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Référentiel empreinte eau
Un référentiel « eau » pour l' élevage

De 2009 à 2012, un programme de recherche Casdar a permis d'établir un référentiel des consommations en eau des élevages de bovins lait et ovins lait et d'identifier des pistes d'amélioration dans la gestion de l'eau.

 

« Une meilleure prise en compte de l'utilisation de l'eau est aujourd'hui demandée à tous les usagers, souligne Jean-Luc Ménard, de l'Institut de l'élevage. En agriculture, l'irrigation est le principal poste de consommation. Mais, progressivement les autres usages agricoles de l'eau font l'objet d'une demande d'évaluation des prélèvements et des économies réalisables. » La demande émane des pouvoirs publics, via le Grenelle de l'Environnement, de la Directive Cadre sur l'Eau, et des SDAGE et SAGE. « Jusqu'à présent, la consommation en eau était rarement une priorité pour les éleveurs, sauf quand elle est achetée, constate Jean-Luc Ménard. Pourtant, l'application progressive de la loi sur l'eau commence à se traduire par des limites de consommation et va rapidement devenir une priorité pour les zones à réserve limitée. L'idée de taxes sur la consommation sur les réseaux privés pour financer des actions sur l'eau commence aussi à être évoquée. » Suite aux publications du Water Footprint Network, un programme de recherche sur les consommations d'eau des élevages de bovins lait, veaux de boucherie et ovins lait a donc été mené de 2009 à 2012 par l'Institut de l'élevage avec de nombreux partenaires (Inra, chambres d'agriculture, GDS, Legta La Côte St-André...). Les objectifs étaient d'établir un référentiel des consommations d'eau dans les élevages (hors irrigation) et des facteurs de variation observés, d'identifier les techniques permettant de réduire les consommations ou de valoriser de nouvelles ressources (eaux de toiture, recyclage...) et d'élaborer un cadre d'analyse pour le diagnostic de la consommation d'eau.

 

SITUER SON NIVEAU DE CONSOMMATION

En bovin lait, les consommations de 12 élevages de systèmes variés ont été suivies pendant un an. Selon les systèmes, la consommation globale en eau de l'atelier laitier a été de 5 à 10 litres d'eau pour 1 litre de lait produit. L'abreuvement représente 76 % de la consommation, le bloc traite 18 %, les fuites 5 % et les autres utilisations de l'eau 1 %. De nombreux facteurs font varier l'eau consommée pour l'abreuvement: les caractéristiques des animaux (poids, niveau de production...) et de la ration (quantité ingérée, taux de matière sèche...), les conditions climatiques, les caracté- ristiques de l'eau (température, goût, propreté...), l'accès à l'eau (nombre et type d'abreuvoirs, localisation...). Un référentiel simplifié de consommation a ainsi été défini selon l'âge des animaux, la ration, la température et le niveau de production. L'abreuvement varie ainsi de 43 à 110 litres/ vache/jour pour les vaches laitières en production, de 22 à 63 litres/animal/ jour pour les génisses de plus de 2 ans et les vaches taries et de 19 à 32 litres/animal/ jour pour les génisses de 1 à 2 ans. Un point a été fait aussi sur les pratiques et les possibilités d'économie. « Ce référentiel permettra aux éleveurs de situer leur niveau de consommation et de faire apparaître des sur ou sous-consommation », analyse Jean- Luc Ménard. Une surconsommation est en général liée à des fuites ou à des gaspillages lors du nettoyage. Mais une sous-consommation est également pénalisante car elle signifie que les animaux ne sont pas assez abreuvés. L'été, notamment en bâtiment, les besoins peuvent être très élevés. Des abreuvoirs en nombre insuffisant, mal situés, sales peuvent limiter la consommation, notamment dans les grands troupeaux et pour les vaches dominées. « Une bonne conception et un bon entretien du réseau et un nettoyage hebdomadaire couplé à une surveillance quoti- dienne des abreuvoirs sont donc essentiels. » Le nettoyage du bloc traite a également été analysé. Le recyclage des eaux de rinçage permet d'économiser 50 % des eaux blanches, des produits sans prélavage 30 % et le nettoyage en place du matériel 60-70 %. « Mais ces techniques sont peu développées et nécessiteraient d'être mieux adaptées aux conditions d'élevage. » Enfin le volume pour laver les sols peut passer de 4 litres au mètre carré à 2,5 litres en mouillant sols et murs avant la traite, en raclant les bouses et en utilisant du matériel adapté. « Des économies sont possibles, à condition que cela n'ait pas d'impact sur l'hygiène et la santé du troupeau. » Et surtout, l'installation de compteurs d'eau est essentielle. « Les élevages de ruminants sont très en retard par rapport aux porcs et volailles qui utilisent l'eau pour apporter des additifs et où les fuites ont des conséquences économiques et sanitaires directes, constate Jean-Luc Ménard. L'obligation d'un compteur d'eau est inscrite dans les arrêtés ICPE. Et fin 2013, les nouveaux arrêtés ICPE ont renforcé les obligations de surveillance et enregistrement des consommations en eau. Des compteurs sont aussi la seule façon d'identifier des fuites, d'éviter les gaspillages et de détecter des sousconsommations. » Une réflexion a donc été engagée pour fournir aux éleveurs les éléments clés pour s'équiper de compteurs.

 

PEU D'ÉCONOMIES POSSIBLES

« Après la suppression des fuites, le principal enjeu de la consommation d'eau en élevage est de répondre aux besoins physiologiques des animaux et peu de gains peuvent être attendus pour cette utilisation, souligne toutefois Jean-Luc Ménard. Les autres usages comme le lavage des locaux peuvent être optimisés, mais l'économie totale en eau est très limitée. En élevage bovin laitier, le gain maximum serait de 0,5 à 1 litre d'eau par litre de lait produit. »

 

AVIS D'EXPERT

« DES PRÉOCCUPATIONS D'ABORD QUALITATIVES »

Loïc Fulbert, du groupement de défense sanitaire de Mayenne

 

« Le GDS 53 travaille sur l'eau en élevage depuis 1985. Les analyses réalisées sur les captages privés permettent de suivre la qualité de l'eau d'abreuvement et de répondre à la charte des bonnes pratiques d'élevage qui exige une eau de bonne qualité bactériologique pour la production laitière. Les analyses renseignent sur l'origine de la contamination et donc sur la manière de maîtriser les bactéries. D'autres éléments peuvent être importants, comme une teneur excessive en matière en suspension, qui entraîne des colmatages et favorise le développement de bactéries, une dureté faible associée à un pH acide, qui dégrade les matériaux, ou à l'opposé une dureté élevée qui favorise la formation de tartre. Quand l'eau vient du réseau public, l'aspect quantitatif est plus important car le coût devient non négligeable et une fuite peut rapidement alourdir la facture de quelques milliers d'euros. Une conception simple du réseau, sans bras mort, l'utilisation de matériaux inaltérables, un entretien régulier et éventuellement l'installation de souscompteurs d'eau sont des points importants. »

 

EN CHIFFRES

En ovin laitier, l'étude a montré que l'abreuvement des brebis adultes représente 65 % des consommations en eau, le nettoyage du bloc traite 23 % et l'abreuvement des agnelles 12 %. Un référentiel des consommations d'eau des brebis a été établi. Sur les 10 élevages suivis, la consommation varie selon la saison, le type de ration, le niveau de production et la température maximale extérieure, de 1,78 l/j/brebis au minimum à 5,27 l/j/brebis.

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