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Une industrie agroalimentaire nordiste discrète mais puissante

Avec ses 27 000 salariés et ses 10 milliards de chiffre d'affaires, l'industrie agroalimentaire représente le premier secteur industriel du Nord-Pas-de-Calais devant l'automobile. L'identité de la filière reste toutefois peu marquée, malgré la présence d'une marque régionale et la récente création du pôle d'excellence Agroé.

Évoquer l'industrie agroalimentaire du Nord-Pas-de-Calais, c'est égrener quelques noms de grands timoniers du secteur parmi lesquels Alain et Robert Leroux, Ferdinand Beghin, Georges Lesieur ou Francis Holder. Mais aussi de grands patrons qui se sont succédé à la tête de groupes familiaux ayant désormais dépassé les ” frontières de l'Europe en partant à la conquête du monde (Lesaffre, Bonduelle, Roquette).

Proximité avec des décideurs de la GMS

Avec ses 27 000 emplois et ses 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel(1) , la filière agroalimentaire représente le premier secteur industriel de la Région, juste devant l'industrie automobile. Elle s'est développée à l'ombre des chevalets, des hauts-fourneaux et des nombreux peignages de la métropole lilloise.

Première région exportatrice du secteur

Elle s'est appuyée de tout temps sur une agriculture puissante et diversifiée en multipliant les bons classements : 1re région exportatrice de produits agroalimentaires, 4e position en termes de valeur ajoutée, 4e région pour l'emploi et 5e région en termes de chiffre d'affaires.

Le Nord-Pas-de-Calais se place ainsi dans le groupe de tête des régions agroalimentaires derrière la Bretagne, les Pays de la Loire et le Rhône-Alpes. La région dispose également d'un atout de taille : la proximité avec des décideurs de la GMS européenne et certains majors de la restauration commerciale (Dupont Restauration, Api Restauration, Compass Group qui vient de reprendre les Ets Lecocq, Agapes Distribution…).

L'agroalimentaire régional se compose schématiquement de deux grands types d'industries cohabitant avec de très nombreuses PME-PMI, dynamiques et innovantes. D'un côté les industries traditionnelles, comme Lesieur à Dunkerque ou Jean Caby à Saint-André. Le développement de la boulangerie industrielle est plus récent avec Brioche Pasquier, le groupe belge Vandemoortele ou Neuhauser et Menissez à Maubeuge… ou encore les Moulins de Westhove, propriété du groupe Limagrain, spécialisé en ingrédients céréaliers. Sans oublier la filière des produits de la mer implantée à Boulogne-sur-Mer et ses 5 000 emplois.

Au cœur de l'Europe, le Nord-Pas-de-Calais attire de grands groupes français et étrangers de l'agroalimentaire. Ils rejoignent ainsi des entreprises familiales historiques (Bonduelle, Lesaffre et Roquette) qui se sont appuyées sur une agriculture locale puissante pour conquérir le monde. Les PME, en quête de valeur ajoutée, ne sont pas en reste s'illustrant par l'innovation. Un petit bémol, l'identité régionale peine à se démarquer.

Des entreprises spécialisées de grande taille

De l'autre côté, prospèrent des entreprises spécialisées de grande taille, souvent issues de grands groupes français ou étrangers et tournées vers les marchés d'exportation. Outre les Français Lesaffre, Bonduelle et Roquette, la Région compte le Canadien McCain ; le Brésilien Moy-Park ; les Américains Häagen-Dazs et Coca-Cola ; le Suisse Herta (Nestlé) ou les Norvégiens Marine Harvest et Leroy.

AU CARREFOUR DE L'EUROPE DU NORD Focus

La position géographique du Nord-Pas-de-Calais « au cœur de l'Europe » y a permis de nombreuses implantations. Les voies de communication et la proximité de grands bassins de consommation ont été souvent déterminantes dans les investissements des vingt dernières années. Ce fut le cas de Leroy et Marine Harvest, de Coca-Cola, de Florette (Agrial) ou plus récemment de Fleury Michon. Fleury Michon, Herta, et Jean Caby : trois charcutiers installés en Nord-Pas-de-Calais à moins de 150 km les uns des autres.

À Saint-Pol-sur-Ternoise (62), Herta est solidement établi depuis 1976. Avec l'usine alsacienne d'Illkirch, c'est la seule présence française de Nestlé en charcuterie.

La présence de Jean Caby est historique. Situé à Saint-André près de Lille et détenu majoritairement par l'Américain Éric Steiner (Foxlease Food), on évoque un vague projet de déménagement à Comines (59) sans autre confirmation. Quant à Fleury Michon, il a quitté pour la première fois le Grand Ouest pour s'installer à Cambrai. Trois entreprises, trois marques fortes, trois stratégies industrielles différentes mais un point commun : partir à la conquête des consommateurs de l'Europe du Nord. Th. B.

Voir le site www.agrospheres.eu

Selon l'Insee, les entreprises de plus de 250 salariés représentent 5 % des sites agroalimentaires de la Région… mais emploient 44 % des effectifs, un chiffre comparable à celui de la Bretagne.

Des centres de décision en dehors de la Région

Cette empreinte extérieure, forte, peut néanmoins devenir élément de fragilité, notait l'Insee en 2010, « car 57 % des salariés dépendent d'un centre de décision implanté hors Région ». A contrario, la zone peut être attractive pour des centres de décision qui décideraient d'implanter un établissement. On peut ainsi citer les Hollandais Gist Brocades, spécialisé dans la production d'enzymes, et Heineken, l'Américain Cargill (Cerestar), les Anglais Delacre (United Biscuits) et Tate & Lyle…

L'agroalimentaire régional s'appuie toutefois aussi sur un maillage de PME-PMI dont le développement est favorisé par un environnement favorable de recherche publique, de centres techniques et d'interface, la présence de pôles de compétitivité (NSL, Maud, Aquimer), d'organismes financiers nombreux (Bpifrance, Finorpa, Nord Capital Partenaires…) ainsi que du récent pôle d'excellence Agroé. Des PME qui bénéficient du soutien d'en-seignes de la GMS comme Auchan, Intermarché ou Carrefour et dont les efforts d'innovation sont récompensés une fois tous les deux ans par le concours régional, faisant parfois office de véritable rampe de lancement de leurs nouveaux produits.

(1) Source Insee Janvier 2010.

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