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Thierry Blandinières, DG d'InVivo : « Il y a beaucoup de fantasmes sur l’alimentation »

Pour Thierry Blandinières, directeur général d’Invivo, la lutte contre le réchauffement climatique est centrale, pour toute la chaîne alimentaire. L’impulsion doit être donnée pour aller vers une agriculture vertueuse mais aussi rentable.

Thierry Blandinières, directeur général d’Invivo.
Thierry Blandinières, directeur général d’Invivo.
© Invivo

Les attentes sociétales ont pris une place majeure dans l’alimentaire. Pourquoi est-ce si important d’y répondre ?

Thierry Blandinières - C’est évidemment fondamental. Et l’enjeu sur le réchauffement climatique est central. Il intéresse l’ensemble de la chaîne alimentaire. Tout le monde doit agir pour contenir ce réchauffement sous 1,5 degré, comme voulu par l’accord de Paris. Il est évident que l’agriculture fait partie de la solution et les producteurs doivent aussi être accompagnés pour s’engager dans cette transition agroécologique. L’enjeu des années à venir est de redéfinir une agriculture de rotation. Mettre des légumineuses à la place des céréales réduit les rendements, nous avons calculé environ 150 euros par hectare, mais derrière elle peut également être un puits de carbone. C’est un cercle vertueux. Cette transition peut créer de la valeur. Il faut lancer cette grande dynamique pour changer d’échelle. La question est comment on donne cette impulsion vertueuse qui apporte aussi des revenus aux agriculteurs.

Quelles sont, selon vous, les tendances alimentaires principales à prendre en considération demain ?

T. B. - Il y a déjà le bio, mais il ne peut représenter plus de 15 % de l’agriculture française. Je ne crois pas à l’objectif de 25 %, et je crois encore moins à celui de ne produire qu’en bio, nous aurions clairement un problème de souveraineté alimentaire, les importations françaises exploseraient. La deuxième, qui a son importance, est celle des circuits courts. Nous le faisons avec Invivo Retail. Nous permettons à des petites entreprises d’être commercialisées sans entrer dans les négociations commerciales comme celles vécues en grande distribution. Nous sommes plutôt bienveillants pour les PME. Et puis, il reste les 80 % de l’agriculture française qui sont en train de bouger favorablement. Nous poussons les trois agricultures.

Quelle réaction avez-vous quand on oppose les agricultures ?

T. B. - C’est dogmatique d’opposer les agricultures. Julien Denormandie est très bien pour cela. Il fait de la pédagogie sur l’agriculture. L’innovation doit être au cœur du sujet, de l’enjeu de la transition agroécologique. Nous y allons, mais c’est du long terme. Nous sommes dans le monde du vivant. Il y a des années pluvieuses, d’autres de sécheresse. Il faut avoir un vécu de quatre à cinq ans. Quand certaines associations nous disent que l’on ne va pas assez vite, il faut rappeler que nous sommes dépendants du vivant. La pédagogie est utile. L’horizon 2030 nous va bien.

Comment redonner confiance aux Français dans leur alimentation et leur agriculture ?

T. B. - Il y a beaucoup de fantasmes sur l’alimentation et l’agriculture. Nous avons l’alimentation et l’agriculture les plus sécurisées au monde. La chaîne alimentaire a beaucoup investi dans la traçabilité, la sécurité alimentaire. Nous avons la meilleure qualité au meilleur prix. Quand la distribution se targue de garantir le pouvoir d’achat des Français, il y a des effets importants sur la compétitivité, la productivité des filières. Cela nous force à innover et à aller chercher de la valeur ajoutée hors coût pour monter en gamme. De nombreux produits montent en gamme, ce qui montre la capacité de la France à être plus innovante. Il faut aller chercher cette valeur, mais la pédagogie et, notamment dans l’éducation à l’école, est primordiale. On ne parle pas assez de l’alimentation à l’école.

 

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