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Viande bio : « tous les maillons doivent progresser ensemble »

Philippe Cabarat, président de la commission bio d'Interbev.
© © Xavier Granet - Interbev

Les Marchés Hebdo : La viande bio subit-elle moins la crise que la viande conventionnelle ?

Philippe Cabarat : La viande bio se porte plutôt bien par rapport à la viande conventionnelle. D’après un sondage Ifop réalisé en avril 2016, sept Français sur dix déclarent consommer de la viande bio. Elle bénéficie d’une image positive par rapport aux grands enjeux sociétaux, notamment sur le respect de l’animal et de l’environnement. Les consommateurs se disent prêts à augmenter leur consommation de viande bio. Mais l’un des freins reste la disponibilité du produit et son repérage en rayons.

LMH : Quels sont les défis à relever pour la filière ?

P. C. : À la suite du plan Ambition bio lancé par le gouvernement en 2013, la croissance de la production de viandes bio commence à aborder sa vitesse de croisière. Entre 2015 et 2016, le nombre d’élevages allaitants engagés dans le bio a progressé de 13,1 %, soit 394 fermes supplémentaires. En viande bovine, le bio ne représente que 3 % de la production, ce qui laisse un potentiel de développement énorme. Comme il y a beaucoup de fermes en conversion, il est nécessaire pour la filière d’être dans une posture de dialogue. Pour anticiper la commercialisation des produits, il faut que tous les maillons sachent quelle quantité de viande bio va arriver, quand elle sera disponible, quels types d’animaux seront abattus, etc. C’est une bonne chose que la production augmente, mais ces animaux doivent ensuite être abattus et transformés, et la viande distribuée jusqu’au consommateur. Tous les maillons doivent progresser en même temps.

LMH : Quelles actions mettez-vous en place au niveau de la distribution pour encourager la consommation de viande bio

P.  C. : Nous avons observé que les rayons traditionnels permettaient de développer fortement les achats de viande bio. Dès que la viande est découpée sur place plutôt que présentée dans des barquettes toutes préparées, nous remarquons un accroissement des ventes. C’est un exemple d’adaptation important pour notre filière. Nous travaillons notamment cela avec les magasins spécialisés en bio. Leur difficulté n’est pas de vendre du bio mais de la viande, car leurs consommateurs sont plutôt tournés vers une alimentation végétale ou habitués à acheter leur viande chez leur boucher. Avec la mise en place de ces rayons traditionnels, nous avons constaté depuis deux ans une vraie croissance dans ces enseignes. Nous dialoguons aussi beaucoup avec les artisans bouchers, via la Confédération française de la boucherie, car l’offre en viande bio est de plus en plus présente dans leurs boutiques.

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