Spiritueux : les cocktails donnent le tempo
Les goûts des Français continuent d’évoluer en matière de spiritueux, comme en témoigne le récent baromètre publié par la Fédération française des spiritueux (FFS). Tout en haut de la hiérarchie, le match entre les anisés et les whiskies tourne plus que jamais à l’avantage de ces derniers, quels que soient les circuits de vente.
Les whiskies, scotchs en tête, loin devant les bourbons, trustent désormais 41 % des ventes en volume en grande distribution et plus de 47 % de la valeur du rayon. Plus que jamais, les Français figurent parmi les plus grands amateurs mondiaux de whisky, et n’hésitent pas à dépenser plus de 30 euros pour des single malts.
L’essor du whisky, démarré il y a plus de 15 ans, semble cependant connaître un tassement. L’année dernière, les ventes n’ont progressé en GMS que de 0,4 % en volume et de 1 % en valeur. Du côté des cafés-hôtels-restaurants (CHR), circuit qui représente environ 10 % des ventes de la grande distribution, les ventes ont même nettement reculé (-6 %) ; un phénomène à relativiser en raison du recul global de l’activité dans ce secteur lié notamment à la baisse du tourisme et aux attentats.
Si le whisky creuse l’écart avec son désormais poursuivant, c’est surtout que les anisés, eux, continuent de perdre du terrain, année après année. En 2016, les Français en ont acheté 5 % de moins (-4 % en valeur). En hors domicile, la chute est plus nette encore (-8 %). Les anisés, spécificité française et naguère premier alcool national, pèsent désormais moins d’un quart des ventes.
Le gin sur les traces de la vodka ?
À la vague du whisky a succédé depuis dix ans celle du rhum, notamment portée par le succès du mojito. Les différentes catégories (vieux, blancs, ambrés, d’origine cubaine ou antillaise) sont toujours en plein boom, avec des croissances de 7 % en volume et 10 % en valeur en GMS. Le produit pèse désormais pour 10 % des ventes totales du rayon en grande distribution et devance même les anisés en CHR avec 16 % de parts de marché contre 13 %. À ce rythme, le jaune au comptoir sera bientôt un souvenir…
La mode du cocktail a également profité ces dernières années à la vodka, alcool au goût neutre se prêtant particulièrement bien aux mélanges. Si la catégorie des alcools blancs (vodka, tequila, gin) a continué de progresser en grande distribution l’année dernière (+4 % en volume), la vodka elle-même semble commencer à plafonner. En témoigne le recul assez net (-7 %) enregistré en circuit CHR l’année dernière. Or, c’est souvent dans ce circuit que se dessinent les futures tendances de fond en grande distribution.
Un alcool qu’on croyait à jamais ringardisé est en effet revenu en grâce auprès des Français : le gin. Un succès là encore lié à la facilité d’usage du gin en cocktail, mais aussi à la vogue récente pour l’amertume symbolisée par le spritz, qui a fait redécoller les ventes d’amer en GMS mais surtout en CHR (+17 %). En 2016, les ventes de gin hors domicile ont progressé de près de 11 %. Un phénomène dans lequel se sont engouffrés les distillateurs français en lançant de nouvelles marques, soucieux de bénéficier des retombées du nouvel alcool à la mode.