Vives tensions au sein de la filière lapin
Un, deux, trois constats, et quelques autres, ont empoisonné l'ambiance de l'assemblée générale de l'interprofession du lapin (le Clipp), jeudi dernier à Paris.
Première mauvaise nouvelle, les promesses de commercialisation de juin dernier ont été déçues. La tendance, plutôt favorable il y a un an dans le contexte de la crise aviaire, s'est inversée à partir du second semestre 2006, « probablement sous l'effet d'un retour de la volaille dans les rayons, d'un climat anormalement clément et d'une consommation de viandes qui globalement décroît », a-t-on analysé. Sur le début d'année 2007, la demande est en forte baisse (-4.5% à fin mars 2007 par rapport à la même période en 2006), à cause, sans doute, de conditions estivales précoces.
Cette chute qu’on n’avait pas anticipée, car les abattages sont en augmentation de 2,6 % sur les quatre premiers mois de l'année, se traduit par un niveau de stocks « anormalement élevé » de viande surgelée chez les abatteurs (le niveau d'août 2006 en avril).
Puisque les abattoirs se disputent les parts de marché, les cours sont très bas pour la saison. Les moyennes cumulées des prix des carcasses de janvier à avril 2007 sont en net repli par rapport aux deux dernières années, aussi bien en standard (- 27 %/2006) que pour les carcasses triées (- 11 %/2006).
Cette situation tendue se concrétise pour les élevages par un prix de reprise en baisse et la mise en place de quotas. En moyenne à fin avril, le prix du vif était de1.65 euro/kg, soit un recul de 0.06 euro/kg par rapport à 2006. Au cours de l'été précédent, la cotation nationale du lapin vif Elaborée chaque semaine par la FIA, la FENALAP et le SNM. avait fortement chuté, atteignant des records à la baisse en juillet et août (1.36 euro/kg). La stabilité des prix de détail interpelle les éleveurs, dont certains se sont demandés, au cours de l'AG, qui en profitait.
Tout n'est pas perdu
Seconde mauvaise nouvelle, la hausse des aliments composés pour lapin est durable. Ceux-ci sont des aliments atypiques, constitués schématiquement à 20 % de luzerne, à 20 % de sons, 12 % de tourteaux de tournesol et 10 % d'orge, ainsi que de pulpes de betterave, d'huiles, de pois, etc. L'indice de ces matières premières s'est envolé à 160 contre une évolution entre 110 et 120 ordinairement. Pour des raisons de politique agricole, la luzerne et les pulpes de betteraves se sont renchéries. Les sons, l'orge et les tourteaux de tournesol sont tirés par les prix des céréales et des huiles. Le développement des biocarburants étire les prix des matières premières sans offrir à la filière lapin de compensation sous forme de coproduits, qui ne lui conviendront pas car trop protéiques. Ces « mutations profondes » vont affecter durablement les élevages, dont les moins performants vont s'arrêter, a-t-il été annoncé.
Pour couronner, le tout, l'envolée des prix publicitaires de la télé vont forcer le Clipp à se reporter sur la presse écrite et la PLV. Tout n'est pas perdu pour autant, car l’image du lapin reste bonne, il suffirait de le rendre plus visible.