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Sucre/éthanol: le Brésil mène le jeu

Brutale flambée après 6 ans de marasme
Elisabeth Lacoste est ingénieur agronome et docteur en économie industrielle des Mines, collaboratrice du rapport Cyclope sur les matières premières, spécialiste du secteur sucrier.

Les Marchés: La compétition entre sucre alimentaire et bio-éthanol et les dispositions aux achats du Pakistan, de l’Indonésie ou encore du Vietnam ont enclenché une spirale à la hausse du prix mondial. Les négociants la disent essentiellement spéculative. Elle peut donc s’effondrer?

Elisabeth Lacoste: Il faut préciser que la compétition entre débouchés alimentaire et éthanol reste limitée aujourd’hui à une certaine zone et en particulier au Brésil.

LM: Le stock accumulé dans l’Union européenne permet exceptionnellement aux sucriers européens de concurrencer les Thaïlandais en Asie du Sud-Est. Ce stock pourra-t-il se reconstituer?

E. L.: L’objectif de l’Europe est de diminuer la production et d’avoir une exportation extrêmement limitée. C’est bien là l’enjeu du nouveau règlement. L’Europe ne peut exporter que dans un cadre autorisé par l’OMC. C’est vrai que c’est paradoxal. L’Europe ne pourra pas forcément profiter de la hausse du prix mondial.

LM: Que dire des projets de production d’éthanol à travers le monde?

E. L.: L’éthanol a deux champions que sont le Brésil et les Etats-Unis. En matière de coût, le choix brésilien remonte à plusieurs décennies, aux années 70, et il a donné lieu à pas mal de déconvenues. Aujourd’hui, c’est payant. Les Brésiliens ont acquis une longue expérience, ils ont réalisé des économies d’échelle importantes. Ils restent toutefois dépendants des cours du pétrole. Les Etats-Unis sont en train de faire le même choix. Les facteurs climatiques, politiques, financiers, font que ces choix s’inscrivent dans le moyen terme.

LM: Et l’intérêt du bio-éthanol pour l’Union européenne?

E. L.: Le moyen terme en décidera aussi pour l’Union européenne dont les projets visent justement l’échéance de 2010. Si le coût européen est supérieur, les gains de productivité vont être importants. Il faut donner du temps à cette industrie naissante. Elle va devoir faire en quelques années ce que le Brésil a fait en trente. Elle a affaire à d’autres matières premières que sont la betterave mais aussi le blé et le maïs ainsi que les déchets cellulosiques où les choses avancent rapidement.

On estime que cette industrie est rentable pour l’union européenne à 75 dollars le baril, pour le Brésil à 50$. L’écart est encore important. Il faut le combler. Quel que soit le pays, les choix politiques, comme de défiscaliser par exemple, sont primordiaux. On le voit bien aux Etats-Unis où une aide financière est accordée aux réseaux de distribution. Le Brésil a fait de même au départ.

LM: Quelle place vont prendre les pays moins avancés?

E. L.: Les ACP, anciennes «îles à sucre», vont être frappés de plein fouet par la baisse du prix européen. Certains pays, un peu plus compétitifs, comme Maurice, s’engagent doucement vers l’éthanol. Pour les plus compétitifs, le marché européen va être intéressant. Les pays d’Asie, gros consommateurs de pétrole, pourront envisager de réduire leur facture énergétique grâce au bio-éthanol. Pour les pays les moins avancés, le «driver» pétrole est moins fort. L’Afrique du Sud pourrait envisager d’exporter du bio-éthanol.

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