SPE : les éleveurs de porcs paieront-ils 2 fois ?
Le rejet par Bruxelles du système de cotisation volontaire obligatoire (CVO) dans le porc (LM d’hier) fait à nouveau peser sur les éleveurs un risque de répercussion de la taxe d’abattage. Aux dernières nouvelles parvenues au Syndicat national du commerce du porc (SNCP), les industriels de la charcuterie salaisons sont peu disposés à payer rubis sur l’ongle la contribution que leur réclameront leurs fournisseurs. Le modèle de facturation proposé par les ministres de l’Agriculture et des Finances ne change rien au dilemme. Présentée en pied de facture ou dans une colonne spécifique, la charge d’équarrissage ne vaut toujours pas obligation. C’est le gros souci du SNCP alors que la grande distribution, elle, devrait « continuer à jouer le jeu ». Les trois quarts du volume abattu entrent en effet dans une chaîne d’élaboration. Le syndicat sera « très ferme » avec cette industrie, sûr qu’elle pourra intégrer la charge qui lui revient dans ses prix de vente. Voire.
Si les abatteurs ne parviennent pas à rentrer dans leurs frais, c’est à nouveau vers les éleveurs qu’ils vont se tourner. Mardi prochain, en conseil d’administration d’Inaporc, le SNCP insistera sur la nécessité de faire participer chaque maillon, bien que la tentative de CVO ait échoué. À l’égard de l’élevage, cela passera par un arrangement ou, de manière plus insidieuse, par la baisse des prix du vif.
Une contribution légale de 25 %
Le comble est que les éleveurs, de porcs comme de volailles, vont être sous peu invités par voie législative à contribuer à hauteur de 25 % du budget de transformation et d’élimination des cadavres ramassés en ferme. Un décret à la signature va doit ces jours-ci entériner cette obligation faite par Bruxelles. Le prélèvement s’effectuerait au stade de la pesée des animaux apportés à l’abattoir ; un système plus opérationnel que la perception par les équarrisseurs, un temps envisagée.
Un arrêté d’application devrait suivre, qui stipulera les montants de la contribution éleveur. Peut-être tardera-t-il, vu la complexité du dossier porcin. Compte tenu d’une aide étatique de 13 millions d’euros à la filière au titre de 2003, la contribution minimale revenant à l’élevage est de 2,328 millions d’euros, évalue le SNCP.