Aller au contenu principal

SPE : payer d'abord, savoir ensuite ?

A compter du 15 juillet, les abatteurs devraient se voir appliquer les taxes appelées à financer le ramassage et la destruction des animaux trouvés morts. Sans savoir exactement quels arbitrages se cachent derrière.

L'Etat a tranché, les abattoirs financeront le Service public de l'équarrissage (SPE) à hauteur d'environ 90 millions d'euros sur un budget prévisionnel de 154 millions d'euros annuels, en hausse de 18 millions d'euros par rapport à l'estimation préalable aux appels d'offre auprès des équarrisseurs. Les taxes d'abattage seront de 58 euros/tec (tonnes équivalent carcasse) pour les gros bovins, 13 euros/tec pour les bovins de moins de 24 mois, 54,5 euros/tec pour les ovins, 8,6 euros/tec pour les porcs et 5 euros/tec pour les volailles. Par ailleurs, les éleveurs de porcs et de volailles contribueront à hauteur de 2,5 et 1,5 millions d'euros respectivement. Ce dispositif qui doit entrer en vigueur le 15 juillet mécontente pratiquement toutesles parties.

Les abatteurs de bovins sont les plus remontés car ils voient augmenter leur taxe d'abattage alors que le périmètre du SPE s'est réduit aux animaux trouvés morts (ATM) en élevage. A périmètre constant, la taxe gros bovins double, a calculé de Nicolas Douzain, directeur de la FNICGV. Les éleveurs de bovins, invités à contribuer à hauteur de quatre millions d'euros par le biais de l'interprofession Interbev s'y opposent toujours fermement par la voix de la Fédération nationale bovine.

Payer pour ce qui ne vous concerne pas

Les abatteurs de porcs sont logés à meilleure enseigne puisque leur taxe va diminuer de 40 centimes/tec ; cependant, ils demandaient une réduction d'1,1 euros/tec correspondant, estime Inaporc, à la participation des éleveurs. Les volaillers devraient s'estimer contents, argumente-t-on au cabinet Bussereau, car leur participation n'augmente pas. Or, ils avaient réclamé une exonération ou au moins un dégrèvement au titre de la crise de la grippe aviaire. Ils interprètent le maintien de la taxe comme une sanction pour n'avoir pas monté plus tôt l'association interprofessionnelle qui va permettre de collecter les cotisations des éleveurs et de régler les factures aux équarrisseurs. Restant sur leur faim, ils maintiennent leur revendication auprès de l'Etat d'une déduction correspondant à la participation des aviculteurs, soit 1,5 millions d'euros sur quelque 9 millions ; auprès des équarrisseurs, ils revendiquent de se faire payer leur service d'affacturage.

La lumière dans six mois?

La participation des filières au déficit du SPE est somme toute relative en regard des 16 millions d'euros que l'Etat va verser en plus (en ponctionnant l'Office de l'élevage), portant ainsi sa contribution à 60 millions d'euros. Cela n'empêche pas Denis Sibille, président de l'interprofession bovine Interbev de considérer qu'on ne peut continuer à faire payer les abatteurs pour des déchets, les ATM, qui ne les concernent plus. La vraie solution, au sens du président d'Interbev, est dans une contribution plus conséquente des pouvoirs publics à l'instar des autres pays producteurs de l'Union. Car la viande bovine française est indéniablement pénalisée.

Voulant laisser de côté les querelles intestines (la contribution des éleveurs de bovins en est une), la présidence de l'interprofession bovine songe à attaquer en justice le système de financement du Service public de l’équarrissage, alors que le Sniv (syndicat national de l'industrie des viandes) attend les résultats d'un recours antérieurement introduit à Luxembourg pour défaut de procédure. Seulement, pour être attaquable, la contribution par filière doit être mieux connue, ce que le ministère ne dévoile point. La lumière se fera peut-être dans six mois, quand l'Office de l'élevage aura fait ses évaluations.

Les plus lus

Œufs : le bond des importations européennes vient d’Ukraine, mais aussi de Turquie

L’évolution des prix des œufs français, au 19 décembre 2025, expliquée par le journal Les Marchés, qui publie trois fois par…

Gilles Huttepain, Vice-président de l'interprofession Anvol
Le poulet chinois s’impose en Europe, la volaille française alerte

La filière poulet française s’inquiète d’un afflux inédit en provenance de Chine, qui dégage ses surplus de filets de poulet…

douanier chinois devant un ordinateur
Viande bovine : la Chine enquête toujours sur ses importations et pourrait les limiter

Les résultats de l’enquête chinoise sur les perturbations de son marché intérieur de la viande bovine par les importations ne…

poules rousses en cage dans un élevage
Interdiction des poules en cage : « c’est le bon moment pour agir »

Des députés français demandent la Commission européenne d’inscrire l’interdiction de l’élevage de poules pondeuses en cage…

Anvol analyse volailles
Poulet : la hausse de 3,7 % de la production française ne suffit pas pour répondre à la demande

La consommation de volailles, et en particulier de poulet, poursuit sa progression amorcée depuis plusieurs années. Les achats…

Dinde en élevage
« La production de dinde est stable en 2025, c’est une bonne nouvelle »

Après plusieurs années de recul, la filière dinde semble retrouver de la stabilité dans les abattages en France. Malgré une…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio