Volaille : Ménard jette l'éponge
Avec plus de 5 millions d'euros de chiffre d'affaires, 12 000 à 18 000 volailles par semaine, 34 salariés et presque 40 000 euros de valeur ajoutée par personne, le volailler Ménard, dans le Loir-et-Cher, fait partie des PME bien portantes. Son nom, défendu par quatre générations, est réputé chez les petits détaillants. L'outil d'abattage et de découpe, régulièrement réaménagé depuis sa construction en 1994, et ses trois lignes de conditionnement reliées aux ordinateurs, est en bon état de fonctionnement.
Et pourtant, le couple Ménard veut vendre. Trop de contraintes, trop de travail pour les dirigeants. Entre la gestion sociale et le paiement de la TVA par l'Internet, l'application de la traçabilité à des lots composites et le renouvellement de l'agrément... Martine Ménard est submergée par les charges administratives et ne voit plus le produit. « On devient des gratte-papier » lâche-t-elle. Monsieur Ménard peine à trouver des gens de terrain, le turn over étant important dans le secteur viande. De nouveaux coûts surviennent chaque année, comme, en 2006, l'équipement d'un nouveau camion en informatique routière (le seul sur une flotte de 10). « Aujourd'hui, il faut être fou pour avoir une entreprise », pense-t-il, ne souhaitant pas à son fils, en IUT de gestion commerciale, d'avoir une vie aussi mouvementée.
Sur un plan plus économique, les dirigeants ne sont pas sûrs de savoir accompagner la mutation du commerce de détail qui « va vers plus de transformation », et se voient incapables de démarcher la grande distribution. Le retour de la grippe aviaire sur les écrans a été pour eux le signe décisif.
L'an dernier, un grand groupe se serait porté acquéreur. « Mais ils voulaient qu'on reste », relate Monsieur Ménard. Les quinquagénaires veulent découvrir un autre monde et mener une vie de famille équilibrée.