coopératif de Landerneau formé en 2010 du rapprochement de Coopagri Bretagne, Eolys et la Coopérative des agriculteurs du Morbihan (4 800 salariés, 18 000 adhérents) repose à 60 % sur les productions animales (lait, bovin, porc, volaille, œufs et nutrition animale). Citons une collecte de 370 millions de litres de lait, la commercialisation de 1,7 million de porcs charcutiers par an, d'un peu plus de 30 000 bovins, de 180 millions d'œufs et des dizaines de milliers de tonnes de volailles. Un enjeu stratégique pour le groupe et toute une région. À condition de disposer d'une infrastructure de production plus compétitive. Triskalia estime que 50 000 à 60 000 euros sont nécessaires pour mettre à niveau les bâtiments d'élevage.

Ce processus de rapprochement à l'amont intervient dans un contexte favorable pour la volaille de chair cette année, contrairement aux autres filières animales qui constituent le socle d'activité de la Bretagne agricole (sept exploitations sur dix font de l'élevage) et agroalimentaire (trois cent quarante entreprises). Le poulet export breton a repris ses positions commerciales au Moyen-Orient depuis la baisse de valeur de l'euro face au dollar.

Néanmoins, les importations françaises de viandes de volaille européennes, en particulier pour la restauration hors domicile, continuent de progresser (+3,5 % sur les six premiers mois de l'année 2015 à 417 000 tonnes équivalent carcasse). La filière reste soumise « à de nombreux aléas, sanitaires – comme l'influenza aviaire –, économiques – embargo – ou monétaires – parités euro, dollar, real », rappelle Triskalia. Par ailleurs, l'industriel Doux, spécialisé en poulet export, se trouve en discussions exclusives avec Terrena et Sofiprotéol. Pour UKL-Arrée, coopérative de 51ans, s'adosser au 1er groupe coopératif breton constitue une vraie ” sortie de crise. « UKL-Arrée se trouvait dans une situation difficile quand j'ai été nommé il y a tout juste un an directeur général, explique Mickaël Legay. Personne ne nous donnait gagnant. »

Le passif de la coopérative a été soldé

Ayant subi les difficultés de Doux, placé en redressement judiciaire, et la flambée du cours des matières premières, UKL-Arrée affichait une perte de « 16 millions d'euros ». La coopérative discutait avec le tribunal de commerce de Vannes dans le cadre d'un protocole de conciliation. En quelques mois, l'entreprise va peu à peu relever la tête. D'abord en diversifiant ses débouchés, comme avec LDC ou encore Gastronome. Ensuite, en prenant la décision de se rapprocher d'un groupe. Le conseil d'administration donne alors carte blanche au directeur général Mickaël Legay et à son président Thierry Julé de contacter Cecab (groupe d'aucy), Le Gouessant, Even, Triskalia et Terrena pour aboutir au processus de rapprochement avec Triskalia.

1 M€ d'investissement prévus dans Couvéo Poussin

« Le passif de la coopérative a été soldé via un accord avec ses créanciers, des banques et des fournisseurs », poursuit Mickaël Legay. Il ne peut en dire plus, étant tenu par un accord de confidentialité. Sur 2016-2017, Triskalia prévoit d'investir 1 million d'euros (sur les 55 millions d'euros budgétés cette année sur l'ensemble de ses métiers) dans Couvéo Poussin pour augmenter sa capacité de naissage de 800 000 à 1,2 million de poussins par semaine. « Cette opération démontre la volonté de Triskalia de participer à la restructuration en cours dans la filière volaille, souligne Dominique Ciccone. Cette stratégie doit permettre aux Bretons de rester maîtres de leur destin. » Pour le président de Triskalia, Georges Galardon, « c'est en se regroupant et en se rassemblant que les producteurs s'en sortiront face à la volatilité des prix ».

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